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samedi 16 avril 2011

Les informations du 15 avril 2011

Sécurité
Assassinat de deux hommes à Isare ce jeudi soir vers minuit.
Deux personnes d'une même famille ont tuées la nuit de ce jeudi par des hommes armés et en tenue militaire sur la colline Museruko, zone Nyambuye de la commune Isare à Bujumbura. La famille en colère affirme que ces deux personnes ont été victimes de leur appartenance au parti FNL d’Agathon Rwasa. Les responsables administratifs refusent d’affirmer cette hypothèse et disent qu’il est trop tôt pour déterminer les mobiles du crime.

Tueries et pillages à Ruziba durant le début de la soirée de ce jeudi.
2 hommes ont été assassinés dont un enfant de 4 ans et 4 autres blessés grièvement dans la nuit de ce jeudi vers 18h en zone Ruziba, commune Kanyosha dans la capitale burundaise. Cette attaque a été suivie par des pillages. La population accuse l’aile de la jeunesse du parti présidentiel CNDD FDD appuyée par certains policiers. Ceux-ci ont tiré sur des civils innocents, témoigne-t-elle. Le porte-parole de la police dit être au courant de cette situation et signale l'intervention de la police qui, elle-même, a été touchée par les tirs. Selon le porte-parole de la police, les personnes tuées ont été victimes des balles perdues.

Justice
Le président de l'OLUCOME rappelle au Procureur général de la République que les preuves de l’assassinat d’Ernest Manirumva sont depuis longtemps sur sa table.
L’OLUCOME se dit étonné du contenu du communiqué du Procureur général de la République à propos du dernier rapport de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme « OBS » dans l’affaire Manirumva. Le Procureur général de la République, dans son communiqué, demande des preuves à tout témoin de cet assassinat Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME, estime que Valentin Bagorikunda, Procureur général de la République a été soit induit en erreur soit il est mal informé. Le président de l’OLUCOME demande à la justice d’arrêter de tergiverser en réclamant de nouvelles preuves sur l’assassinat d’Ernest Manirumva mais plutôt de travailler concrètement avec les preuves dont elle est en possession depuis longtemps. Gabriel Rufyiri se félicite que la justice ait finalement pu débourser les 350 milles Fbu nécessaires à la poursuite du procès sur l’assassinat d’Ernest Manirumva. Le rapport de l’OBS conclut sur un déni de justice deux ans après l’assassinat de l’ancien numéro deux de l’OLUCOME, un crime toujours non élucidé. Le même rapport évoque des pistes non exploités par le Parquet général.

Trois membres du parti UPRONA demandent aux juges de ne lire que le droit dans l’affaire Jean Claude Kavumbagu.
« Les magistrats qui siègent dans le procès Jean Claude Kavumbagu doivent respecter le serment de leur profession. » C’est l’avis de certains membres du part UPRONA de la tendance qui s’oppose à la direction actuelle du parti. Selon un communiqué sorti ce vendredi et signé par Jean Baptiste Manwangari, Tatien Sibomana et Evariste Ngayimpenda, il est inacceptable que le ministère public requiert une réclusion à perpétuité à Kavumbagu pour un crime inexistant aux yeux du droit. Raison pour laquelle les magistrats devraient juger en âme et conscience et n’être guidés uniquement que par la loi, indique le communiqué. « Les magistrats doivent être conscients que la décision qu’ils prendront aura des conséquences positives ou négatives importantes sur l’exercice du droit d’expression ainsi que l’image de la justice », écrivent encore les trois membres de l’UPRONA de la tendance opposée à la direction de ce parti.

Arrestation ce vendredi par le SNR de l’ancien directeur du Lycée communal de Kabuye 2.
L’ancien directeur du Lycée communal Kabuye 2 à Kayanza est détenu au commissariat provincial. Il a été arrêté hier vendredi par le chef du Service national des renseignements de cette province. Cet ancien directeur d’établissement scolaire aurait falsifié plusieurs bulletins des élèves de ce lycée.

Absence de la mesure d’application pour les condamnés à mort après le vote de la loi abolissant la peine de mort au Burundi.
« Les condamnés à mort sont dans la pure confusion sur le sort leur réservé après la promulgation de la nouvelle loi abolissant la peine de mort au Burundi. » Propos de Paul Mirerekano, directeur de la prison de Rumonge, une des prisons abritant ce genre de prisonniers. Il poursuit en disant que cela est dû au manque d’une mesure d’application pour que les peines de ces détenus soient commuées en des peines inférieures ou décider leur sort autrement.

Disparition incomprise de 32 millions de Fbu dans la caisse de la commune Nyanza-Lac.
Une somme de 32 millions de Fbu a disparu des caisses de la commune Nyanza-Lac en province de Makamba. Selon les membres du Conseil communal de Nyanza-Lac, ce montant avait été collecté pour la réalisation des projets de développement. Prudence Kabura, administrateur de la commune Nyanza-Lac dit qu’il n’a jamais eu à gérer ce fond mais qu’il a juste reçu de son prédécesseur des documents liés à l’utilisation de ces 32 millions de Fbu.

Santé
Cinq jours déjà de grève du personnel soignant de l’HPRC regroupé dans le syndicat SYNAPA. Les malades sont désemparés.
Le mouvement de grève déclenché depuis lundi 14 avril continue à l’Hôpital Prince Régent Charles « HPRC » de la commune Buyenzi dans la municipalité de Bujumbura. Pacifique Karibwami, président du syndicat SYNAPA fait savoir que la direction de cet hôpital néglige leurs doléances d’où la prolongation de cette grève. Les malades rencontrés dans cet établissement sanitaire disent avoir des inquiétudes et demandent aux autorités concernées de mettre en application les réclamations de ce personnel soignant. Le directeur de cet hôpital a promis de s’exprimer prochainement.

L’ANSS se demande pourquoi la Banque Mondiale s’est retirée dans la lutte contre le VIH/SIDA au Burundi.
L’Association Nationale de Soutien au Séropositifs « ANSS » demande au gouvernement du Burundi d’insister auprès de la Banque Mondiale pour qu’elle ne se retire pas complètement dans les programmes de lutte contre le SIDA au Burundi. Jeanne Gapiya, représentante de l’ANSS vient de le déclarer après que la ministre de la Santé et de la Lutte contre le VIH/SIDA ait annoncé le retrait prochain de la Banque Mondiale dans ce combat de lutte contre le SIDA au Burundi. Pour la représentante de l’ANSS, le plus inquiétant n’est pas la fin du projet mais les raisons qui ont poussé la Banque Mondiale à se retirer dans le financement de lutte contre le mal du siècle. Néanmoins, la représentante légale de l’ANSS reste confiante que le gouvernement du Burundi va réunir tous les efforts pour appuyer les associations des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Signalons que Jeanne Gapiya, actuellement aux Etats-Unis, participe à une réunion préparant une conférence des Chefs d’Etat, une réunion qui se tiendra au mois de juin de cette année pour étudier la question du SIDA. La représentante légale de l’ANSS demande donc au Président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza de répondre à ce rendez-vous afin que la voix du Burundi puisse porter loin. La représentante de l’ANSS informe que son association se charge des soins de 8 000 malades.

SOJPAE demande au gouvernement de se prononcer si la mesure de la gratuité des soins de la maternité est encore en vigueur.
L’association SOJPAE, engagée dans la défense et la promotion des droits de l’enfant s’indigne de la violation flagrante de la mesure de la gratuité des soins de santé de la maternité qui s’observe dans certains établissements sanitaires. David Ninganza, porte-parole de la SOJPAE dit avoir approché les directeurs des hôpitaux et l’un d’entre eux lui a révélé que depuis le mois d’avril 2010, l’Etat ne leur donne plus les fonds pour mettre en application d’une façon efficace cette politique. Pour cela donc, la SOJPAE demande également au gouvernement de se prononcer et de préciser si la mesure de gratuité des soins de la maternité est toujours en vigueur ou pas.

Humanitaire
Appel à l’assistance de deux familles qui ont mis au monde chacune des triplets à Gitega.
Deux couples qui ont mis au monde des triplets disent qu’ils n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins vitaux. Ces deux ménages vivent l’un dans la commune Bugendana et l’autre dans la commune Mutaho en province de Gitega. Ils demandent donc l’intervention des bienfaiteurs variés surtout la famille du Président de la République.

Environnement
ACVE prône le maintien au Musée Vivant du seul léopard vivant dans ce petit zoo.
« Le seul léopard gardé au Musée national de Bujumbura est un don de Dieu. Il doit nécessairement être protégé. » C’est l’avis d’Albert Mbonerane, représentant légal de l’Action Ceinture Verte pour l’Environnement « ACVE » en sigle. Il demande avec insistance au ministre de l’Environnement de bien garder et protéger cet animal car, selon lui, c’est un patrimoine national qui attire beaucoup de touristes. Rappelons que l’unique léopard entretenu dans le Musée Vivant de Bujumbura est susceptible d’être déplacé vers Lubumbashi en RDC selon des sources.

Economie
Les femmes réclament d’être impliquées dans la préparation de la deuxième édition du CSLP.
Les associations des femmes burundaises doivent être associées dans l’élaboration du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté « CSLP » deuxième édition. Cela est dit dans un communiqué publié ce 12 avril 2011 par le collectif des associations et ONG féminine burundaise CAFOB et les trois autres associations comme Dushirehamwe, Réseau Femmes et Paix « RFP », et Association des Femmes Rapatriés « AFRABU ».

Education
L’observatoire Ineza et l’administration de Muyinga inquiets des abandons scolaires dans cette localité.
Les abandons scolaires se sont multipliés dans la province Muyinga. Depuis le début de cette année, plus de 900 écoliers ont abandonné le banc de l’école. Les responsables administratifs et l’Observatoire Ineza pour les droits des enfants sont d’avis qu’une forte sensibilisation est nécessaire.

jeudi 14 avril 2011

Burundi : la perpétuité requise contre un journaliste accusé de "trahison"

La prison à perpétuité a été requise mercredi contre le journaliste burundais Jean-Claude Kavumbagu, accusé de "trahison" pour avoir douté de la capacité des forces de sécurité du pays à prévenir un attentat des insurgés islamistes somaliens, a-t-on constaté sur place.

"Le ministère public poursuit Jean-Claude Kavumbagu pour imputation dommageable, pour trahison et pour des écrits diffamatoires (...) nous requérons à son encontre une peine de servitude pénale à perpétuité", a déclaré Marc Ndabakeshimana, un des substituts du procureur à Bujumbura, au cours d'un réquisitoire de moins de deux minutes. La Cour a 60 jours pour rendre son verdict.

M. Kavumbagu, directeur du journal en ligne Netpress, avait été arrêté le 17 juillet 2010, quelques jours après le double attentat du 11 juillet à Kampala en Ouganda, revendiqué par les insurgés somaliens shebab et qui avait fait 76 morts.

Dans l'article incriminé, Netpress écrivait le lendemain du double attentat que "si les miliciens shebab voulaient tenter quelque chose dans notre pays, ils y réussiraient avec une facilité déconcertante tellement nos forces de défense et de sécurité brillent par leur capacité à piller et à tuer leurs compatriotes, plutôt que de défendre leur pays".

Selon un des avocats de la défense, Me Gabriel Sinarinzi, "l'article sur lequel l'accusation s'est appuyé dit clairement que le crime de trahison n'est valable qu'en temps de guerre au Burundi, ce qui n'était pas le cas au moment où Kavumbagu a écrit son article et même aujourd'hui".

"Je pense que nous sommes dans une triste et malheureuse chronique d'une infraction pénale introuvable et le ministère public veut le faire condamner à perpétuité sur cette base", a déploré un autre de ses défenseurs, l'avocat belge Bernard Maingain.

Les shebab ont menacé à plusieurs reprises l'Ouganda et le Burundi de représailles pour leur participation à la force de l'Union africaine en Somalie, l'Amisom, qui assure la survie du gouvernement fédéral de transition somalien et a récemment gagné du terrain sur les insurgés à Mogadiscio.

"Je ressens une émotion considérable car M. Kavumbagu est un prisonnier d'opinion et requérir que ce prisonnier d'opinion reste en prison le reste de sa vie est inadmissible", a poursuivi l'avocat belge.

Plusieurs pays et organisations internationales ont condamné l'arrestation et la détention de M. Kavumbagu et des représentants de pays occidentaux et de l'ONU ont assisté à l'audience mercredi.

"Nous allons continuer d'alerter l'opinion mondiale sur un phénomène unique, je dis bien unique, dans l'histoire de la presse en Afrique sub-saharienne : c'est la seule personne qui croupit aujourd’hui en prison pour trahison avec une requête de peine de perpétuité", s'est insurgé Me Maingain.

A 45 ans, M. Kavumbagu est emprisonné pour la cinquième fois dans l'exercice de sa profession. La dernière fois, il avait été arrêté le 11 septembre 2008 pour diffamation, avant d'être acquitté en mars 2009.


Source: AFP

Burundi : la perpétuité requise contre un journaliste accusé de "trahison"

La prison à perpétuité a été requise mercredi contre le journaliste burundais Jean-Claude Kavumbagu, accusé de "trahison" pour avoir douté de la capacité des forces de sécurité du pays à prévenir un attentat des insurgés islamistes somaliens, a-t-on constaté sur place.

"Le ministère public poursuit Jean-Claude Kavumbagu pour imputation dommageable, pour trahison et pour des écrits diffamatoires (...) nous requérons à son encontre une peine de servitude pénale à perpétuité", a déclaré Marc Ndabakeshimana, un des substituts du procureur à Bujumbura, au cours d'un réquisitoire de moins de deux minutes. La Cour a 60 jours pour rendre son verdict.

M. Kavumbagu, directeur du journal en ligne Netpress, avait été arrêté le 17 juillet 2010, quelques jours après le double attentat du 11 juillet à Kampala en Ouganda, revendiqué par les insurgés somaliens shebab et qui avait fait 76 morts.

Dans l'article incriminé, Netpress écrivait le lendemain du double attentat que "si les miliciens shebab voulaient tenter quelque chose dans notre pays, ils y réussiraient avec une facilité déconcertante tellement nos forces de défense et de sécurité brillent par leur capacité à piller et à tuer leurs compatriotes, plutôt que de défendre leur pays".

Selon un des avocats de la défense, Me Gabriel Sinarinzi, "l'article sur lequel l'accusation s'est appuyé dit clairement que le crime de trahison n'est valable qu'en temps de guerre au Burundi, ce qui n'était pas le cas au moment où Kavumbagu a écrit son article et même aujourd'hui".

"Je pense que nous sommes dans une triste et malheureuse chronique d'une infraction pénale introuvable et le ministère public veut le faire condamner à perpétuité sur cette base", a déploré un autre de ses défenseurs, l'avocat belge Bernard Maingain.

Les shebab ont menacé à plusieurs reprises l'Ouganda et le Burundi de représailles pour leur participation à la force de l'Union africaine en Somalie, l'Amisom, qui assure la survie du gouvernement fédéral de transition somalien et a récemment gagné du terrain sur les insurgés à Mogadiscio.

"Je ressens une émotion considérable car M. Kavumbagu est un prisonnier d'opinion et requérir que ce prisonnier d'opinion reste en prison le reste de sa vie est inadmissible", a poursuivi l'avocat belge.

Plusieurs pays et organisations internationales ont condamné l'arrestation et la détention de M. Kavumbagu et des représentants de pays occidentaux et de l'ONU ont assisté à l'audience mercredi.

"Nous allons continuer d'alerter l'opinion mondiale sur un phénomène unique, je dis bien unique, dans l'histoire de la presse en Afrique sub-saharienne : c'est la seule personne qui croupit aujourd’hui en prison pour trahison avec une requête de peine de perpétuité", s'est insurgé Me Maingain.

A 45 ans, M. Kavumbagu est emprisonné pour la cinquième fois dans l'exercice de sa profession. La dernière fois, il avait été arrêté le 11 septembre 2008 pour diffamation, avant d'être acquitté en mars 2009.


Source: AFP

mercredi 13 avril 2011

Le CPJ appelle à la libération de Jean Claude Kavumbagu

En quête de justice pour un journaliste Burundais en prison depuis 9 mois

New York, le 12 Avril 2011—Le Burundi, le seul pays d'Afrique subsaharienne qui enferme actuellement un journaliste sous l’accusation de trahison, devrait retirer les poursuites contre Jean Claude Kavumbagu vu l’inapplicabilité de cette incrimination en temps de paix sous le code pénal Burundais, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Ce dernier croupit en prison depuis juillet 2010 pour avoir publié dans son journal en ligne un article d'opinion critiquant les forces de sécurité du pays.

A l’occasion de la comparution de Kavumbagu devant un tribunal de la capitale Bujumbura ce mercredi, le CPJ a, dans une correspondance adressée à la ministre de la justice du Burundi, sollicité l’intervention immédiate de son autorité pour exhorter le ministère public à mettre fin à cette poursuite irrégulière. Dans la lettre, le CPJ plaide pour la libération sans délai du journaliste qui risque la prison à vie s’il est reconnu coupable de trahison sous le code pénal Burundais.

Il est impératif que la ministre de la justice exhorte le procureur de la République à retirer les poursuites contre Kavumbagu, qui publie le journal en ligne NetPress, et le libère sans délai. Non seulement le chef d’inculpation contre lui n’est applicable aux civils qu’en temps de guerre, selon le code pénal burundais, mais son maintien en prison sous la détention préventive est sans fondement étant donné que Kavumbagu ne s’est jamais soustrait aux obligations découlant des mesures de contrôle judiciaire.

Il convient de rappeler que des représentants du CPJ ont rendu visite à Kavumbagu à la prison de Mpimba à Bujumbura en décembre 2010 et ont plaidé pour sa libération dans des rencontres avec le Premier Vice-président et la ministre de l’Information du Burundi.

Ci-dessous la lettre du CPJ :

Le Burundi devrait libérer Kavumbagu et abandonner les poursuites contre lui

Le 11 avril 2011

Son Excellence Ancilla Ntakaburimvo
Ministre de la Justice
République du Burundi
Bujumbura, Burundi

Fax : (257) 22 21 86 10

Chère Madame la Ministre :

Nous sollicitons auprès de votre bienveillante autorité une intervention dans l'affaire Jean-Claude Kavumbagu, le directeur du journal en ligne Netpress qui est emprisonné pour trahison depuis le 17 juillet 2010. Le ministère public a maintenu M. Kavumgabu en détention préventive malgré le manque de fondement de l'accusation portée contre lui. Par conséquent, nous vous prions d'exhorter le procureur de la République au retrait des poursuites contre M. Kavumbagu et à la remise en liberté du journaliste.

Le gouvernement burundais a emprisonné M. Kavumbagu pour avoir publié un article d'opinion critiquant les forces de sécurité du pays. Il est inculpé de trahison, une disposition de l'article 570 du code pénal qui n'est applicable aux civils qu'en temps de guerre. Hors, un procureur de la République a reconnu lors d'une audience à la cour d'appel en novembre dernier que le Burundi n'était pas en guerre, selon l'avocat de la défense, Gabriel Sinarinzi.

L'injustice dans l'affaire Jean-Claude Kavumbagu est aggravée par l'utilisation d'une mesure exceptionnelle du code pénal inapplicable dans le cas d'espèce. En effet, l'accusation a fondé la détention préventive de M. Kavumbagu sur un article du code pénal qui n'est applicable qu'aux prévenus s'ayant déjà soustraits aux obligations découlant des mesures de contrôle judiciaire prescrites. Cependant, M. Kavumabgu n'a pas de tels antécédents.

Toutefois, votre ministère a le pouvoir de mettre fin à cette poursuite irrégulière contre M. Kavumbagu lorsqu'il comparaitra devant le tribunal mercredi.

Il convient de rappeler que des représentants du CPJ ont rendu visite à ce journaliste à la prison de Mpimba à Bujumbura en décembre 2010. Il a maintenant passé neuf mois en détention. Lors d'une rencontre avec le CPJ, le premier vice-président du Burundi, Therence Sinunguruza, et la ministre de l'Information, Concilie Nibigira, avaient exprimé leur souhait pour la libération de ce journaliste. Bien que M. Sinunguruza ait refusé tout commentaire sur les détails de l'affaire Kavumbagu, il a avoué au CPJ que la procédure était contraire à la loi burundaise.

Le Burundi est le seul pays d'Afrique subsaharienne qui emprisonne actuellement un journaliste sous des accusations de trahison. Selon les consultations nationales officielles de votre pays, publiées en décembre dernier, la majorité des Burundais soutiennent la liberté de presse et la dépénalisation des délits de presse. Nos recherches montrent que les conditions de liberté de la presse se sont quelque peu améliorées au cours des cinq dernières années, mais le maintien en détention de M. Kavumbagu sape ces acquis.

Le CPJ demande à votre ministère d'agir immédiatement pour corriger l'injustice dans cette affaire et libérer Jean-Claude Kavumbagu sans délai.

Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir examiner avec bienveillance la présente requête. Dans cette attente, et, vous en remerciant par avance, veuillez agréer, Madame la ministre, l'expression de nos sentiments distingués.

Joël Simon
Directeur exécutif

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Le COMITÉ POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES (CPJ), est une organisation indépendante, à but non lucratif basée à New York et dévouée à défendre la liberté de la presse dans le monde depuis 1981.

dimanche 10 avril 2011

Burundi : marche pacifique interdite, activistes arrêtés et malmenés

APPEL URGENT - L'OBSERVATOIRE

BUR 001 / 0411 / OBS 060

Entrave à la liberté de manifestation / Détention / Libération

Burundi

8 avril 2011

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Burundi.

Description de la situation:

L’Observatoire a été informé par des sources fiables de l'empêchement par les forces de police d'une marche pacifique et de la détention pendant plusieurs heures du président de l'Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME) M. Gabriel Rufyiri, ainsi que de M. Claver Irambona, membre de l'OLUCOME.

Selon les informations reçues, le 8 avril 2011, soit deux ans après l'assassinat d'Ernest Manirumva, vice président de l'OLUCOME, une marche pacifique organisée à Bujumbura par les ONG burundaises, dans le cadre de la campagne appelant à faire la lumière sur les circonstances exactes de cet assassinat et à poursuivre et juger les responsables, a été empêchée d'avancer par une colonne de police, vingt mètres après son départ du siège de la Ligue burundaise des droits de l'Homme Iteka. Les forces de police ont alors arraché les pancartes et les banderoles des manifestants et M. David Nikiza, commissaire de la région ouest de la police nationale burundaise, présent sur les lieux, a ordonné l'arrestation de MM. Gabriel Rufyiri et Claver Irambona. L'Observatoire rappelle que plusieurs éléments concordants indiquent que M. David Nikiza serait impliqué dans l'opération qui a conduit à l'assassinat d'Ernest Manirumva en avril 2009[1].

Les deux défenseurs des droits de l'Homme ont été détenus au Bureau spécial des recherches puis relâchés sans charge vers 15h30 heure locale. Leur avocat a pu leur rendre visite mais n'a pas été informé de quelconque charge à leur encontre.

Selon les informations reçues, la voiture de M. Pacifique Nininahazwe, délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile (FORSC) ainsi qu'une autre voiture du FORSC aurait été fouillés ce jour. L'Observatoire craint ainsi que ce dernier ne soit également prochainement arrêté.

L'Observatoire a été informé que la manifestation avait été légalement déclarée par un courrier du 4 avril adressé par le président de l'OLUCOME au maire de Bujumbura et que par un courrier du 5 avril celui-ci avait informé l'OLUCOME qu'il s'étonnait qu'une manifestation soit organisée et que l'OLUCOME devrait plutôt s'adresser au tribunal compétent. Aucune interdiction de la marche n'a ainsi été notifiée aux organisateurs.

L'Observatoire dénonce l'interdiction de fait de la marche pacifique et les arrestations de MM. Gabriel Rufyiri et Claver Irambona en ce qu'elles constituent des entraves aux libertés de réunion, et d'expression reconnues par plusieurs instruments régionaux et internationaux de défense des droits de l'Homme et en particulier la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l'Homme adoptée le 9 décembre 1998 par l'Assemblée générale, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et la Charte africaine des droits de l'Homme et des Peuples.

Enfin, l'Observatoire prie les autorités burundaises de ne pas entraver les reste des activités organisées pour commémorer l'assassinat d'Ernest Manirumva, notamment la projection d'un documentaire réalisé par Protection Internationale, qui aura lieu ce soir à 18h au Novotel de Bujumbura.

Actions requises:

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités burundaises en leur demandant de :

i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de MM. Gabriel Rufyiri, Claver Irambona et Pacifique Nininahazwe et de tous les défenseurs des droits de l'Homme au Burundi ;

ii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement à l'encontre de MM. Gabriel Rufyiri, Claver Irambona et Pacifique Nininahazwe, ainsi que de tous les défenseurs des droits de l’Homme au Burundi ;

iii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement :

- à son article 1 qui prévoit que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international »,

- à son article 5 b) et c) qui prévoit qu’« afin de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales, chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, aux niveaux national et international, de se réunir et de se rassembler pacifiquement et de former des organisations, associations ou groupes non gouvernementaux, de s’y affilier et d’y participer ;

- à son article 6(b), selon lequel « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales »,

- à son article 12.2 qui dispose que « l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration » ;

iv. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Burundi.

Adresses:

· S.E. Pierre Nkurunziza, Président de la République, Présidence de la République, Boulevard de l’Uprona, Rohero I, BP 1870, Bujumbura, Burundi. Fax : +257 22 22 74 90

· M. Thérence Sinunguruza, Premier Vice-président, BP 1870, Bujumbura, Burundi. Fax : +257 22226424

· Lt General Major Pontien Gaciyubwenge, Ministre de la Défense nationale et des anciens combattants, Fax : +257 22253215 / 22253218, Email : mdnac@yahoo.frCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

· Immaculée Nahayo, Ministre de la solidarité nationale, des droits de la personne et du genre BP : 6518 Bujumbura, Burundi. Fax : + 257 22 25 82 50

· M. Alain-Guillaume Bunyoni, Ministre de la sécurité publique, BP : 1910 Bujumbura, Burundi. Fax : + 257 22 24 53 51, Email : mininter@yahoo.frCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

· Mission permanente de la République du Burundi auprès des Nations unies, rue de Lausanne 44, 1201 Genève, Suisse. Fax : +41 22 732 77 34. Email : mission.burundi@bluewin.chCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

· Ambassade du Burundi à Bruxelles, Square Marie-Louise 46, 1000 Bruxelles, Belgique. Fax : +32 2 230 78 83, Email : ambassade.burundi@skynet.beCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques du Burundi dans vos pays respectifs.