Le journal d'analyses qui vous permet d'acceder à l'actualité burundaise de manière objective et professionnelle.

Rechercher dans ce blog

samedi 24 décembre 2011

Corruption: plainte contre le gouvernement devant l'EAC

L'une des principales organisations de lutte contre la corruption au Burundi vient de déposer plainte contre le gouvernement devant une cour de justice régionale, une première devant une telle juridiction, a annoncé vendredi son président à Bujumbura.

L'Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) "a porté plainte devant la cour de justice de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) contre le gouvernement du Burundi le 20 décembre, dans deux affaires de détournements de fonds pour une somme de plus de 18 millions de dollars", a déclaré Gabriel Rufyiri, le président de l'organisation.

Le premier cas correspond, selon lui, à un détournement de 13,7 millions de dollars payés entre 2005 et 2007 par le gouvernement ougandais pour liquider une vieille dette. Cette affaire a récemment provoqué un grand scandale politico-financier en Ouganda.

Le deuxième cas concerne la vente illicite d'un avion présidentiel en 2005, qui a entraîné un détournement de 4,5 millions de USD, a-t-il précisé. L'affaire avait à l'époque causé le limogeage du ministre des Finances.

"Dans les deux cas, nous avons envoyé à la cour de l'EAC un dossier avec toutes les preuves du vol de cet argent par les plus hautes autorités du pays", a indiqué le militant burundais.

"Nous avons décidé de saisir pour la première fois une cour de justice régionale parce que le gouvernement du Burundi a refusé de poursuivre ces voleurs", a-t-il dit. "Dans ce pays, les corrompus qui occupent les plus hauts postes sont devenus plus forts que l'état", a déploré M. Rufyiri.

L'Olucome a déjà révélé des dizaines d'affaires de corruption à l'origine du limogeage de plusieurs ministres. Son président, déjà emprisonné près d'une dizaine de fois, fait régulièrement l'objet de menaces. Son vice-président, Ernest Manirumva, a été assassiné en 2009 à son domicile.

Le Burundi, pays d'Afrique qui sort d'une longue guerre civile ayant ruiné son économie, est classé parmi les pays les plus corrompus du monde.

Source: AFP

jeudi 22 décembre 2011

L’avocat du journaliste Hassan Ruvakuki fustige l’attitude du premier vice-président de la République


Me Onésime Kabayabaya ne mâche pas ses mots. Il s’inscrit en faux contre la démarche du n° 2 de l’exécutif burundais qui a exhibé les photos de Hassan Ruvakuki devant les diplomates accrédités à Bujumbura. Selon Me Kabayabaya, l’acte est en soi une condamnation de ce journaliste incarcéré jusqu’aujourd’hui dans une cellule au commissariat de police à Cankuzo pour participation présumée dans des actes terroristes.


Pour cet avocat, le principe de séparation des pouvoirs a été violé : « Il y a eu immixtion de l’exécutif dans le judiciaire. » L’intervention du premier vice-président de la République pose un problème énorme : « Il a donné l’orientation, il a tranché et ce qu’on constate pour le moment, c’est que les policiers et les magistrats ont commencé à s’exécuter ou à appliquer les instructions données par le premier vice-président de la République. Il a déjà donné le ton et les autres ne font que suivre. Il n’y a plus affaire en justice, il a eu un jugement », déplore Me Onésime Kabayabaya.

« La deuxième personnalité de l’exécutif burundais a brandi des photos dont certaines sont d’ailleurs douteuses. Il s’est prononcé sur un dossier judiciaire. Qu’est-ce qu’on peut dire encore ? », se demande l’avocat du journaliste Hassan Ruvakuki : « La tâche a été fort facilitée pour le juge et il faut le dire, la Constitution a été vaillamment violée par le premier vice-président de la République, M. Térence Sinunguruza », poursuit-il.

Selon Me Onésime Kabayabaya, il y a lieu de se poser des questions sur les motivations ayant poussé le N° 2 de l’exécutif burundais à se prononcer sur une affaire en justice : « Non seulement il est vice-président de la République, il a été ministre de la justice, il coiffe aujourd’hui la justice, il est juriste, il a été magistrat, mais il serait aussi injurieux de dire qu’il ignore la loi ou encore la Constitution dont il tire les prérogatives qu’il exerce », fait remarquer cet avocat.

« Au regard de ce qui précède, je dénonce vigoureusement son intervention malheureuse, il aurait du s’abstenir. Quelles que soient ses convictions ou ses motivations, une affaire judiciaire n’est pas traitée à la présidence de la République », conclut Me Onésime Kabayabaya, avocat du journaliste Hassan Ruvakuki qui déplore le fait qu’on lui refuse tout accès au dossier de son client.

Source: Iwacu

lundi 19 décembre 2011

Pour les auditeurs, fermer les radios, c’est les priver de parole

Les radios privées burundaises sont menacées de fermeture par le gouvernement et les journalistes harcelés. Leurs auditeurs s'en inquiètent car ils ne peuvent s'exprimer que sur leurs ondes, n'ayant plus confiance dans le gouvernement et la justice. Ils sont prêts à tout faire pour les soutenir.

Dernier épisode en date de la pression exercée sur les radios privées par le gouvernement burundais : le 28 novembre, Hassan Ruvakuki, journaliste à radio Bonesha FM et correspondant de Radio France Internationale (RFI) pour le service en swahili, a été enlevé par des policiers et des agents de renseignements. On l'accuse de soutenir une rébellion récemment déclarée dans l'Est du pays - le FRD-Abanyagihugu - dont il a interviewé le chef d'état-major.

Une nouvelle menace pour cette radio, qui, comme la plupart des radios privées, est dans le collimateur du gouvernement ces dernières semaines. Les stations les plus visées sont la Radio Publique Africaine (RPA), radio Isanganiro et Bonesha FM, les radios les plus populaires du pays, ce qui inquiète vivement leurs auditeurs.
Le gouvernement leur demande de montrer clairement leurs sources de financement faute de quoi elles seront fermées. Ce qu'elles refusent. "Les radios ne font qu’attiser la guerre. Elles exploitent chaque assassinat pour discréditer le gouvernement afin d’intéresser les bailleurs qui donneraient alors des financements", a déclaré aux médias le secrétaire et porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba. Elles sont aussi accusées de collaborer avec les partis politiques d’opposition pour salir le pouvoir.
Plusieurs journalistes et responsables ont ainsi été arrêtés récemment ou convoquées au parquet, certains ont reçu des menaces. Le 14 novembre, Bob Rugurika, rédacteur en chef et Bonfils Niyongere, journaliste de la RPA ont passé douze heures d’interrogatoire au parquet de Bujumbura. Au nord du pays, la nuit du 5 novembre, des pierres ont été jetées sur Audace Nimbona, correspondant de RSF Bonesha et de Syfia Grands Lacs et une croix tracée devant sa maison.

Ces mesures de rétorsion contre les radios alarment leurs très nombreux auditeurs à travers le pays. "N’eut été les radios, le pays serait dans le gouffre vu l'attitude des dirigeants actuels. En tous cas les radios essayent de réprimander les mauvais comportements des gens", s’écrie Nyadwi Joseph, un auditeur de la province de Ngozi au nord du Burundi. "Comment pourrions nous vivre sans la RPA, on n'aurait pas où et comment parler nous le petit peuple !", ajoute un autre habitant de la ville de Bujumbura. Dans ces radios, les Burundais peuvent s'exprimer dans certaines émissions appréciées comme Kabizi (connaisseur), Giricushikirije (Emets ton idée). Ils peuvent appeler au téléphone et poser des questions aux invités.

Soutien inconditionnel des auditeurs

Non seulement ces radios tendent le micro aux auditeurs mais elles mettent aussi à la une les exactions qui se multiplient ces derniers mois. Ainsi actuellement, elles parlent sans cesse des assassinats qui ont lieu tous les jours et sur lesquels le gouvernement ne dit rien. En septembre après le massacre de Gatumba en province de Bujumbura, qui avait fait 39 morts et 40 blessés, il a même interdit aux médias d'en parler. Pour la population, les radios sont la seule soupape qui leur permet d'exprimer leurs souffrances car elle ne croit plus dans la justice accusée d’être manipulée par le pouvoir. Les auditeurs attendent donc beaucoup d'elles et suivent avec inquiétude les intimidations dont elles font l'objet du gouvernement.

Fortes de leur soutien, TV Renaissance et les stations RPA, Bonesha FM et Isanganiro ont lancé un appel 16 novembre aux propriétaires de voitures qui veulent dire non aux tracasseries faites aux médias en leur demandant de klaxonner pendant 15 secondes, ce jour-là, à partir de 12 h 20. Les auditeurs ont répondu massivement à l’appel et ont fait marcher leur klaxon pendant plus de 15 minutes. "On est prêt à soutenir les radios, elles sont tout ce qui nous reste, déclare un habitant de Bujumbura. On pouvait le faire même pendant plus longtemps que ça." D’autres affirment qu’ils sont même prêts à les soutenir financièrement. "Ces radios devraient ouvrir des comptes bancaires et nous en communiquer les numéros. Nous allons tous cotiser pour les financer, car les informations qu'elles nous servent sont utiles pour la vie, disait une commerçante du marché central de Bujumbura au micro de l'une d'elles. Autant nous payons nos impôts, autant nous devons payer pour avoir une information de qualité." Les plus pauvres les encouragent moralement. "C’est vrai que je n’ai pas d’argent à donner, mais je ne manquerais jamais de dire que je soutiens la RPA, affirme Butoyi Sylvestre de la colline Kabuye à Kanza.

Source: http://syfia-grands-lacs.info/