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lundi 28 juin 2010

Burundi : moins d'affluence à la présidentielle et crainte de nouvelles violences

Les Burundais votaient lundi pour reconduire à son poste le président sortant Pierre Nkurunziza, seul candidat en lice, avec la crainte d'un retour à la violence politique après le retrait de tous les candidats d'opposition et une vague d'attaques à la grenade.

Les six candidats d'opposition se sont retirés à la suite des élections communales du 24 mai largement gagnées par le parti au pouvoir CNDD-FDD, mais marquées selon eux par de graves irrégularités.

Le bulletin au nom de Pierre Nkurunziza, 45 ans, au pouvoir depuis cinq ans, était donc lundi le seul proposé aux 3,5 millions d'inscrits de ce petit Etat enclavé d'Afrique centrale, le troisième pays le plus pauvre au monde selon la Banque Mondiale.

Le véritable enjeu du scrutin est désormais de savoir s'il ne va pas relancer les violences dans ce pays de 8,5 millions d'habitants encore meurtri par une guerre civile de 13 ans (1993-2006) qui a fait 300.000 morts.

Une série d'attaques à la grenade, perpétrées depuis les communales contestées, a déjà fait au moins 8 morts et 60 blessés. Le pouvoir a accusé l'opposition d'être responsable de ces attaques, non revendiquées.

"La situation est sous contrôle. L'armée et la police sont en train d'assurer conjointement la sécurité" pour la journée électorale, a affirmé lundi à la presse le ministre de la Sécurité publique Alain Guillaume Bunyoni.

Cinq grenades ont été lancées dans les heures précédant l'ouverture du scrutin, mais sans faire de victime, selon des sources policières.

Dans les bureaux de vote entourés par une forte présence policière et militaire, les électeurs semblaient bien moins nombreux que lors des communales d'il y a un mois, disputées alors par tous les partis politiques burundais et marquées par une participation record de près de 92 pc.

Les opérations de vote ont "bien démarré à part quelques retards à Bujumbura. A cette heure-ci, on sent qu'il y a moins d'affluence si on compare aux communale. Il y a une très grande différence", a témoigné Lydie Nzengou, une Centrafricaine chef de la mission d'observation de la Conférence internationale sur la région des grands lacs.

"Il y a eu tous ces bruits, toutes ces craintes (de violence). Certains ont peur de venir voter mais on a encore toute la journée", a-t-elle poursuivi. Les bureaux de vote ferment à 16h00 (14h00 GMT).

Dans le quartier de Kanyosha, un fief du principal parti d'opposition des Forces nationales de libération (FNL) au sud de Bujumbura, les électeurs étaient une vingtaine tôt lundi matin, dix fois moins que lors du scrutin précédent.

Cette élection présidentielle devait être le moment test d'une série d'élections prévues tout au long de l'été au Burundi, et censées ancrer la paix encore très fragile dans cette ancienne colonie belge à large majorité hutu -- 85 pc, contre 14 pc de Tutsi --, marquée par les massacres interethniques depuis l'indépendance en 1962.

Au contraire, le retrait de l'opposition du jeu électoral et les attaques à la grenade ont ranimé la crainte d'une résurgence des violences, non plus entre Hutu et Tutsi, mais essentiellement entre les forces politiques issues des anciennes guérillas hutu et aujourd'hui en compétition pour le pouvoir.

Le chef des FNL, Agathon Rwasa, rentré d'exil en 2008, s'est évanoui dans la nature depuis la semaine dernière après avoir renoncé à se présenter à la présidentielle, et il pourrait avoir trouvé refuge en RD Congo.

La communauté internationale a exhorté l'opposition à réintégrer le jeu électoral, se déclarant pour sa part globalement satisfaite de l'équité du scrutin communal de mai.

Source:AFP

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