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samedi 5 juin 2010

Lutte contre la LRA, couacs électoraux au Burundi, arrestation d’un avocat américain à Kigali, mort d’un activiste des droits de l’homme en RDC


Trop d’événements précèdent l’événement. Tenez. En signant l’ Acte 2009, le président Barack Obama donnait un signal fort à la lutte contre les rebelles ougandais de la LRA. Museveni saute donc sur l’occasion et devant le parlement de son pays, interpelle la communauté internationale pour qu’elle s’implique concrètement.

Au Burundi, le processus électoral connaît des ratés. Certes, si des observateurs affirment que les élections municipales se sont bien déroulées, notamment ceux de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs), ces élections n’ont pas eu lieu à la date initialement prévue : elles ont été décalées. Bien plus, cinq candidats à la présidence de la République ont décidé de se retirer de la course pour dénoncer les fraudes constatées lors de cette étape. Mauvais signe pour la poursuite du processus électoral.

A Kigali, un avocat américain qui venait plaider la cause de Victoire Ingabire, candidate de l’Opposition à la présidence a été arrêté. Il est accusé de « révisionniste ». Ce qui met Washington dans tous ses états, exigeant sa libération immédiate et inconditionnelle.

A Kinshasa, la mort d’un activiste des droits de l’homme, Floribert Chebeya, est accueillie avec beaucoup d’émoi. Mort naturelle ou assassinat ? C’est la question que tout le monde se pose, inquiet. Il y a du grabuge en l’air, dans la région des Grands Lacs.

Que se passe-t-il en Afrique des Grands Lacs ? Par où viendra cet événement dont les signes avant-coureurs sont perceptibles et font déjà courir certaines personnalités internationales ? Le moment est venu de se poser ces interrogations et de chercher à anticiper les choses pour briser cette légende qui fait de l’Afrique des Grands Lacs la région la plus instable et la plus meurtrière du continent.

Ce qui expliquerait certainement la décision du président américain de regarder de plus près ce qui se passe dans la région des Grands Lacs. Conscient qu’après les FDLR, la LRA est un « véritable problème », le président américain a signé l’Acte 2009, donnant ainsi ordre aux services américains « de désarmer la LRA ». Le chef de l’Exécutif américain estime que les rebelles ougandais ont commis de nombreux crimes qu’il est temps de les neutraliser.

Décision saluée par plusieurs pays de la région. Et Museveni, le président ougandais, a sauté sur l’occasion pour inviter la Communauté internationale à fournir l’aide nécessaire afin de parvenir à cette fin. C’est dire que la LRA n’est plus l’affaire de l’Ouganda et de la RDC, mais devenue une « affaire internationale ». Au même titre que l’Afghanistan où les forces occidentales, sous la bénédiction de l’ONU, combattent les taliban. Il revient au Conseil de sécurité de se saisir du dossier au moment où le mandat de la MONUC change de statut pour devenir une mission de «stabilisation ». Car comment stabiliser la RDC si la MONUC, bientôt MONUSCO, présente dans cette zone pendant dix ans, a été incapable de neutraliser la LRA ?

Les Etats-Unis reviennent en Afrique, placent l’AFRICOM en première ligne pour la sécurité des Etats d’Afrique et de l’Amérique. C’est une démarche qui aura des effets d’entraînement sur la géopolitique dans la région. Serait-ce l’événement ?

VENT ELECTORAL

Cette hypothèse peut être retenue dans la mesure où le vent électoral souffle sur cette région de l’Afrique. Certainement pour se faire une bonne image et s’accommoder des mutations en cours avec l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche.

Le Burundi est le premier à ouvrir le bal avec les élections municipales qui se sont déroulées le 28 mai. Elections municipales marquées par deux faits importants : le report et le retrait des candidatures de cinq présidentiables.

En effet, prévues pour le 21 mai, les municipales n’ont eu lieu que le 28 mai. Mais au moment où certains observateurs émettaient des notes positives sur ce tour, cinq candidats à la présidentielle burundaise ont décidé de retirer leurs candidatures Parmi eux, Rwassa de FLN et Ndayizeye du FRODEBU, deux candidats non des moindres. Des couacs électoraux qui auront incontestablement des incidences sur des élections en RDC et au Rwanda.

Dans ce dernier pays, c’est l’arrestation de l’avocat américain, Elinder, qui fait grand bruit. Venu pour défendre la cause de Victoire Ingabire, candidate de l’Opposition à l’élection présidentielle d’août prochain, cet avocat américain a été arrêté pour « révisionnisme », ne reconnaissant pas le « génocide tutsi ».

Juste ce qu’il fallait pour mettre Washington dans tous ses états et tancer Kigali. Surtout qu’auparavant, deux journaux rwandais ont été interdits de parution. Washington accuse Kigali d’intimider l’opposition et de museler la presse rwandaise. A deux mois de la présidentielle rwandaise, ce n’est pas une bonne propagande pour Kigali.

Pendant ce temps, en République démocratique du Congo, l’Opposition et la Majorité tiennent la vedette. La première par la motion de censure déposée contre le gouvernement Muzito et retirée le jour de son examen à l’hémicycle, en plus de l’Affaire « Martin Mukonkole ». Député, nonobstant son immunité parlementaire, il a été arrêté et détenu à la prison centrale de Makala. Le débat tourne autour de l’inconstitutionnalité d’une procédure judiciaire.

Quant à la Majorité, elle prend une pause après la fronde des « libéraux patriotes » de l’AMP. L’édifice a été secoué et il manquait de peu qu’il s’écroule. Grâce à la dextérité de l’autorité morale de l’AMP, le président Joseph Kabila, la cohésion et l’unité ont été préservées. Pour combien de temps, car 18 mois seulement nous séparent de la tenue des élections présidentielle et législatives ?

Cependant, tout ceci se passe pendant que des rumeurs s’intensifient sur la création de la « République fédérale du Congo ». Une initiative qui tient à coeur particulièrement le CNDP et d’autres groupes armés. Ainsi, a-t-on appris, ces dernières semaines que le mouvement s’apprêterait à renier officiellement les accords signés avec le Gouvernement. Sa branche armée serait prête à relancer les hostilités au Kivu. Serait-ce aussi un autre événement imminent ?

MORT D’UN ACTIVISTE DES DROITS DE L’HOMME

Comme si cela ne suffisait pas, le mardi 2 juin, l’on apprenait la mort de Floribert Chebeya, directeur exécutif de l’ONGDH, la Voix des sans voix, dont le corps « sans voix » a été découvert à Mitendi, un quartier périphérique de Kinshasa; mort dans des circonstances non encore élucidées.

Une mort qui soulève déjà des interrogations, évoque plusieurs hypothèses et remet sur tapis l’éternel problème de sécurité, de protection des personnes et de leurs biens, de liberté d’expression, car Floribert Chebeya n’avait pas sa langue en poche.

Des enquêtes sont réclamées et des partenaires extérieurs exigent que toute la lumière soit faite autour de cette mort énigmatique. Qui l’a tué ? Pourquoi et maintenant à l’approche des festivités de 50 ans d’anniversaire de l’indépendance de la RDC et de l’organisation des élections de 2011 ?

Autant d’interrogations pertinentes mais qui, avec les événements de la LRA, du Burundi et du Rwanda, suscitent à nouveau des inquiétudes dans la région des Grands Lacs. Les «vieux démons » sont-ils en train de se réveiller ?... Interrogation pertinente.

Source:Le Potentiel

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