Une conférence publique a réuni mercredi à Bujumbura, des intervenants du secteur de la communication dans la région des Grands Lacs appelés à échanger pendant une journée, sur les voies et moyens d'éradiquer à jamais la "propagande, la manipulation et le discours de la haine" dans les organes de presse.
Le Rwanda était le cas d'école le plus cité lors des premiers exposés en tant que l'un des trois pays des Grands Lacs ayant gravement souffert de la propagande, la manipulation et le discours de la haine à travers les médias, qui ont conduit au génocide de 1994.
Un ancien ministre rwandais de l'Information et professeur d'université, Laurent Nkusi, a fait savoir que le discours de la haine dans les médias de son pays, comme la tristement célèbre Radiotélévision des mille collines (RTLM), a été développé à partir de l'année 1990.
"Si les journalistes s'étaient astreints à informer objectivement la population des problèmes réels du Rwanda, l'histoire aurait certainement pris un autre tournant", a-t-il soutenu lors de son exposé inaugural sur la "propagande, les manipulations et le discours de la haine : état des lieux dans les médias de la région des Grands Lacs".
"Ce discours médiatique de la haine a un style propre fait de répétitions, stéréotypes, mots codés, caricatures, dessins et locutions sentencieuses dirigés contre l'ennemi supposé", a développé l'éminent professeur rwandais.
Du temps où il était encore à la tête du ministère de l'Information, M. Nkusi aimait répéter aux journalistes rwandais d'être "techniquement compétents, politiquement conscients et moralement responsables pour être à l'abri des manipulations de toutes sortes et faire correctement leur métier", a-t-il encore rappelé aujourd'hui.
"Les risques existent encore si les médias des Grands Lacs n'essaient pas de se protéger contre la manipulation", a averti de son coté Geroges Weiss, un autre universitaire venu des Pays-Bas pour donner une communication sur la "psychologie de la haine".
Le conférencier a invité les journalistes à se méfier des politiciens "qui n'ont pas de vraies réponses aux problèmes des citoyens et qui utilisent le discours de la haine ainsi que la manipulation pour se maintenir en place".
La note la plus optimiste du jour est venue de la présidente du Conseil national de la communication (CNC) du Burundi, Mme Vestine Nahimana, qui a assuré qu'il n'existait pas de "pouvoir de la haine" dans son pays et que par conséquent, les journalistes qui failliront à leur mission d'informer objectivement n'auront qu'à en vouloir à eux-mêmes en cas d'ennuis professionnels.
La patronne du CNC a toutefois salué l'initiative d'organiser la conférence "qui pourrait aider à prévenir d'éventuels dérapages médiatiques, surtout à l'approche des élections générales de l'été 2010 dans son pays".
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