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jeudi 7 avril 2011

Burundi : multiplication d’exécutions extrajudiciaires par les forces de l'ordre

L’inquiétude au Burundi suite à de nombreux cas d’exécutions extrajudiciaires et autres règlements de compte

Au Burundi, pays en proie à une crise politique et sécuritaire depuis le retrait de l’opposition du processus électoral en 2010, la société civile tire sur la sonnette d’alarme, suite à la multiplication des cas d’exécutions extrajudiciaires et autres règlements de compte. En une semaine, on compte une dizaine de cas rien que dans la province de Bujumbura rural, fief de l’ancienne rébellion des Forces nationales de libération, les FNL.

A chaque fois le scénario est le même, des membres de l’ex-rébellion des FNL accusés d’être derrière les nouvelles violences au Burundi sont tués. Et la police s’empresse de dire qu’il s’agit de bandits armés tombés au cours d’affrontement avec les forces de l’ordre.

A Bujumbura, trois personnes ont été assassinées par les forces de l'ordre selon l'Iteka.

Au moins sept personnes ont été tuées dans pareil circonstances depuis une semaine, ce que conteste le secrétaire exécutif de la Ligue des droits de l’Homme, Iteka, Edouard Biha. Il donne l’exemple d’une localité située à l’est de Bujumbura où trois personnes ont été tuées la semaine passée.

« Une des personnes qui a été tuée est venue avec des agents de la police, menottée. Personne n’a entendu un échange de coups. Les gens qui ont été tués, ils ont été assassinés ».

La conséquence, selon la Ligue Iteka, est un engrenage mortel puisque les ex-rebelles des FNL se vengent à leur tour sur des membres du parti présidentiel burundais.

« Cette nuit une famille a été attaquée et un chef de colline est porté disparu. Ce sont des règlements de compte qui sont en train de se faire et il y a des victimes toujours », rajoute Edouard Biha.

Il y a quelques mois, le pouvoir burundais s’était résolu, suite à de fortes pressions internationales, à mettre sur pied une commission d’enquête sur une dizaine de cas avérés d’exécutions extrajudiciaires.

La ministre burundaise de la Justice vient d’avouer que cette commission n’a jamais commencé son travail faute de moyen. Ce que dénonce la Ligue Iteka qui parle plutôt de mauvaise volonté.


Source: RFI

mardi 5 avril 2011

Burundi : Des escadrons de la mort au sein de la police présidentielle

Les membres des partis de l’opposition regroupés au sein de l’Alliance des Démocrates pour le Changement (ADC-Ikibiri) sont, ces derniers jours, cibles d’exécutions extrajudiciaires au Burundi. Les médias locaux rapportent tous les jours, et en images, la mort de plusieurs personnes tuées par des hommes en uniforme policière ou militaire et quelque fois habillées en civil.

Manassé Nzobonimpa, député du Burundi au sein de l’East African Legislative Assembly (EALA), vient de dénoncer l’existence d’escadrons de la mort au sein de la police présidentielle burundaise - les services secrets connus sous le nom de "Documentation nationale". Des tueurs à gages à la solde de certaines sphères du pouvoir pour des exécutions extrajudiciaires.

« Il y a dans ce pays deux formes d’institutions : clles que vous connaissez et d’autres que vous ne connaissez pas. Ce sont ces agents secrets qui sont à l’origine des exécutions de gens » a déclaré Nzobonimpa dans un entretien avec des medias locaux burundais.

« Ces groupes de criminels au service des renseignements burundais viennent de recevoir des sommes faramineuses pour traquer les opposants politiques », a affirmé Manassé Nzobonimpa.

« Ils ont même eu des véhicules Pick-up pour leur faciliter de travailler » a ajouté le député Nzobonimpa avant de laisser entendre que des escadrons de la mort sont pour le moment à sa poursuite et qu’ils ont loué une chambre d’hôtel à Kampala, à partir de laquelle, ils préparent un coup contre lui.

« Les dirigeants de ces escadrons sont Désiré Uwamahoro et un certain Kazungu l’un des proches du directeur des renseignements, et sont chargés d’exécuter toute personne que la Documentation nationale décide d’éliminer » a ajouté le député Nzobonimpa.

Désiré Uwamahoro serait l’un des principaux acteurs dans l’aasssinat d’Ernest Manirumva, un ancien président d’une ONG locale de lutte contre la corruption. Plusieurs généraux burundais dont le directeur des renseignements le Général Adolphe Nshimirimana ont ainsi refusé de se soumettre à un test d’ADN recommandé par les experts de la FBI qui avait participé aux enquêtes sur la mort d’Ernest Manirumva, tué par arme blanche en avril 2009.

Trois fideles de Rwasa tués à Rweza en commune Kanyosha

Trois personnes dont deux d’une même famille ont été tuées dans la semaine dernière à Rweza, près du campus Kiriri. Leurs familles ont vite pointé du doigt la police présidentielle .

Ces trois personnes tuées sont Nayuburundi Stanislas, Ndarurinze Floribert et Nizigiyimana Vedaste, les deux premiers étant d’une même famille.

C’est sur cette même colline de Rweza qu’un employé de l’UE avait été arrêté et son corps sans vie retrouvé quelques jours plus tard dans la rivière.

Les membres des partis d’opposition ont aussi déploré la mort des trois civils sans défense.

« Nous déplorons la mort de ces personnes qui meurent chaque jour pour avoir été choisi les partis d’opposition » a déclaré l’un des leaders politiques burundais de l’opposition.

Un enseignant membre du FNL tué à Kamenge le 2 avril 2011

Havyarimana Etienne, un membre du parti FNL et enseignant au Lycée communal de Nyambuye, a été tué samedi matin à Kamenge, par des gens qui ont utilisé un véhicule de l’Etat. Selon Jean-Claude Nganahe, chef de quartier Kavumu où vivait la victime, a déclaré que la victime avait répondu à un appel téléphonique autour de 3 heures du matin.

« Il a été tué par des gens qui l’ont fait sortir de chez lui en l’appelant par téléphone et lorsqu’il est sorti, il n’est jamais revenu. Un voisin du lieu du crime a souligné qu’il a entendu un véhicule qui allait vers le domicile de la victime et après un moment, il a entendu un coup de feu et le véhicule est reparti », a annoncé le chef de quartier Kazvumu.

Des sources proches du lieu du crime ont confirmé que la victime était membre du FNL d’Agathon Rwasa. Une information qui a avait été confirmé par les membres de la famille de la victime qui disent que pour le moment, ils ne savent pas à quel Saint se vouer.

Rweza et Kamenge : Même technique

Pour le moment, il y a des ressemblances entre ce qui s’est passé à Kamenge et ce qui s’est passé à Rweza. Des reporters sur terrain ont souligné l’usage des véhicules par les meurtriers, ce qui fait croire aux observateurs qu’ils sont bien équipés et surtout organisés et bien financés.

D’autres corps de ramassent partout dans la ville de Bujumbura et même dans les montagnes. Cinq membres des partis d’opposition on été arrêtés le 28 mars 2011 à Mirango en commune urbaine de Kamenge et deux d’entre ont été retrouvés morts dans un quartier industriel de Bujumbura. Les trois autres restent introuvables. Ceux qui ont été découverts sont Ntogoheka Prosper et un certain Félicien.

Ces derniers jours, des cadavres ont été découverts un peu partout dans le pays, flottant dans les lacs et rivières. L’APRODH avait souligné, il y a plusieurs jours, que chaque semaine, une dizaine de personnes trouvaient la mort, soit parce qu’ils sont membres de l’opposition, soit par des conflits fonciers, ou bien accusés de sorcellerie, ou tout simplement par ce que les gens appellent justice populaire.

Silence assourdissant du chef de l’Etat

Les familles des victimes et des organisations de la société civile demandent au président de la République de s’exprimer sur les récentes tueries et de tout faire pour arrêter les assassinats des membres des partis d’opposition.

« Nous demandons au président de la République de sortir de son silence pour sauver le peu de gens qui restent. Les gens meurent comme des mouches et il ne dit rien. Est-ce qu’il sera content lorsque les populations seront toutes décimées par ses troupes ? », s’est interrogé une femme dont le mari a été tué par des agents des renseignements lors d’une attaque à Rweza.

« Notre président est intelligent. Il nous a laissé accoucher sans payer mais il s’arrange pour que nos maris, avec lesquels on a eu ces enfants meurent », a déploré Madeleine, une jeune femme de 30 ans qui venait de perdre elle aussi son mari, dans des circonstances confuses à Kiyenzi.

Saisir le tribunal International

Suite à l’impunité qui caractérise le pouvoir actuel de Bujumbura, des voix commencent à s’élever pour demander que soit saisi le tribunal international pour juger ceux qui sont impliqués dans des actes de violation des droits de l’Homme au Burundi.

Le vice-président du parti Sahwanya -Frodebu, Fréderic Bamvuginyumvira, demande aux Burundais de saisir le tribunal international sur les crimes commis dans leur pays.

« Il temps que nous saisissions le Tribunal pénal international sur tout les crimes qui se commettent au Burundi » a déclaré M. Bamvuginyumvira.

« Les crimes qui sont commis au Burundi sont des crimes contre l’humanité et sont punissables par les lois internationale » a ajouté le vice-président du parti Frodebu.


Source: arib.info