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vendredi 31 juillet 2009

La Commune Urbaine de Buyenzi, source de l’indépendance de la République du Burundi






La date du 24 juillet 2009 restera une marque indélébile pour les habitants de la Commune Urbaine de Buyenzi en générale, et en particulier aux familles couronnées pour avoir combattues aux côtés du Prince Louis Rwagasore en vue d’obtenir l’indépendance de la République du Burundi.

En effet, le Conseil communal de Buyenzi a organisé samedi 24 juillet au stade « Saint-Augustin » de Buyenzi, une journée dédiée à rendre hommages aux ressortissants de ladite commune qui se sont donné corps et âme afin de libérer le Burundi des mains des colonisateurs belges. Les cérémonies de cette journée ont été rehaussées par la présence du Ministre de l’éducation, Dr. Saidi KIBEYA, qui a représenté le gouvernement dans ces activités.

Dans son mot de circonstance, le Ministre KIBEYA a précisé que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour rétablir dans leurs droits toutes les personnes oubliées par ignorance alors qu’elles constituent une source de l’indépendance du pays. Il a en outre précisé qu’un droit ne se négocie pas mais s’obtient après une lutte. Le Burundi n’est pas une petite Nation qu’on le croît, mais une grande Nation dans le concert des nations a-t-il souligné.

Cette activité de couronnement posthume intervient au moment où certains descendants de ceux-là qui ont lutté pour l’indépendance du Burundi, étaient refoulés il y a quelques mois par la Police Nationale du Burundi qui les accusait de n’avoir pas la citoyenneté burundaise. A ce propos, le Ministre KIBEYA a d’abord fait des excuses à l’endroit des ces familles tout disant que l’erreur est humaine. C’est ainsi qu’il a déclaré solennellement que ces gens représentent plusieurs autres milliers des habitants de Buyenzi et partant ils sont des burundais à l’instar des autres citoyens. En concluant son mot de circonstance, il a remercié les 11 héros du jour ainsi que 3 proches collaborateurs du Prince Louis Rwagasore à savoir M. Félix KATIKATI, Dr. Pie MASUMBUKO ainsi que M. Valentin BANKUMUHARI qui étaient présents à ces cérémonies.

Ces derniers ont à leur tour fait des témoignages sur l’acquisition de l’indépendance du Burundi tout en révélant des informations jusque là inconnues par le grand public des burundais.

Prenant la parole le premier, M. KATIKATI a d’abord révélé que la source de l’indépendance se trouve en commune urbaine de Buyenzi et plus précisément à la 14è avenue No. 6, chez un certains Salum BICUKA. Selon cet orateur, toutes les réunions des campagnes électorales se sont déroulées à l’intérieur de cette maison sous les auspices du Prince Louis Rwagasore. Aussi, plusieurs autres personnes habitants de cette commune se sont impliquées résolument en vue de protéger le Prince Louis lorsqu’il faisait l’objet de filature. Force est de constater que les habitants de cette commune restent un parent pauvre du développement du pays et sont donc considérés comme des étrangers alors qu’ils ne le sont pas a-t-il indiqué. Il a en outre révélé que le Burundi a déjà connu les cas des dirigeants qui n’ont pas des origines burundaises à l’instar de Joseph CIMPAYE, Pierre NGENDANDUMWE, etc, qui avaient des origines ougandaises, rwandaises,…
C’est ainsi qu’il a profité de cette occasion pour mandater officiellement le Sénateur RUKARA élu dans la circonscription de Bujumbura et ressortissent de cette commune, de porter ce message au gouvernement afin que les habitants de Buyenzi trouve la place qu’il faut dans ce pays. Il a conclu son intervention en remerciant le Bon Dieu pour l’avoir gardé jusqu’à ce jour historique surtout que nombreux avec qui ils ont lutté pour l’indépendance ne sont plus parmi eux.

Quant au deuxième proche collaborateur du Prince Louis, M. BANKUMUHARI a d’abord comme son prédécesseur, présenté une brève historique de l’acquisition de l’indépendance du Burundi. Selon lui, le Prince Louis avait un comportement courageux qui lui permettait de refuser tout comportement de nature à porter atteinte à l’ordre public. Il a ainsi appelé tous les burundais à suivre ce modèle du Prince afin que le Burundi retrouve son unité d’antan.

De son côté, Dr. MASUMBUKO a saisi de l’opportunité pour formuler quelques recommandations à l’endroit du gouvernement. En effet, selon cet autre proche collaborateur du Prince Louis, le gouvernement devrait chercher une place à Bujumbura qui portera le nom « compagnons du Prince Louis Rwagasore ». Une autre recommandation est celle de chercher un grand boulevard qui sera baptisé sous le nom de Julius NYERERE pour sa contribution importante lors de l’indépendance du Burundi. Car, beaucoup de burundais ne savent le rôle combien important qu’avait joué NYERERE dans ce processus de changengement.

Dans le même ordre d’idées, le Représentant des 11 héros du jour, M. Iddy Juma MUHEHE a déclaré que leurs parents et grands parents avaient lutté contre vents et marrés pour que le Burundi accède à son indépendance. Il a néanmoins déploré que la Communauté swahili de Buyenzi n’ait pas aujourd’hui sa juste place dans le pays comme c’est le cas pour d’autres composantes des burundais. C’est ainsi qu’il a remercié le Sénateur RUKARA, président du conseil communal pour avoir pensé à organiser cette journée qu’il a qualifiée d’historique pour tous les burundais en général et en particulier aux habitants de ladite commune.

Par ailleurs, on notera également à ces cérémonies, la présence des deux ambassadeurs à savoir celui de l’Egypte et son homologue tanzanien, du Secrétaire Général de la Maire de Bujumbura, des professeurs égyptiens enseignant à l’Université prestigieuse Al-Azhar de l’Egypte, et d’autres personnalités importantes.

S’agissant de la présence des deux ambassadeurs à cette journée, le Sénateur Mohamed RUKARA a fait savoir que leur présence n’est pas un fruit du hasard. En effet l’Egypte sous la présidence d’El-Jamal et la Tanzanie sous Nyerere ont énormément contribué dans la transformation positive dans pas mal de pays africains à l’époque coloniale notamment au Burundi.

Le moment fort de cette journée c’est notamment la remise des certificats de mérites aux représentants de 11 familles, une remise qui a été effectuée tour- à- tour par les invités de marque. Outre ce certificat de mérite, les 11 héros du jour ont également reçu une enveloppe offerte par son Excellence le Président de la République, M. Pierre NKURUNZIZA, qui n’a pas pu se joindre à eux pour cause de calendrier chargé.

Pour démarrer les activités de cette journée, un match de football opposant les équipes de Buyenzi de « haut » et celle de Ruvumera a plu aux spéctateurs de par un bon présenté par ces deux équipes. Ce match s’est soldé par un score de 2 buts à 0, en faveur de l’équipe de Ruvumera qui a décrochée une coupe. Le divertissement à cette journée, c’est aussi la musique qui a retenti sur le terrain par le fameux orchestre de Buyenzi connu sous le nom de « Salama Culture », un groupe initié par le Sénateur RUKARA.
D’autres groupes de la musique traditionnelle ont agrémenté cette journée notamment les fameux tambourinaires de Buyenzi et d’autres danseuses.

Enfin pour clôturer en beauté cette journée riche en discours, témoignages et musique, la Compagnie de téléphonie mobile « Africell-Tempo » a lancé une tombola à l’issue de laquelle certains spectateurs ont décroché des téléphones portables.

Au terme de cette journée, quelques représentants des familles couronnées ont présenté leur satisfaction quant au déroulement des activités. Ainsi, M. Jalala Kassim représentant la famille Kassim Jalala nous a déclaré que cette journée restera gravée à jamais dans la mémoire de tous les burundais en particuliers à tous les habitants de la commune urbaine de Buyenzi pour avoir retrouvé leur juste place dans la société burundaise. Pour sa part, M. Makame KITETE, représentant la famille Kitete KAMULETE, a fait savoir que ladite activité est un prélude pour le changement dans la transformation positive de la communauté burundaise et partant les habitants de ladite commune réclame un droit de cité ainsi qu’une voix au chapitre a-t-il conclu.

Quant à l’initiateur de cette journée, le Sénateur RUKARA a précisé que cette journée constitue une étape importante pour mettre au grand jour la vérité sur l’indépendance du Burundi. Ceci est le début de mettre au nu cette vérité, d’autres étapes suivront a-t-il souligné.

Vous saurez que cette activité sera organisée annuellement par le Conseil communal de Buyenzi, promesse faite par le Sénateur Mohamed RUKARA président dudit conseil. Aussi, le ministre KIBEYA a précisé que l’organisation de cette activité s’inscrit dans la logique d’inciter aux générations futures de bien travailler pour l’intérêt de leur pays, car seuls les méritants seront couronnés par le gouvernement a-t-il indiqué. C’est ainsi qu’il a promis que ce genre d’activités sera organisé annuellement dans d’autres communes ou provinces du pays.

jeudi 30 juillet 2009

L’UE dénonce une "dérive autoritaire" du CNDD-FDD et craint le pire pour 2010

Le Burundi entre dans une nouvelle phase avec la préparation des élections générales prévues mi 2010 dans un climat qui s'annonce tendu et avec un risque élevé de violence de la part des factions politiques perdantes. La tentation est forte du côté du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, d'organiser un scrutin "à sa main"; le risque de violences postélectorales est jugé important, compte tenu du système politique du type "the winner takes all". », selon un document ultraconfidentiel, dont ARIB.INFO s’est procuré une copie que nous publions en intégralité et en exclusivité.Ce document conjoint du Secrétariat Général du Conseil de l’Union européenne et de la Commission européenne, rédigé en collaboration avec le Représentant Spécial pour les Grands Lacs en Afrique, répond à une demande du groupe de travail Afrique du Conseil de l'UE et constitue une stratégie européenne pour le Burundi, comportant une analyse de la situation, des objectifs prioritaires ponctuels pour la période 2009-2010 et des objectifs structurels, une liste des actions à mener par l’Union européenne et des moyens dont elle dispose, ainsi qu'un suivi étroit et des signaux d'alerte par rapport à la réalisation des objectifs ponctuels.« Sur la base de l'analyse des facteurs de risques, des causes structurelles de la violence politique, des motivations des acteurs et des dynamiques récentes », le document retient quatre « Scénarios possibles du processus électoral » au Burundi, à savoir :
- un scénario "consensuel" prévoit la consolidation du paysage des partis politiques et la possible formation de deux principales coalitions dans la course pour les élections de 2010. Probablement après un accord sur le changement de la date (délai) des élections, celles-ci se tiendraient dans un contexte plus ou moins consensuel, de façon relativement ouverte et équitable, et les résultats des élections seraient acceptés par tous.
- dans un scénario "autoritaire", le CNDD-FDD renforcerait son contrôle sur les secteurs qu’il ne contrôle pas encore totalement. La police et des groupes recrutés pour cela intimideraient la population pendant les élections. Grâce à la fraude et à l'intimidation violente, le CNDD-FDD gagnerait les élections à tous les niveaux.
- un scénario "chaotique" résulterait de la désintégration du paysage des partis politiques avec la fragmentation des principaux partis. Le dialogue ne serait plus possible et le Gouvernement ne fonctionnerait plus. Le Président Nkurunziza pourrait déclarer l'Etat d'urgence.
- un scénario "coup d’Etat," même si ce scénario est peu probable sauf en cas de chaos, ou celui où le FNL ne jouerait pas le jeu et créerait la peur, ce qui amènerait à des abstentions, ou bien le même FNL, déçu des résultats, reprendrait les armes.Mais c’est le scénario dit "autoritaire" qui semble actuellement être privilégié par l’Union européenne : « A présent, au mois de juillet 2009, une dérive autoritaire du pouvoir en place pour gagner les élections ne peut être exclue », peut-on lire dans le document.Selon le document, l'évaluation du scénario dans lequel se trouve le Burundi se fondera sur certains « signaux d'alerte ». Le document identifie ainsi les signaux d'alerte permettant de déterminer si le scénario de "dérive autoritaire" du parti au pouvoir est en train de se concrétiser. Il s’agit notamment de :
- non respect de l'indépendance de la CENI;
- adoption d'amendements à la Constitution visant à remettre en cause les grands équilibres politico ethniques hérités des Accords d'Arusha; contournement des procédures pour modifier la Constitution;
- non respect des dispositions légales relatives aux élections, y compris non respect des résultats du scrutin et non transmission des résultats;
- adoption d'amendements au code électoral remettant en question le déroulement d'élections libres, équitables et transparentes;
- actes avérés de violence, y compris des assassinats, et actes d'intimidation à l'égard des représentants des partis politiques, des media et de la société civile; arrestations arbitraires;
- non respect des libertés politiques et civiques, selon les dispositions légales existantes relatives à la liberté de réunion, la liberté d'association, la liberté de création de partis politiques et la liberté d'expression;
- tentative de contrôle des media et de la société civile, constituant une entrave à un égal accès des partis politiques aux médias. Constitueraient notamment des signaux d'alerte la remise en cause de l'indépendante de la CNC, l'adoption d'une législation créant des contraintes non nécessaires pour les ONG, ainsi que la fermeture de chaînes de media et l'arrestation de journalistes sans base légale bien établie;
- entraves à l'action des observateurs électoraux, en particulier restriction de l'accès des observateurs électoraux à certaines zones et pendant certaines périodes, et insuffisance de déploiement d'observateurs électoraux crédibles de la société civile;
- mesures insuffisantes pour limiter le risque de fraude électorale et les tentatives d'intimidation, telles que le choix de bulletins multiples sans mesures pour garantir l'identification rigoureuse et le libre choix des électeurs, ou encore le déplacement des bulletins de vote avant leur comptage;
- discordances entre le fichier des cartes d'identité nationale et le fichier électoral;
- utilisation des fonds publics pour financer les campagnes de certains partis politiques;
- utilisation des forces de sécurité (police nationale, armée, services de renseignements) par les partis politiques;
- toute forme de résurgence de discours à connotation ethnique dans la campagne électorale;
- refus de la part des autorités burundaises de poursuivre un dialogue ouvert et constructif avec l'Union européenne.Sans préjudice d'autres mesures qui pourraient être prises, le document répertorie une liste d'actions à engager comme réponse de l’Union européenne en cas de dégradation de la situation en 2009 et 2010 au Burundi.Mais, selon les informations en provenance du Burundi, ainsi que les derniers développements dans la vie politico-sociale du pays, tout montre que ce scénario dit "autoritaire" est en réalité bel et bien déjà dans une phase opérationnelle.La question maintenant est de savoir si la communauté internationale va attendre que la situation atteigne un point de non retour et bascule vers le scénario du chaos, ou s’il ne faudrait pas agir dès aujourd’hui et très efficacement pour éviter au Burundi le scénario "chaotique" qui pointe à l’horizon 2010. Si l’UE fait ainsi le constat si sidérant et dénonce la persistance d’une situation calamiteuse quant au respect de l’état de droit, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance politique et économique, un degré élevé de l’alliage incompétence/corruption/impunité, une violence systématique de la part de la police d’Etat, une insécurité quasi structurelle, des risques d’instabilité sécuritaire, etc., qu’attendre d’autre pour agir ?Agir efficacement c’est d’abord frapper fort diplomatiquement et par tous moyens efficaces sur la source de tous les dangers actuels et des catastrophes potentielles que constitue le parti au pouvoir ainsi mis à nu. C’est aussi, croyons-nous soutenir les efforts et les nombreuses bonnes volontés qui crient au secours au Burundi, politiques et société civile confondus. Tout compte fait, le Burundi ne s’est jamais tant trouvé face à son destin qu’aujourd’hui : ça passe ou ça casse, et plus rien ne devrait être comme avant après 2010.Ce qui est désormais sûr après pareille analyse faite par une institution d’un si haut niveau, et qui plus un acteur important pour le Burundi, c’est que demain personne ne viendra plus nous dire que ce ne sont là que paroles d’opposants, ou pire qu’ "on ne savait pas" !Lire l’intégralité du Document (PDF) (Une copie de Arib.info)