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samedi 18 septembre 2010

"Le combat contre la corruption reste une illusion"

Selon un récent classement publié par l'ONG Transparency International, le Burundi est le pays le plus corrompu d'Afrique de l'Est. Malgré les traités signés et les organes de lutte récemment créés, le pays s'enlise dans la petite et la grande corruption, ainsi que l'impunité. Le travail des associations est de plus en plus compliqué.

"Ces derniers temps, le combat contre la corruption reste une illusion", déplore un cadre d'une association en lutte contre ce fléau. Le Burundi dispose pourtant d'un arsenal juridique et a ratifié plusieurs traités internationaux en la matière, notamment la Convention des Nations unies en 2006 et la Convention de l'Union africaine en 2005. Durant la même période, sont nées la Cour anti-corruption et la Brigade anti-corruption, deux organes gouvernementaux dans lesquels les gens plaçaient une grande confiance.

Malgré cet arsenal de lois et d'organes de lutte, la corruption est toujours très présente. Fin juillet, le pays est arrivé en tête de l'Index est-africain publié par Transparency International (TI, ONG internationale d'origine allemande). Le taux de prévalence de la corruption, le pourcentage de gens qui ont payé la corruption au cours des 12 derniers mois avant l'enquête, y est de 36,7 %. Suivent l'Ouganda (33 %), le Kenya (31,9 %), la Tanzanie (28,6 %) et, beaucoup plus loin derrière, le Rwanda (6,6 %). Un score d'autant plus fâcheux pour le Burundi, que ce dernier vient d'intégrer la Communauté est-africaine dans laquelle il espère se développer économiquement.

Selon le rapport de TI, l'Office burundais des recettes (OBR) et la police nationale sont les organes les plus corrompus du pays. Rien d'étonnant à cela avait réagi, dès la publication, l'ancien ministre burundais chargé de la Bonne gouvernance, Martin Nivyabandi, cité par l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle) : "L'OBR est un organisme créé il y seulement trois mois (.) Il est trop tôt pour l'évaluer. (.) Après une guerre d'une décennie, le corps de la police burundaise ne s'est pas stabilisé. En plus des agents qualifiés, d'anciens membres des mouvements rebelles ont rejoint cet organe (.). Le comparer aux polices du Kenya, de la Tanzanie ou de l'Ouganda n'a pas de sens, car les polices de ces pays sont stabilisées (.)"

Nouvelles formes de corruption

Un sociologue insiste sur la difficulté, pour un État de fonctionner avec des dirigeants issus d'un ancien mouvement rebelle, dont les membres, originaires du maquis, étaient affamés et démunis. "Nous n'avons pas combattu gratuitement !", disent ainsi certains d'entre eux dans leurs conversations, sous-entendant qu'ils sont au pouvoir pour s'y servir avant de servir l'intérêt général. Autre difficulté de taille : les anciens rebelles restent en général solidaires entre eux et ne se dénoncent pas. Les associations de lutte contre la corruption déplorent cette impunité qui empire les choses.

La situation est d'autant plus inquiétante au Burundi que la corruption prend de nouvelles formes. Par exemple, dans l'enseignement qui, avant 2006, ne connaissait pas ce problème, pour obtenir une mutation, il faut désormais donner d'énormes sommes d'argent assure Havyarimana Rénovât, secrétaire général de l'OLUCOME (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques). Et, quand on n'est pas encore engagé et qu'on veut travailler dans un établissement précis, il suffit de débloquer entre 100 et 200 $... Résultat : les écoles urbaines, souvent convoitées par les nouveaux enseignants, en trouvent tardivement, à cause de la spéculation. Dans d'autres services étatiques ou para étatiques, surtout ceux qui payent mieux comme les banques ou la justice, 1 000 à 3 000 $ doivent parfois être versés avant toute chose par le candidat à un travail.

"Menacés dans notre travail"

Face à cette petite corruption ou face aux cas plus consistants de malversations économiques, les associations spécialisées sont très isolées. "Nous sommes souvent menacés dans notre travail", précise un représentant de l'OLUCOME, structure qui travaille depuis 2002 sur des dossiers de corruption mettant en cause les plus hautes autorités de l'État. L'organisation a notamment révélé la vente illicite d'un avion présidentiel en 2006 qui a conduit au limogeage d'un ministre des Finances. Elle a également dévoilé une affaire de double facturation de produits pétroliers qui a conduit à l'emprisonnement du gouverneur de la Banque centrale du Burundi et à l'exil d'un autre ministre des Finances en 2007. Autant de dossiers extrêmement sensibles qui ont sans doute coûté la vie à Ernest Manirumva, alors vice-président de l'OLUCOME, assassiné en avril 2009.

Le manque d'indépendance de la justice complique encore la donne, car, indique un magistrat, lui et ses collègues sont eux aussi menacés quand il s'agit de s'occuper de tels dossiers . Quant à la Cour anti-corruption, elle ne peut ni arrêter ni juger un ministre soupçonné, par exemple, de détournements de fonds. Dernière difficulté : de fausses associations ne semblent là que pour se faire de l'argent ou cautionner les agissements de certains corrompus et cherchent à déstabiliser celles qui luttent vraiment contre ce fléau.

Source: Syfia Grands Lacs

vendredi 17 septembre 2010

Les informations du 17 septembre 2010

Sécurité

Arrestation ce jeudi de Faustin Ndikumana, un agent de la RPA, par les services secrets.
Un agent de la Radio Publique Africaine « RPA» est détenu dans les cachots du Service National de Renseignement « SNR » en Mairie de Bujumbura depuis ce jeudi. Faustin Ndikumana, responsable du service charroi de la radio, a été appelé par téléphone pour se présenter au service des renseignements. Il s’est y rendu et n’est plus sorti. Pour le moment, on ne connaît pas les mobiles de son arrestation.

Une femme âgée de 103 ans, originaire de Kirundo, dit être chassée par ses propres fils.
Une femme centenaire vient de passer un mois devant les bureaux de la province Kirundo où elle a transité de son retour à Bujumbura. Agé de 103 ans, elle était dans la capitale pour demander une audience au Président de la République, qu’elle n’a pas eu. Elle dit être en conflit avec ses 2 fils qui veulent la chasser de chez elle.

La police empêche la tenue d’une conférence de presse de l’ADC-Ikibiri ce vendredi matin.
Les partis d’opposition regroupés au sein de l’ADC-Ikibiri n’ont pas pu animer leur conférence de presse prévue ce vendredi matin. La police s’est interposée, les conférenciers ont dû changer d’endroit 3 fois sans pouvoir tenir leur conférence de presse.

L’attaque des hommes armés à Musaga vers minuit fait deux victimes.
Une personne a été tuée et une autre blessée la nuit dernière à Musaga vers minuit. La personne tuée est un jeune garçon qui venait au secours de son oncle qui était attaqué par des personnes armées de fusil à l’entrée de son domicile. Pour le moment, la personne blessée est hospitalisée à l’hôpital militaire de Kamenge.

Un pasteur est fusillé à son domicile en commune Buraza, province de Gitega.
Une personne a été tuée dans la nuit d’hier sur la colline Butemba, commune Buraza de la province Gitega. Cette personne était un pasteur du nom d’Emmanuel Hategekimana de l’Eglise Libre Méthodiste. Il a été fusillé à son domicile par des gens non encore identifiés au moment où il rentrait du marché de Kivoga en commune Itaba, où il avait passé sa journée. La police fait savoir qu’elle a déjà entamé des enquêtes.

Un agent de police est blessé par son collègue à Muyinga jeudi vers 20h. Accident ou préméditation.
Un policier a été blessé par une balle hier vers 20h par un de ses collègues à Muyinga. Les uns parlent d’accident de parcours, d’autres de préméditation. Le policier blessé dirigeait une équipe visant à démanteler un groupe de bandits armés. Cette mission avait été sollicitée par le corps de police.

Une bière prohibée nommée « Ikibarbe » sème le trouble à Ngozi au vu et au su de l’administration.
L’administration et la police de Ngozi se jettent la responsabilité sur la production, la consommation et la vente de la bière prohibée appelée « Ikibarbe ». Cette bière sème le désordre dans cette province notamment des bagarres entre amis et dans les ménages. De plus, la vente de cette bière prohibée empêche la consommation et le paiement des impôts des bières connues par la loi. Les brasseurs et les buveurs de cette bière ne se cacheraient plus et seraient protégés par quelques policiers et autorités administratives. La boisson est très rentable.

Justice

Jean Pierre Nyamoya continue à réclamer son dû à l’ONATEL après avoir révélé un réseau de voleurs de câbles sur commande de cette société.
« Après avoir démantelé le réseau des voleurs des câbles de l’ONATEL, la phase qui suit était que le payement des prestations. Mais ça n’a pas été le cas », constate Jean Pierre Nyamoya qui a fait les investigations sur le réseau de voleurs de ces câbles. Le non paiement des prestations est la clé principale du litige qui oppose la direction de l’ONATEL à Jean Pierre Nyamoya . Ce dernier se dit avoir accompli sa tâche mais l’ONATEL tarde à le payer selon les conventions. Pour le moment, ce travail de démantèlement de ce réseau est interrompu. Et pour cause les magistrats affectés sur ce dossier ne voulaient pas mettre la main sur des gens qui se disent protégés par de hautes autorités selon du moins les propos de Jean Pierre Nyamoya. Pour rappel, la direction de l’ONATEL reconnait avoir employé Jean Pierre Nyamoya pour identifier le réseau des voleurs de câbles dans les différents quartiers.

Le directeur général de la police nie avoir menacé feu Jackson Ndikuriyo.
Gervais Ndirakobuca alias Ndakugarika, directeur général adjoint de la police, nie être lié de prés ou de loin à l’assassinat de l’ancien policier Jackson Ndikuriyo. Ce haut gradé de la police est cité pour avoir menacé et terrorisé la victime avant son meurtre dans une correspondance adressée par son avocat à Yves Sahinguvu, premier Vice-président de la République d’alors.

Economie

L’ABUCO demande au gouvernement d’enlever du marché les cahiers portant des symboles des partis politiques et des documents d’archives.
Pierre Nduwayo, porte-parole de l’Association Burundaise des Consommateurs « ABUCO », dénonce le commerce des cahiers piratés au marché central de Bujumbura. Ces cahiers sont couverts par des couvertures portant les effigies du CNDD FDD et certains documents destinés aux archives des différents ministres et institutions paraétatiques. Cette association de défense des droits des consommateurs indique que la propagande est terminé et surtout dans les milieux scolaires. Il demande aux consommateurs de boycotter ce genre de produits et au ministère du commerce d’enlever du marché ces produits.

Grogne des vendeurs des cahiers du marché central de Bujumbura. Des taxes seraient à l’origine des incompréhensions.
La société SOGEMAC est en train de faire payer les taxes sur les cahiers vendus au marché central de Bujumbura. Certains commerçants se plaignent qu’ils paient ces taxes en ce moment alors qu’ils le faisaient à la fin du mois. Le directeur de la SOGEMAC, quant à lui, explique que les taxes s’élevant à 15 000 Fbu se payent pour les vendeurs qui n’ont pas de places ou pour ceux qui ajoutent des cahiers aux articles déjà connus.

Education

300 postes d’enseignants disponibles contre 1000 candidats dans ce domaine à Bururi.
A la veille de la rentrée scolaire, environ 1000 dossiers de demande d’emplois d’enseignements au primaire sont déjà déposés à la direction provinciale de l’enseignement à Bururi, alors que cette province a besoin de plus de 300 enseignants au cours de cette année scolaire. Les demandeurs d’emploi vaudraient que des tests de sélection soient organisés afin d’assurer la transparence.

mardi 14 septembre 2010

La FIJ et la FAJ appellent le Président du Burundi à faire libérer un journaliste accusé de trahison

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et son organisation régionale africaine la Fédération Africaine des Journalistes (FAJ) ont exprimé leur grande indignation face à la détention continue du journaliste Jean Claude Kavumbagu, Directeur de l’Agence Netpress, arrêté le 17 juillet 2010 et accusé de trahison, accusation le plaçant sous le risque d’une peine de prison à perpétuité.



Dans une lettre commune adressée à son Excellence Pierre Nkunrunziza, Président de la République du Burundi, Jim Boumelha et Omar Faruk Osman, respectivement Présidents de la FIJ et de la FAJ ont déclaré que “la décision de détenir le journaliste est irrégulière parce qu’au regard de la loi on ne peut maintenir quelqu’un en détention que s’il porte atteinte à l’ordre public. Or, depuis la publication de cet article, aucun fait n’a été signalé pour prouver cette inquiétude”



Les deux Présidents de fédérations se sont interrogés sur les raisons de la détention de leur collègue Jean Claude Kavumbagu, arguant que, « le motif de maintenir notre confrère à la disposition de la justice, le Ministère public n’a pas prouvé, au cours de l’audience du 1er septembre 2010, de quelque manière que ce soit que notre confrère a refusé de répondre à une seule convocation, malgré les multiples tracasseries qu’il a subies auparavant de la part des autorités judiciaires.»



La lettre au Président Pierre Nkurunziza a clairement souligné que la Fédération Internationale des Journalistes et la Fédération Africaine des Journalistes considèrent cette arrestation comme une violation des droits des journalistes et constitue un réel motif d’inquiétude et de préoccupation pour la communauté des journalistes en général et des collègues journalistes burundais en particulier. Jim Boumelha et Omar Faruk ont appelé le Gouvernement burundais au “respect de la liberté d’expression et d’opinion tel que garanti par la Constitution (du Burundi) et des instruments internationaux que le Burundi a signé et ratifié.



“La détention illégale de Jean Claude Kavumbagu est une grossière infraction aux droits fondamentaux des journalistes et citoyens du Burundi” ont soutenu les deux Présidents qui ont appelé Pierre Nkurunziza à « user de son autorité pour faire libérer Jean Claude Kavumbagu, faire respecter les droits constitutionnels des journalistes et promouvoir une justice équitable qui dépénalise les délits de presse à l’endroit de professionnels des médias.



Selon des informations fournies par l’Union Burundaise des Journalistes (UBJ) affilié à la FAJ et à la FIJ, le Tribunal de grande instance de Bujumbura, en sa séance du 06 septembre 2010 a rendu une décision confirmant le maintien en détention provisoire de notre collègue après les délais fixés par la loi, et aucune date n’a été fixée par le juge pour examiner l’affaire.

Source: FIJ

lundi 13 septembre 2010

2009, année noire pour les défenseurs des droits de l’homme


L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme a publié lundi 13 septembre son rapport annuel. Selon ce document, l’année 2009 a particulièrement été éprouvante pour les hommes et les femmes qui incitent les pouvoirs en place à respecter la démocratie, la justice ainsi que les droits économiques et sociaux. C’est un rapport volumineux, qui fait le tour des cinq continents.

C’est un rapport de 567 pages, dont une centaine est consacrée à l’Afrique sub-saharienne. L’Observatoire y relève de nombreux assassinats des défenseurs des droits de l’homme dans des pays comme le Burundi, le Kenya, le Nigeria, les deux Congo ou encore la Somalie. Des défenseurs qui sont parfois dénigrés. Il y a un an, le président gambien, Yayah Jammeh s'exprimant à la télévision, menacait de les tuer.

Le harcèlement se fait particulièrement lors des crises politiques. Au lendemain du massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry en Guinée, des défenseurs ont été arrêtés. Ailleurs, ils sont intimidés à l'approche des élections comme en Ethiopie, Mauritanie, Rwanda ou au Soudan.

La répression ne vise pas seulement les membres des associations de défense des droits de l’homme. Elle touche aussi ceux qui se battent pour le respect des droits économiques et sociaux, ceux qui dénoncent la corruption dans tous les domaines.

Et lorsqu’ils ne sont pas assassinés, -par exemple le meurtre en mai 2009 du vice-président d’un organisme de lutte contre les malversations économiques au Burundi, la mort d'un journaliste au Congo Brazzaville dans un incendie criminel-, ils sont poursuivis devant la justice comme au Cameroun, au Gabon, en Centrafrique, ou encore au Zimbabwe.

Syndicalistes ou journalistes rendant publiques des violations des droits de l’homme sont aussi intimidés, pire assassinés, le Congo Kinshasa étant parmi le peloton de tête des pays les plus liberticides.

Source: RFI

dimanche 12 septembre 2010

Une nouvelle rébellion refait surface au Burundi


Un policier et quatre civils ont été tués dans la nuit du 10 au 11 septembre 2010 dans le nord et le centre du Burundi lors de deux incidents attribués par les autorités à « des bandits non identifiés ». Ces actes de violence surviennent alors que des rumeurs persistantes font état de la résurgence d'une nouvelle rébellion.

Cette fois, ces groupes armés non identifiés ont frappé dans deux localités, dans les provinces de Kayanza dans le nord du Burundi, et dans la province de Gitega au centre. Le bilan est lourd : 5 morts, dont un policier, et 4 blessés.

Depuis fin mai 2010 et la contestation du processus électoral, les attaques de villages, les assassinats ciblés et autres embuscades se sont multipliés alors que plusieurs opposants dont le leader des ex-rebelles des FNL (Forces nationales de libération du Burundi), Agathon Rwasa sont rentrés dans la clandestinité.

Tout aussi inquiétant, l’on parle de policiers et de soldats qui auraient déserté pour rejoindre le maquis et depuis une semaine, un des anciens chefs militaires des FNL qui avait intégré l’armée régulière burundaise manque officiellement à l’appel. Il aurait été blessé alors qu’il tentait lui aussi de rejoindre le maquis.

De plus en plus de Burundais sont aujourd’hui convaincus que même s’il n’y a pas eu de revendication officielle jusqu’ici, une nouvelle rebellion est en voie de se reformer dans les marais de l’ouest et dans la forêt de Kibira au nord, malgré les démentis répétés des autorités politiques et militaires qui assurent qu’il s’agit de : « groupes de bandits non identifiés qu’ils sont en train de combattre ».


Source: RFI