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samedi 2 octobre 2010

Burundi : RSF dénonce l’acharnement l’encontre des journalistes de la RPA

Reporters sans frontières dénonce l’acharnement des autorités burundaises à l’encontre des journalistes de Radio Publique Africaine (RPA), station associative liée au principal parti d’opposition Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD). Au cours des dernières semaines, l’organisation a recensé plusieurs tentatives de déstabilisation pour le moins préoccupantes.

La stigmatisation de RPA par le gouvernement burundais et la multiplication des arrestations de ses membres sont inacceptables. Nous craignons que ces mesures de rétorsion ne se concluent par la fermeture définitive de la station. Fondée par l’ancien journaliste et candidat à l’élection présidentielle, Alexis Sinduhije, principal initiateur du MSD, et considérée par le pouvoir comme la voix du parti d’opposition, la radio subit les conséquences des tensions politiques faisant suite aux consultations électorales de l’été dernier.

Arrestations en cascade

Depuis plus de quinze jours, le responsable du parc automobile de Radio Publique Africaine, Faustin Ndikumana, est détenu dans les cachots des services de renseignements à Bujumbura. Convoqué pour s’expliquer sur l’origine d’un véhicule dans lequel il a été arrêté, l’employé de la radio a été placé en détention provisoire deux jours plus tard. Il comparait devant le parquet de la mairie de Bujumbura.

Le 27 septembre 2010, François Nyamoya, porte-parole du MSD et avocat de RPA, a été placé en détention provisoire à la prison centrale de Bujumbura, après seulement quelques heures d’interrogatoire. Son arrestation fait suite à une plainte pour "injures" et "dénonciation calomnieuse" déposée par le chef des services de renseignements. Celui-ci lui reproche de l’avoir qualifié de "voleur" au cours d’une émission politique, le 19 septembre dernier.

Deux autres membres de la station comparaissent, depuis le 29 septembre dernier, devant le parquet de la mairie de Bujumbura. Jean-Marie Vianney Hicuburundi, représentant légal et gestionnaire de la radio, et Alain Ntamagendero, directeur administratif et financier, sont interrogés dans le cadre d’une information judiciaire concernant RPA. Leonce Niyongabo, directeur de l’antenne de RPA à Ngozi (nord du pays), est convoqué aujourd’hui, 1er octobre 2010, toujours dans le cadre d’une information judiciaire.

Tracasseries administratives

Le 22 septembre, en tant que représentant légal de la radio, Jean-Marie Vianney Hicuburundi a reçu une lettre du ministre de l’Intérieur burundais lui demandant de rectifier les erreurs de forme et de fond que contiendrait l’agrément de l’association.

Nous ne comprenons pas les raisons qui poussent les autorités à réclamer, aujourd’hui, une mise en conformité des statuts de la radio. L’agrément a été délivré à cette station associative il y a plus de dix ans et le décret-loi à laquelle les autorités se réfèrent pour la mise en conformité date de 1992. Pourquoi RPA n’a-t-elle jamais été inquiétée sur ce point durant toutes ces années ?

Mise à l’écart

Enfin, les journalistes de RPA sont parfois écartés de certaines réunions publiques. Ainsi, lors d’une conférence de presse donnée le 23 septembre dernier, le président de la République, Pierre Nkurunziza, de retour d’un voyage en Inde, a refusé l’entrée aux journalistes de la radio. Trois autres stations privées (Isanganiro, Bonesha FM et la radio et télévision privée Renaissance) se sont vu également interdire l’accès à ce rendez-vous auquel seuls les médias progouvernementaux ont pu assister.



Source: RSF

vendredi 1 octobre 2010

RD Congo : Un rapport de l’ONU révèle des crimes graves

Les membres des Nations Unies devraient entreprendre un effort international concerté pour entamer des enquêtes judiciaires sur les graves violations des droits humains commises en République démocratique du Congo documentées par l'ONU, et traduire leurs auteurs en justice, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le 1er octobre 2010, le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a publié le rapport de son projet de mapping (« état des lieux ») sur les droits humains au Congo. Ce rapport traite des violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises au Congo entre mars 1993 et juin 2003.

« Ce rapport détaillé et approfondi est un rappel puissant de l'ampleur des crimes commis au Congo et de l'absence choquante de justice », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Ces événements ne peuvent plus être passés sous silence. Suivi d'une action régionale et internationale ferme, ce rapport pourrait constituer une contribution majeure à la fin de l'impunité qui sous-tend le cycle d'atrocités dans la région africaine des Grands Lacs. »

Le rapport comprend une description de 617 incidents violents, survenus dans toutes les provinces, et montre le rôle de toutes les principales parties congolaises et étrangères qui s'en sont rendues responsables - notamment des militaires ou groupes armés du Rwanda, de l'Ouganda, du Burundi et de l'Angola.

Une précédente version du rapport a été divulguée à la presse en août. Le gouvernement rwandais, dont les militaires sont accusés de certains des crimes les plus graves documentés dans le rapport, a réagi avec colère, menaçant de retirer des missions de l'ONU ses soldats du maintien de la paix si l'ONU publiait le rapport.

« L'ONU a fait ce qu'il fallait en refusant de céder à ces menaces et en publiant le rapport », a indiqué Kenneth Roth. « Ces informations ont été étouffées pendant trop longtemps. Le monde a le droit de savoir ce qui s'est passé, et les victimes ont droit à la justice. »

L'ONU a tenté d'enquêter sur certains des événements décrits dans le rapport, notamment en 1997 et 1998, mais ces enquêtes ont été bloquées à plusieurs reprises par le gouvernement congolais, dirigé alors par Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel président, Joseph Kabila. En dépit de ces tentatives, des informations sur les massacres, les viols et autres exactions perpétrées contre des réfugiés rwandais et des citoyens congolais à la fin des années 90 ont été publiées à l'époque par l'ONU et par des organisations de défense des droits humains. Toutefois, aucune action n'a été entreprise pour exiger des comptes aux auteurs de ces crimes.

« Il est temps d'identifier et d'engager des poursuites contre les personnes qui ont perpétré et ordonné ces atrocités, en allant jusqu'au sommet de la chaîne de commandement », a insisté Kenneth Roth. « Les gouvernements à travers le monde ont gardé le silence pendant que des centaines de milliers de civils non armés étaient massacrés au Congo. Ils ont une responsabilité aujourd'hui de veiller à ce que la justice soit rendue. »

L'un des passages du rapport les plus controversés concerne les crimes commis par des militaires rwandais. Le rapport de l'ONU soulève la question de savoir si certains de ces crimes peuvent être qualifiés de « crimes de génocide ». L'utilisation possible du terme de « génocide » pour décrire le comportement de l'armée rwandaise a dominé l'attention apportée par les médias à la couverture du rapport précédemment divulgué.

« Les questions de qualification et de terminologie sont importantes, mais ne devraient pas éclipser la nécessité d'agir sur le contenu du rapport, quelle que soit la façon dont les crimes sont qualifiés », a expliqué Kenneth Roth. « À tout le moins, les troupes rwandaises et leurs alliés congolais ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité à une échelle massive, et de grands nombres de civils ont été tués en toute impunité. C'est de cela que nous devons nous souvenir, et c'est cela qui réclame une action concertée pour la justice. »

Le rapport a reçu le soutien généralisé de la société civile congolaise, 220 organisations congolaises signant une déclaration saluant le rapport et appelant à un ensemble de mécanismes pour rendre la justice.

Le projet de mapping a pour origine les précédentes enquêtes menées par l'ONU sur les crimes commis au Congo entre 1993 et 1997. En septembre 2005, la mission de maintien de la paix de l'ONU au Congo, la MONUC, a découvert trois fosses communes à Rutshuru, dans la province du Nord Kivu, dans l'est du Congo, liées à des crimes commis en 1996 et 1997. Cette macabre découverte a servi de déclencheur à la réouverture des enquêtes. Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, avec le soutien du Secrétaire général de l'ONU, a démarré le projet de mapping et élargi le mandat pour inclure les crimes commis durant la seconde guerre du Congo, entre 1998 et 2003.

Le projet de mapping a été réalisé avec le soutien du gouvernement congolais. Toutefois, le système judiciaire congolais n'a ni les capacités ni les garanties suffisantes d'indépendance pour rendre la justice pour ces crimes de manière adéquate, a indiqué Human Rights Watch. Le rapport suggère en conséquence d'autres options, impliquant une combinaison de juridictions congolaises, étrangères et internationales.

Ces juridictions pourraient inclure un tribunal doté de personnel tant congolais qu'international, ainsi que des poursuites engagées par d'autres États sur la base de la compétence universelle. Human Rights Watch appuie la création d'une chambre mixte, ayant compétence sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par le passé et actuellement au Congo.

Les pays de la région dont les armées sont impliquées dans le rapport devraient mener leurs propres enquêtes et entreprendre une action contre les individus auteurs de crimes, a déclaré Human Rights Watch.

Le rapport est tout aussi important pour mettre en lumière les injustices du passé que pour sa pertinence relativement à la situation actuelle au Congo, a ajouté Human Rights Watch.

« Ce document va au-delà d'un simple rapport historique », a conclu Kenneth Roth. « Nombre des types d'exactions commises contre les civils et décrites par l'équipe de l'ONU se poursuivent au Congo de nos jours, nourries par une culture d'impunité. La création d'un mécanisme de justice chargé de traiter les crimes du passé et du présent sera essentielle pour mettre fin à ce cycle d'impunité et de violence. »


Source: HRW

Conseil des droits de l'homme : le Burundi esquive la critique

Bujumbura a réussi à faire reporter l'examen devant le Conseil des droits de l'homme. Malgré la réélection du président Nkurunziza en juin 2010, opposants, activistes et journalistes sont harcelés, emprisonnés et menacés de mort.

A peine sorti de la guerre, le Burundi replonge dans la violence. Rien que la semaine dernière, 14 corps ont été retrouvés à une dizaine de kilomètres de la capitale Bujumbura. Harcèlements, arrestations arbitraires, menaces de mort et exécutions sommaires se multiplient trois mois après l'élection du président Pierre Nkurunziza avec 92% des votes. Premiers visés, les défenseurs des libertés, les journalistes et les opposants politiques, dont plusieurs ont pris la voie de l'exil. Les organisations internationales et l'ONU tirent la sonnette d'alarme, en vain. En juin, la représentante de Human Rights Watch (HRW), Neela Ghoshal, en poste depuis trois ans dans ce pays des Grands lacs, était expulsée.

Critique "verrouillée"

Mardi dernier, l'expert indépendant Fatsah Ouguergouz aurait dû faire son rapport sur le Burundi devant le Conseil des droits de l'homme (CDH), à Genève. Mais cet exercice a été repoussé à la session de mars. Raison officielle : la délégation burundaise n'aurait pas encore eu connaissance du rapport, donc ne pouvait préparer son droit de réponse. Mais pour Neela Ghoshal, qui a fait le déplacement depuis Nairobi pour l'occasion, le vrai motif est ailleurs. "Le gouvernement verrouille toute possibilité de critique à son encontre. Il n'est même pas certain que le rapport soit présenté en mars", soutient-elle. Lors d'une conférence de presse donnée le 25 juin, le précédent expert de l'ONU chargé d'étudier la situation des droits de l'homme au Burundi s'alarmait déjà des violences et des abus commis dans le pays.

Dans une lettre (dont nous avons obtenu copie) adressée le 21 septembre au président du Conseil, l'ambassadeur thaïlandais Sihasak Phuangketeow, Bujumbura invoque aussi la résolution 9/19 qui stipule que l'expert indépendant ne s'exprimerait qu'après la mise en place dans le pays d'une Commission indépendante des droits de l'homme. Le Burundi s'était effectivement engagé en 2008 à ce que cette commission voie le jour début 2009, mais rien n'a été fait jusque-là.

"Le Burundi ne veut surtout pas de mauvaise note alors que son président vient d'être réélu. Cela embarrasserait les bailleurs occidentaux, et le pays a trop besoin d'argent", analyse Alexis Sinduhije. Cet ancien correspondant de la BBC et de l'agence Reuters a fondé la Radio publique africaine à Bujumbura qui a enquêté sur de nombreuses affaires sensibles. Il a aussi travaillé pour Radio Agatashya, créée sous l'égide de la Fondation Hirondelle, comme alternative aux médias de la haine. Depuis 2008, Alexis Sinduhije a quitté sa casquette de journaliste pour fonder un mouvement politique d'opposition. Menacé de mort, il a quitté le pays il y a deux mois.

Frustration latente

Pour lui, le durcissement des autorités entretient une frustration latente poussant une partie des opposants, dont beaucoup de jeunes, à reprendre les armes. Particulièrement inquiétant, l'existence de Radio Rema-FM dont les incitations à la haine évoquent la tristement célèbre Radio des Milles Collines qui diffusait une propagande haineuse contre les Tutsis et les Hutus modérés durant le génocide rwandais de 1994. "Cette radio, qui est encouragée par le président, diffuse des propos diffamatoires graves incitant à la haine ethnique", avertit-il, rappelant que le pays a déjà payé son tribut à une guerre civile qui avait fait 300?000 morts entre 1993 et 2006.

Une crainte partagée par Neela Ghoshal, qui relève cependant que le danger aujourd'hui n'est plus d'ordre ethnique mais politique. "Les compositions sont maintenant mixtes (Hutus et Tutsis) au sein du gouvernement et des forces de sécurité, rappelle-t-elle. Les conflits actuels ont lieu essentiellement entre Hutus". Pour elle comme pour l'ancien journaliste, la solution passe par une ouverture d'un espace démocratique dans le pays. "Si ces jeunes ont la possibilité de participer au processus politique et de s'exprimer sans craindre la répression, ils ne choisiront pas les armes", soutient Alexis Sinduhije.


Source: Info Sud

mercredi 29 septembre 2010

La Belgique préoccupée par les arrestations récentes au Burundi


Le ministre belge des Affaires étrangères Steven Vanackere (CD&V) a exprimé mardi soir sa préoccupation au sujet des arrestations récentes au Burundi du journaliste Jean-Claude Kavumbagu et du porte-parole du parti MSD, Maître François Nyamoya.

Dans un communiqué, le ministre appelle les autorités burundaises à respecter la liberté d'expression telle que prévue dans le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques ratifié par le Burundi et inscrite dans la Constitution même du Burundi.

M. Vanackere a tenu à mettre le pays en garde contre tout recours à la violence comme mode d'expression politique. "Ce serait inacceptable pour la Communauté Internationale", selon le Ministre Vanackere qui invite l'ensemble des partis politiques burundais à condamner fermement toute forme de violence et à y renoncer irrévocablement.

Il les appelle dans la foulée à coopérer avec les autorités burundaises dans l'enquête sur les attaques à la grenade qui ont eu lieu en juin et juillet derniers, mais il encourage également les autorités burundaises à soumettre à une enquête approfondie les allégations de torture rendues publiques récemment. (EDR)


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Communiqué de presse du SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au Développement

Préoccupation de Steven Vanackere au sujet d'arrestations au Burundi.

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères Steven Vanackere exprime sa préoccupation au sujet des arrestations récentes au Burundi du journaliste Jean-Claude Kavumbagu et du porte-parole du parti MSD Maître François Nyamoya. A cet égard, le Ministre appelle les autorités burundaises à respecter la liberté d’expression telle que prévue dans le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques ratifié par le Burundi et inscrite dans la Constitution même du Burundi.

Comme il a pu le faire lors de son entretien à New York avec M. Rufyikiri Gervais, 2ème Vice-Président , le Ministre Vanackere encourage le dialogue entre les partis politiques burundais, en ce compris les partis extra-parlementaires. Il espère que ce dialogue puisse être maintenu voir renforcé afin de permettre à tout acteur politique de participer de manière responsable et constructive au débat politique dans son pays. La Belgique se dit prête à appuyer toute initiative ayant pour objectif de faciliter ce dialogue politique, a également indiqué le Ministre Vanackere.

Le Ministre met en garde contre tout recours à la violence comme mode d’expression politique. « Ce serait inacceptable pour la Communauté Internationale », indique le Ministre Vanackere qui invite l’ensemble des partis politiques burundais à condamner fermement toute forme de violence et à y renoncer irrévocablement. Il les appelle à coopérer avec les autorités burundaises dans l’enquête sur les attaques à la grenade qui ont eu lieu en juin et juillet derniers, mais il encourage également les autorités burundaises à soumettre à une enquête approfondie les allégations de torture rendues publiques récemment.


Source: Belga

mardi 28 septembre 2010

Arrestation de François Nyamoya, le porte-parole du MSD



Me François Nyamoya
Le porte-parole d'un parti d'opposition, Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD), a été arrêté et écroué lundi à Bujumbura pour "injures" et "dénonciation calomnieuse" sur plainte du patron des services secrets burundais.

François Nyamoya "a été arrêté et écroué à la prison centrale de Mpimba ce matin (...), alors qu'il n'a commis aucune infraction", a déclaré son avocat, Me Gérard Havyarimana.

Le porte-parole du MSD "est poursuivi pour des propos tenus au cours d'une émission politique sur la radio RPA le 19 septembre, (...)", a expliqué l'avocat.

Suite à cette émission, le chef des services de renseignements, le général Adolphe Nshimirimana, avait porté plainte pour "injures et diffamations", et "dénonciation calomnieuse", a-t-il précisé.

M. Nyamoya encourt une peine de 10 ans de prison, selon la loi burundaise.

Le général Nshimirimana, ancien chef d'état-major des rebelles hutus des Forces de défense de la démocratie (FDD, aujourd'hui au pouvoir), est l'un des hommes forts du pouvoir et principaux collaborateurs du président Pierre Nkurunziza.

Les services secrets burundais, aux pouvoirs très étendus et qui dépendent directement du chef de l'Etat, ont été mis en cause dans plusieurs cas d'arrestations, tortures, exécutions sommaires d'opposants politiques au cours des cinq dernières années.

L'arrestation de M. Nyamoya survient après celle de centaines membres de l'opposition ces deux derniers mois.

"Une trentaine de cadres et de militants du MSD ont été arrêtés depuis deux mois, dont dix ces trois derniers jours", a indiqué un cadre du MSD, sous couvert d'anonymat. Le président du MSD, l'ancien journaliste Alexis Sinduhije, a fui le pays.

"Plus de 200 membres des FNL (ex-rebelles des Forces nationales de libération) ont été arrêtés au cours des deux derniers", a par ailleurs indiqué le vice-président de cette formation d'opposition, Alfred Bagaya.

Ces informations ont été confirmées par des sources policières et associatives.

Le pouvoir soupçonne les FNL et le MSD d'être derrière les nouvelles violences au Burundi, qui ont fait plus d'une trentaine de tués en deux semaines et semblent confirmer les rumeurs sur la présence de nouvelles poches de rébellion dans les marais de la Rukoko et dans la forêt de la Kibira.

Le Burundi sort de 13 ans d'une guerre civile qui a fait plus de 300.000 morts.

Source: AFP

Les informations du 27 septembre 2010

Justice

Arrestation de Maître François Nyamoya après une plainte déposée par l’avocat du Général Adolphe Nshimirimana.
Maître François Nyamoya vient d’être conduit à la prison centrale de Mpimba après qu’il ait répondu ce lundi à une convocation du procureur de la République en Mairie de Bujumbura. Une plainte contre Maître Nyamoya avait été déposée le 20 septembre dernier par Maître Arcade Habonimana, avocat conseil du général major Adolphe Nshimimana, patron du Service National des Renseignements. Maître Nyamoya est accusé par Adolphe Nshimirimana d’injures et diffamations pour avoir traité ce dernier d’assassin et de voleur sur la voix des ondes. Il est également accusé par le chef du service de renseignement de dénonciation calomnieuse pour avoir écrit une lettre au Président de la République pour le limoger de ses fonctions. Maître François Nyamoya précise qu’il a dit seulement qu’ il y a des bandits dans le service de renseignement et indique que tout citoyen a le droit de dire tel responsable travaille mal et cela ne constitue pas une infraction. Rappelons que Maître François Nyamoya a vu son client, un ancien policier du nom de Jackson Ndikuriyo, assassiné et l’avocat accusait les hauts responsables de la police dont le directeur général adjoint de la police.

Sécurité

Les familles des quatre corps trouvés sur les rives du lac Tanganyika ont appris le décès des leurs sur la voix des ondes, la mort dans l’âme.
Tristesse et désolation caractérisent la famille d’Augustin Niyibizi. Cet officier de la police a trouvé la mort d’une façon non encore élucidée dans la réserve de la Rukoko. Il était originaire de la colline Gisagara, commune Mubimbi province de Bujumbura. Sa mère et sa sœur indiquent que c’est lui qui s’occupait de la famille au niveau financier.
Même situation à Ngozi où sont originaires les trois autres individus trouvés morts sur les rives du lac Tanganyika. Chagrin, souffrance, inquiétudes sont sur les visages des membres des familles de ces disparus à la colline Mushonge dans la commune Nyamurenza. Ces familles, par la voix des ondes, ont appris la découverte des corps des leurs sur les rives du lac Tanganyika. Au cas où cette information était certifiée, ces familles demandent l’élucidation des circonstances de la mort des leurs, la confirmation de leurs décès et l’inhumation de ces corps en toute dignité.

Un employé du cabaret «Sabemeli » à Rohero tué par des bandits vers 2h du matin.
Une personne du nom de Willy Ninahazwe, 25 ans, est morte, tuée par des bandits cette nuit au quartier INSS de la commune Rohero en Mairie de Bujumbura. La victime était veilleur dans un cabaret nommé « Bar Sabemeli » et les brigands sont arrivés à 2h du matin dans la maison stock de bière où il dormait. Les bandits l’ont tué à l’aide d’une grosse pierre selon son collègue qui a tout vu mais n’a pas pu intervenir car craignant que les voleurs avaient des fusils. Ce dernier s’est mis à hurler et les cambrioleurs ont pris la fuite. Le corps se trouve actuellement à la morgue de l’hôpital Prince Régent Charles. Signalons que c’est la quatrième fois que les bandits tentent de voler ce cabaret.



Insécurité grandissante dans les communes Kabezi et Muhuta en province de Bujumbura rural.
Une personne du nom de Thomas Nyandwi a été tuée dans la nuit de ce dimanche sur la colline Gihangange, zone Migera, commune Kabezi en province de Bujumbura. Les bandits amés ont trouvé la famille de Thomas en pleine causerie vers 20h 30 et leur ont ordonné de coucher plat ventre. Les autres se sont exécutés mais Thomas Nyandwi a préféré se sauver. Les tueurs l’ont rattrapé et l’ont exécuté devant sa famille. L’administration locale fait savoir que des personnes armées de fusil purulent dans cette commune et demande à la population d’ouvrir l’œil. Signalons également qu’en commune de Muhuta, des hommes armés ont pillé et puis brulé une boutique dans la même nuit de ce dimanche.

Un homme du troisième âge, soupçonné de sorcellerie, a reçu une balle dans la poitrine en plein repas du soir en commune Murwi.
Un homme a été tué la nuit de ce dimanche dans le secteur Buhogora en province de Cibitoke, commune Murwi. Obède Nzikondi a reçu une balle au cœur vers 19h alors qu’il partageait le repas du soir avec sa famille. Les auteurs de ce crime ne sont pas encore identifiés. Mais des sources à Cibitoke disent que ce vieillard était soupçonné d’être sorcier. L’administration locale et la police à Cibitoke disent qu’elles vont sensibiliser la population pour qu’elle ne se fasse plus justice.

Echange des coups de feu entre la police et les bandits armés qui venaient de piller à Rugazi.
Des ménages de Kameramanyundo et des kiosques se trouvant près du marché de Muzinda en commune Rugazi en province de Bubanza ont été la cible d’une attaque perpétrée par un groupe d’hommes armés de fusils ce dimanche vers 20h 30. Argent, téléphones portables ont été volés par ces hommes. Certains de ces bandits étaient en tenue policière selon les victimes et ces derniers ont poussé des cris jusqu’à alerter la police qui a intervenu. Ce groupe a échangé des coups de feu avec les policiers puis il s’est replié en direction de Magarure en province de Bujumbura.

Politique

Emmanuel Miburo, qui a évincé Agathon Rwasa à la tête du FNL, affirme que les tueries de Rukoko sont l’œuvre de ce dernier alors que la police parle de bandits.
Lors d’une conférence de presse de ce lundi, Emmanuel Miburo, président du parti FNL reconnu par le gouvernement, déclare que les tueries de Rukoko sont opérées par des membres du FNL d’Agathon Rwasa et indique avoir des preuves. Emmanuel Miburo contredit la police à propos de l’identité des auteurs des dernières tueries de Rukoko. Des massacres qui avaient emporté des ouvriers œuvrant dans les plantations de cannes à sucre de l’homme d’affaire Nahum Barankiriza. Selon Emmanuel Miburo, les auteurs de ces tueries sont d’anciens camarades à lui au parti FNL. Pourtant, la police nationale, par le biais de Fabien Ndayishimiye, directeur général de ce corps, avait avancé, la semaine passée, que les auteurs de ces tueries sont de simples bandits.

lundi 27 septembre 2010

Dans la réserve de la Rukoko, «ils se déplacent par groupe de 100 à 200 individus»

Les habitants proches de la Rukoko confirment la présence d'une rébellion dans cette réserve naturelle. Iwacu a recueilli leurs témoignages.

Secteur Gihungwe de la colline Cabizi à une dizaine de kilomètres du chef lieu de la commune Gihanga. La population vaque à ses occupations. Un calme trompeur. Un avion militaire patrouille dans les airs, au dessus de la grande forêt de la Rukoko. On entend des coups de feu nourris.
Un habitant de Rukoko témoigne : «Nous avons entendu des explosions des bombes de l'autre côté de la frontière congolaise. Et il y a des combats à l'arme lourde depuis ce matin mais nous ne savons pas qui se bat contre qui. » Interrogé, Emmanuel Vyatasi, chef du secteur confirme : « Ces combats se déroulent sur la colline Camate en RDC (République Démocratique du Congo) proche de la colline Zina en province Bubanza. Ils ont commencé très tôt ce matin. »

Qui se battent?

Pour la population de Cabizi, ces combats opposeraient l'armée burundaise à ce que le gouvernement qualifie « de groupes de bandits ». Selon elle, des militaires ont traversé la frontière pour aller traquer ces gens en RDC.
Même le chef du secteur Cabizi ne croit plus à la version officielle qui parle de simples bandits : « Je ne pense pas que ça soit un groupe de simples bandits car ils se déplacent par groupe de 100 à 200 individus. » Pour lui, de simples voleurs ne tuent pas de gens innocents comme ils l'ont fait dans les plantations de l'homme d'affaires Nahum Barankiriza. »

La réserve naturelle de la Rukoko se trouve dans le parc national de la Rusizi qui est situé à 10 km de la ville de Bujumbura. Il est limité à l’ouest par la rivière Rusizi ; à l’est par la RN5 (route Bujumbura-Cibitoke) ; au Sud par le lac Tanganyika, par la RN4 (route Bujumbura-Gatumba), par la grande Rusizi et la commune Mpanda.
Un ancien militaire démobilisé qui habite Cabizi va plus loin. Sous anonymat, il confie : « Je suis un ancien militaire et je connais le mode d'opération des rebelles. Ces gens ne peuvent pas être de simples bandits comme le gouvernement veut nous le faire croire. Ce sont des rebelles Ils s'infiltrent parmi la population et s'adaptent facilement à l’environnement. »
La preuve, ajoute-t-il, quatre jeunes hommes ont été attrapés par la population, jeudi 16 septembre 2010 à Cabizi. Une vieille femme les avait reconnus comme les auteurs d'une exécution de 5 personnes à Vugizo dans la zone Gatumba.
Selon cet ancien militaire, la population a remis ces quatre personnes à une position militaire de Cabizi. Pour lui, il ne fait aucun doute que ces rebelles existent : « La question est de savoir qui est leur chef et quelles sont leurs revendications ou objectifs? »

Joseph N., un cultivateur rencontré dans la localité de Kameme est du même avis. Il affirme qu'il les voit souvent traverser la réserve de la Rukoko : « Ils font des navettes entre Vugizo, Kameme et Kwiriba. Ils arrivent à Kameme vers 10 heures. Ils sont généralement à 100 personnes bien armées et habillées en tenues militaires neuves. »

EVyatasi
Emmanuel Vyatasi : «De simples bandits ne tuent pas gratuitement des gens.» Iwacu
N.G, rencontré dans ses champs de plantation à Rukoko abonde dans le même sens. Selon lui, les gens qui se rendent à Rukoko pour chercher du bois de chauffage ou pour cultiver sont souvent arrêtés: « Ils nous demandent de chanter l'hymne du parti auquel nous adhérons: Celui qui confie qu'il est militant du CNDD-FDD est immédiatement exécuté. »
Pour lui, ces « rebelles » viennent de la République démocratique du Congo dans la localité de Kiliba: « Chaque groupe passe au maximum trois semaines à Rukoko. Par après, une nouvelle équipe prend la relève et les autres regagnent la Kibira et la RDC. »

Ils forcent des gens à transporter des sacs

Ce cultivateur dans cette réserve naturelle de la Rukoko précise encore que ces « rebelles » avaient exigé à Nahum Barankiriza de verser une somme de 12 millions par mois, chose qu'il n'a pas faite. N.G estime que cela serait la raison de l'attaque menée contre ses travailleurs.

G.D, un habitant de Gihanga qui se rend souvent à Rukoko pour chercher du charbon, indique que des combats ont opposé ces hommes en uniformes à la police: « C'était ce vendredi aux 7è et 8ème avenue à Gihanga. » La même source parle de trois policiers qui seraient directement morts sur le champ.

M.E habite aussi la commune Gihanga. Il raconte qu'il a vu ces hommes armés au cours de ce mois: « Je me rendais dans le secteur Kameme dans la forêt de la Rukoko parce que j' y ai un champ de tomates et de haricots. Ils sont venus, armés de fusils et nous ont obligés de les aider à transporter des sacs dont nous ignorons le contenu. »
Selon lui, ils sont arrivés en République Démocratique du Congo en pleine nuit: « Deux d'entre eux nous ont raccompagnés jusqu'à la rivière Rusizi et nous ont obligés de ne plus retourner dans cette réserve naturelle. Sept hommes qui y sont retournés après nous ont été ligotés et tués.»

Iwacu a contacté Nahum Barankiriza et le porte-parole de la police; sans succès.


Pour votre information: La réserve naturelle de la Rukoko se trouve dans le parc national de la Rusizi qui est situé à 10 km de la ville de Bujumbura. Il est limité à l’ouest par la rivière Rusizi ; à l’est par la RN5 (route Bujumbura-Cibitoke) ; au Sud par le lac Tanganyika, par la RN4 (route Bujumbura-Gatumba), par la grande Rusizi et la commune Mpanda.

Source: IWACU