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lundi 27 septembre 2010

Dans la réserve de la Rukoko, «ils se déplacent par groupe de 100 à 200 individus»

Les habitants proches de la Rukoko confirment la présence d'une rébellion dans cette réserve naturelle. Iwacu a recueilli leurs témoignages.

Secteur Gihungwe de la colline Cabizi à une dizaine de kilomètres du chef lieu de la commune Gihanga. La population vaque à ses occupations. Un calme trompeur. Un avion militaire patrouille dans les airs, au dessus de la grande forêt de la Rukoko. On entend des coups de feu nourris.
Un habitant de Rukoko témoigne : «Nous avons entendu des explosions des bombes de l'autre côté de la frontière congolaise. Et il y a des combats à l'arme lourde depuis ce matin mais nous ne savons pas qui se bat contre qui. » Interrogé, Emmanuel Vyatasi, chef du secteur confirme : « Ces combats se déroulent sur la colline Camate en RDC (République Démocratique du Congo) proche de la colline Zina en province Bubanza. Ils ont commencé très tôt ce matin. »

Qui se battent?

Pour la population de Cabizi, ces combats opposeraient l'armée burundaise à ce que le gouvernement qualifie « de groupes de bandits ». Selon elle, des militaires ont traversé la frontière pour aller traquer ces gens en RDC.
Même le chef du secteur Cabizi ne croit plus à la version officielle qui parle de simples bandits : « Je ne pense pas que ça soit un groupe de simples bandits car ils se déplacent par groupe de 100 à 200 individus. » Pour lui, de simples voleurs ne tuent pas de gens innocents comme ils l'ont fait dans les plantations de l'homme d'affaires Nahum Barankiriza. »

La réserve naturelle de la Rukoko se trouve dans le parc national de la Rusizi qui est situé à 10 km de la ville de Bujumbura. Il est limité à l’ouest par la rivière Rusizi ; à l’est par la RN5 (route Bujumbura-Cibitoke) ; au Sud par le lac Tanganyika, par la RN4 (route Bujumbura-Gatumba), par la grande Rusizi et la commune Mpanda.
Un ancien militaire démobilisé qui habite Cabizi va plus loin. Sous anonymat, il confie : « Je suis un ancien militaire et je connais le mode d'opération des rebelles. Ces gens ne peuvent pas être de simples bandits comme le gouvernement veut nous le faire croire. Ce sont des rebelles Ils s'infiltrent parmi la population et s'adaptent facilement à l’environnement. »
La preuve, ajoute-t-il, quatre jeunes hommes ont été attrapés par la population, jeudi 16 septembre 2010 à Cabizi. Une vieille femme les avait reconnus comme les auteurs d'une exécution de 5 personnes à Vugizo dans la zone Gatumba.
Selon cet ancien militaire, la population a remis ces quatre personnes à une position militaire de Cabizi. Pour lui, il ne fait aucun doute que ces rebelles existent : « La question est de savoir qui est leur chef et quelles sont leurs revendications ou objectifs? »

Joseph N., un cultivateur rencontré dans la localité de Kameme est du même avis. Il affirme qu'il les voit souvent traverser la réserve de la Rukoko : « Ils font des navettes entre Vugizo, Kameme et Kwiriba. Ils arrivent à Kameme vers 10 heures. Ils sont généralement à 100 personnes bien armées et habillées en tenues militaires neuves. »

EVyatasi
Emmanuel Vyatasi : «De simples bandits ne tuent pas gratuitement des gens.» Iwacu
N.G, rencontré dans ses champs de plantation à Rukoko abonde dans le même sens. Selon lui, les gens qui se rendent à Rukoko pour chercher du bois de chauffage ou pour cultiver sont souvent arrêtés: « Ils nous demandent de chanter l'hymne du parti auquel nous adhérons: Celui qui confie qu'il est militant du CNDD-FDD est immédiatement exécuté. »
Pour lui, ces « rebelles » viennent de la République démocratique du Congo dans la localité de Kiliba: « Chaque groupe passe au maximum trois semaines à Rukoko. Par après, une nouvelle équipe prend la relève et les autres regagnent la Kibira et la RDC. »

Ils forcent des gens à transporter des sacs

Ce cultivateur dans cette réserve naturelle de la Rukoko précise encore que ces « rebelles » avaient exigé à Nahum Barankiriza de verser une somme de 12 millions par mois, chose qu'il n'a pas faite. N.G estime que cela serait la raison de l'attaque menée contre ses travailleurs.

G.D, un habitant de Gihanga qui se rend souvent à Rukoko pour chercher du charbon, indique que des combats ont opposé ces hommes en uniformes à la police: « C'était ce vendredi aux 7è et 8ème avenue à Gihanga. » La même source parle de trois policiers qui seraient directement morts sur le champ.

M.E habite aussi la commune Gihanga. Il raconte qu'il a vu ces hommes armés au cours de ce mois: « Je me rendais dans le secteur Kameme dans la forêt de la Rukoko parce que j' y ai un champ de tomates et de haricots. Ils sont venus, armés de fusils et nous ont obligés de les aider à transporter des sacs dont nous ignorons le contenu. »
Selon lui, ils sont arrivés en République Démocratique du Congo en pleine nuit: « Deux d'entre eux nous ont raccompagnés jusqu'à la rivière Rusizi et nous ont obligés de ne plus retourner dans cette réserve naturelle. Sept hommes qui y sont retournés après nous ont été ligotés et tués.»

Iwacu a contacté Nahum Barankiriza et le porte-parole de la police; sans succès.


Pour votre information: La réserve naturelle de la Rukoko se trouve dans le parc national de la Rusizi qui est situé à 10 km de la ville de Bujumbura. Il est limité à l’ouest par la rivière Rusizi ; à l’est par la RN5 (route Bujumbura-Cibitoke) ; au Sud par le lac Tanganyika, par la RN4 (route Bujumbura-Gatumba), par la grande Rusizi et la commune Mpanda.

Source: IWACU

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