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samedi 14 août 2010

Reporters sans frontières se réjouit de la libération de Thierry Ndayishimiye

BURUNDI : Un directeur de publication placé en détention provisoire pour "diffamation" retrouve la liberté





Reporters sans frontières se réjouit de la remise en liberté provisoire du directeur de publication de l'hebdomadaire Arc-en-ciel, Thierry Ndayishimiye, incarcéré le 10 août 2010 pour "diffamation" et libéré provisoirement le 12 août dernier.

Le directeur général de la Régie nationale d'eau et d'électicité (Regideso) avait porté plainte contre le journaliste, le 30 juillet 2010, suite à la publication d'un article intitulé "Odeur d'un détournement de près de 280 millions Fbu" (environ 177 000 euros).

Dans cet article, l'hebdomadaire accusait le directeur général de la Regideso d'avoir couvert des irrégularités dans la gestion d'un chantier, occasionnant un manque à gagner important pour la société.

Le journal appuyait ces allégations sur le rapport de mission interne, offciellement signé par le directeur général, recommandant à la Regideso de procéder rapidement aux corrections des irrégularités.

Convoqué plusieurs fois dans le cadre de cette affaire, le directeur de publication a été placé en détention provisoire le 10 août 2010 pour délit de presse.

Le 12 août dernier, l'avocat de Thierry Ndayishimiye a pris connaissance de la décision du substitut du procureur de la république de Bujumbura de remettre en liberté son client. "Je remercie les magistrats qui ont compris que les délits de presse ne sont pas des crimes.

La décision de placement en détention provisoire de mon client ne se justifiait pas au regard du code de procédure pénale. La présomption d'innocence et la liberté doivent demeurer les principes avant tout jugement. Thierry Ndayishimiye va continuer à répondre aux convocations de la justice. Lorsque le procès s'ouvrira, nous plaiderons au fond afin de prouver son innocence", nous a déclaré son avocat, Me Gabriel Sinarinzi.

Reporters sans frontières rappelle que le directeur du journal en ligne Net Press, Jean-Claude Kavumbagu, placé en détention provisoire le 17 juillet dernier pour "trahison", est toujours en prison, dans l'attente de l'audience qui doit statuer sur la régularité de sa détention.

Le siège des trois juges qui devait examiner son dossier au début du mois d'août n'a pas pu se réunir. Le président du siège a été promu à une fonction supérieure, ce qui nécessite d'attendre la nomination d'un nouveau magistrat.

"Il s'agit d'une mesure dilatoire visant à retarder le plus possible la reprise du procès. La remise en liberté provisoire du directeur de publication d'Arc-en-ciel doit faire réagir les magistrats. Jean-Claude Kavumbagu doit être remis immédiatement en liberté", a déclaré Me Gabriel Sinarinzi, avocat du directeur de Net Press.

Jean-Claude Kavumbagu risque la prison à vie s'il est reconnu coupable.

mercredi 11 août 2010

Actualité burundaise du 10 août 2010

Médias :

1. Thierry NDAYISHIMIYE est incarcéré depuis ce 10 août à la prison centrale de Mpimba. Le directeur du journal Arc-en-ciel a d’abord été détenu au cachot du Parquet de la Mairie de Bujumbura pendant une heure. Il avait été convoqué pour donner d’amples explications sur son article en rapport à d’éventuels détournements au sein de la REGIDESO. Thierry NDAYISHIMIYE avait comparu le 06 août 2010 devant le substitut du parquet en Mairie de Bujumbura. Maître Gabriel SINARINZI, son avocat, indique que cette arrestation n’a suivie aucune norme légale ; (RPA, Bonesha FM, Isanganiro)

2. L’Observatoire de la Presse au Burundi (OPB) affirme être satisfait du travail qui a été effectué par les journalistes au cours de la période électorale. Cela a été indiqué par Innocent MUHOZI, président de l’OPB. Il a toutefois souligné que certains médias ont commis des délits de presse graves avec intention de nuire. C’était ce 10 août au cours de la publication du rapport de monitoring du mois de juin et juillet 2010 ; (RPA, Bonesha FM, Rema FM)

- Politique :

1. « La fouille perquisition à la permanence du parti MSD ne vise qu’à traquer l’opposition », affirment les partis regroupés au sein de l’ADC Ikibiri. Dans une conférence de presse de ce 10 août, cette alliance a indiqué qu’elle optait pour une opposition extraparlementaire. Elle a attesté qu’elle va faire une lutte conforme à la loi et non recourir aux armes. Léonce NGENDAKUMANA, président du parti Sahwanya Frodebu, a souligné que cette alliance ne reconnaît que Agathon RWASA à la tête du FNL ; (RPA, Bonesha FM)

2. Les anciens Chefs d’Etat Pierre BUYOYA et Domitien NDAYIZEYE ont une vision partagée sur l’activité politique. Pour Pierre BUYOYA, un politicien ne doit pas avoir peur d’être emprisonné alors que NDAYIZEYE souligne que le politicien ne doit pas être emprisonné pour ses activités politiques. Ce dernier affirme que l’emprisonnement du politicien ne fait pas avancer la démocratie. L’ex président Domitien NDAYIZEYE indique que le coup de force à la tête du parti FNL et la fouille perquisition à la permanence du MSD ne visent qu’à faire fuir les leaders politiques et à museler ceux qui restent ; (RPA, Isanganiro)

3. Le parti RADEBU s’est retiré de l’Alliance Démocratique pour le Changement (ADC Ikibiri). Ce parti de Jean De Dieu MUTABAZI s’est engagé à suivre de près l’action gouvernementale dans tous les secteurs de la vie nationale. Selon MUTABAZI, il se retire de l’ADC Ikibiri car l’avenir de cette alliance devient de plus en plus incertain ; (RPA, Bonesha FM, Rema FM)

- Economie : Le chemin est encore long pour que le Burundi puisse effectivement s’intégrer dans la communauté est africaine. Cet avis est du consultant Godefroid MANIRAKUNDA qui a fait une étude sur l’accès du Burundi et du Rwanda à cette communauté et son implication sur le secteur privé. Il propose au Burundi de recentrer sa politique macroéconomique et à encourager le service de l’emploi, promouvoir la bonne gouvernance et surtout la lutte contre la corruption ; (Bonesha FM, Radio Nationale)

- Société : Célébration ce 09 août en province de Muramvya de la journée dédiée aux peuples autochtones. Les Batwa de cette province ont demandé qu’ils soient représentés dans tous les organes de prise de décision et d’avoir également des terres pour cultiver. Les cérémonies étaient rehaussées par le ministre des droits de l’homme et du genre qui les a exhortés à fréquenter massivement les écoles. (Radio Nationale, Rema FM)

- Politique :

1. Le parti Mouvement pour Solidarité et la Démocratie (MSD) considère la fouille perquisition faite à sa permanence nationale ce 09 août comme une suite de la persécution des partis de l’opposition. Maître NYAMOYA, porte-parole du MSD, indique que le pouvoir devrait gouverner sur base des principes démocratiques au lieu de s’adonner intempestivement à des montages ;

2. La CENI indique ne pas être au courant du fait que l’actuel administrateur de la commune Cibitoke ne figurait sur aucune liste communale comme le prévoit le code électoral. L’administrateur Emmanuel NIYONGABO a démissionné de son parti d’origine, le MSD qui l’a radié mais actuellement il se réclame membre du CNDD-FDD alors qu’il ne figurait pas sur la liste du parti présidentiel ;

- Médias : La Fédération Africaine des Journalistes, la Fédération Internationale des Journalistes et l’Association des Journalistes d’Afrique de l’Est, protestent la décision des autorités burundaises de retenir contre Jean Claude KAVUMBAGU, directeur de l’Agence Net Press, la charge de trahison. Ces organisations ont exprimé leur profonde préoccupation par rapport à cette campagne d’intimidation orchestrée par le gouvernement burundais contre les médias. Ces organisations demandent que cela cesse ;

- VIH/Sida : Le ministère de lutte contre le Sida est responsable des conséquences de la non prise en charge des séropositifs. Le vice président du comité national de coordination des fonds du Fonds mondial atteste que ce ministère devrait trouver la véritable solution à ce phénomène qui dure trois mois.


- Environnement : Le gouverneur de la province de Bururi demande à la police et à la population de collaborer pour traquer ceux qui incendient les forêts. Notons que 500 hectares de boisement ont été ravagés dans trois communes de cette province ;

- Justice : L’armée n’a pas le droit de refuser de livrer un militaire à la justice quand celle-ci instruise son dossier surtout quand il y a délit. Ces propos sont de Gaspard BARATUZA, porte-parole de l’armée burundaise. Il s’exprimait après que certaines informations aient fait état du refus du 12ème bataillon de livrer le Caporal NIYUNGEKO pour répondre à un OPJ. Ce caporal est accusé d’avoir tué un élève de la 10ème année en province de Cibitoke ;

- Conflits fonciers : Deux familles du centre de négoce de la commune Buhiga en province de Karuzi se lamentent. Ils indiquent qu’ils ont été obligés de déménager pour laisser leur place à d’autres familles de rapatriés ;

- Santé : Les femmes enceintes qui vont accoucher dans des hôpitaux publics sont très nombreuses suite à la mesure de gratuité des soins de santé. Toutes ces femmes ne sont pas accueillies, certaines sont parfois assises ou couchées à même le sol en entendant d’être accueillies. A d’autres, on demande carrément de se diriger vers d’autres structures de soin. Le Dr Novat TWUNGUBUMWE, directeur de l’hôpital Roi Khaled, explique que les femmes qui viennent accoucher se sont multipliées par 2.5 depuis la prise de cette mesure donc, les lits et les bâtiments deviennent insuffisants puisqu’ils n’ont pas été augmentés ;

- Santé : La ville de Rumonge (province de Bururi) fait face à un manque criant d’eau potable. Le responsable de la REGIDESO en cette localité explique que cette pénurie est due à une coupure de tuyau. Il tranquillise que la situation va être normalisée car le tuyau est en train d’être réparé.


- Economie : La vente du café suscite beaucoup de spéculations au sein des différents intervenants dans ces filières. L’harmonisation des prix aux stations de lavage appartenant à l’Etat et aux treize stations de lavage achetées par une entreprise privée reste problématique. Les agriculteurs déplorent la variation des prix à ces stations de lavage appartenant au privé. Selon eux, il n’y a aucune transparence ;

- Genre : La femme rurale burundaise rencontre des problèmes majeurs dans le foyer surtout en cas de divorce ou quand elle devient veuve car, elle n’a pas droit à la succession. Il est demandé aux femmes nouvellement élues de conjuguer leurs efforts pour que l’assemblée nationale adopte la loi sur la succession ;

- Sécurité : Deux personnes ont été grièvement blessées dans la nuit du 09 août, neuf chèvres et neuf cent mille francs burundais ont également été volés dans différentes localités de la province de Ruyigi. Les sources policières affirment que certains des malfaiteurs ont été appréhendés ;

- Santé : Au moins dix sept personnes ont été atteintes de cholera dans moins d’un mois en commune Rugombo de la province de Cibitoke. Dans cette province, on signale un manque criant d’eau potable.


- Commerce : Quelles que soient les difficultés auxquelles fait face l’entreprise BRARUDI, elle l’a le devoir d’informer sa clientèle. Cela a été indiqué par l’économiste Faustin NDIKUMANA, président du PARCEM, après que s’observe depuis quelques jours une pénurie des produits de la BRARUDI ;

- Education : Certaines écoles de la province de Cankuzo ont déjà donné des résultats de fin d’année scolaire. Il s’agit notamment des collèges communaux dont les enseignants n’ont pas observé de mouvement de grève parce qu’ils n’avaient pas encore de numéro matricule. Le directeur provincial de l’enseignement à Cankuzo précise toutefois que cette province fait face à un manque d’enseignants qualifiés ainsi qu’au manque de dortoir au lycée de Muyaga.


- Environnement : La forêt naturelle de Teza est menacée de disparition suite aux feux de brousse. Trois hectares sont partis en fumée la nuit du 09 au 10 août en commune kabarore (province de Kayanza). Et en commune Musigati (province de Bubanza), la population à la recherche du bois a déjà détruit deux hectares. Malgré la recrudescence de ces feux de brousse, Alphonse FOFO, chargé de la recherche à l’INECN, affirme que différents intervenants dans ce secteur travaillent en étroite collaboration ;

- Sécurité : Trois personnes présumées voleurs ont été appréhendées par la population de Kamaramagambo en commune Butihinda (province de Muyinga). Ces personnes sont actuellement détenues au cachot de Muyingi et les enquêtes ont débuté.

mardi 10 août 2010

Un deuxième journaliste arrêté en un mois et écroué au Burundi

Le directeur de publication de l'hebdomadaire burundais Arc-en-ciel, Thierry Ndayishimiye, a été arrêté et écroué mardi à Bujumbura, accusé de diffamation, près d'un mois après l'arrestation d'un autre journaliste, a appris l'AFP de sources concordantes.

"Le directeur de publication de l'Arc-en-ciel était convoqué pour la 3e fois par un substitut du procureur aujourd'hui, (...). Thierry Ndayishimiye a été tout de suite arrêté et écroué à la prison de Mpimba", la prison centrale de Bujumbura, a annoncé à l'AFP son avocat, Me Gabriel Sinarinzi.

Cette arrestation a été confirmée par des sources judiciaires et pénitentiaires.

"Mon client est poursuivi pour avoir accusé le directeur général de la Regideso (la régie nationale d'eau et d'électricité), d'avoir couvert des irrégularités qui ont occasionné le détournement de près de 280 millions de Fbu (110.000 USD)", a précisé l'avocat.

"Il s'agit d'une détention arbitraire, car mon client avait déjà prouvé qu'il n'avait pas l'intention de se soustraire à la justice et avait produit des documents montrant qu'il y a eu des irrégularités dans ce dossier", a accusé l'avocat de la défense.

"Ce qui se passe montre clairement que le pouvoir s'acharne sur les journalistes, pour faire peur à la presse burundaise connue pour son courage et sa détermination à traquer la corruption", a martelé Me Sinarinzi.

Avant Thierry Ndayishimiye, le directeur du journal en ligne Netpress, Jean-Claude Kavumbagu a été arrêté le 17 juillet. Il est poursuivi pour "trahison" pour avoir douté que les forces de sécurité du pays soient capables de prévenir un attentat comme celui perpétré par les islamistes somaliens en Ouganda le 11 juillet, qui a fait 76 morts à Kampala.

Le journaliste risque la prison à vie s'il est reconnu coupable.

Lundi, la Fédération africaine des journalistes (FAJ), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l'Association des journalistes de l'Afrique de l'est (Ajae) ont "exprimé leur profonde préoccupation" face à "la campagne d'intimidation orchestrée par le gouvernement burundais contre les médias".


Source: AFP

lundi 9 août 2010

Burundi : perquisition au siège du MSD, Alexis Sinduhije en fuite

La police burundaise a perquisitionné lundi le siège d'un parti d'opposition, le Mouvement pour la paix et le développement (MSD), dont le président a fui en exil, a-t-on appris auprès de cette formation.

La perquisition a débuté vers 09H00 (07H00 GMT) et a duré près de deux heures à Bujumbura, a constaté un journaliste sur place. Le mandat de perquisition, signé du procureur, portait comme motif "atteinte à la sûreté intérieure" de l'Etat.

Six militants ont été interpellés, et les policiers ont exhibé notamment deux grenades, une paire de bottines militaires, et des jumelles qu'ils ont affirmé avoir saisies sur place.

Le porte-parole du MSD, François Nyamoya, a accusé la police d'avoir amené ces armes avec elle et a dénoncé un "pur montage".

"Il aurait été totalement stupide de notre part de garder des armes dans notre permanence alors que nous sommes l'objet du harcèlement du pouvoir", a réagi M. Nyamoya.

Aucun responsable de la police n'a souhaité s'exprimer.

"Le pouvoir cherche à museler les partis membres de l'Alliance démocratique pour le changement" (ADC, coalition de l'opposition), a accusé le porte-parole du MSD.

Il a par ailleurs confirmé la "fuite" à l'étranger du président du parti, l'ancien journaliste Alexis Sinduhije, depuis deux semaines environ.

"Lui aussi a été obligé de quitter le pays discrètement car il a fait l'objet d'une tentative d'assassinat il y a environ deux semaines", a affirmé M. Nyamoya.

M. Sinduhije aurait traversé clandestinement la frontière de la RDC, avant de passer par le Kenya puis de s'envoler vers l'Europe, selon des sources policières.

Ce sont désormais trois leaders de l'opposition qui sont entrés dans la clandestinité depuis les élections communales du 24 avril, remportées très largement par le parti au pouvoir et entachées de "fraudes massives" selon l'opposition.

Le chef des Forces nationales de libération (FNL, dernier mouvement armé hutu devenu parti politique courant 2009), Agathon Rwasa est entré en clandestinité peu après ce scrutin.

Jeudi, le ministre de l'Intérieur a entériné sa "destitution", intervenue lors d'un récent congrès d'une frange dissidente de ce parti soutenue par le pouvoir.

Il a ensuite été suivi par Léonard Nyangoma, le chef historique de la rébellion au Burundi et président d'un autre parti d'opposition (CNDD), qui a fui il y a un mois, alors qu'il allait être arrêté par la police.

"Ce qui se passe est extrêmement dangereux et inquiétant. Le pouvoir est en train de créer la frustration et le mécontentement dans le camp de l'opposition et personne ne peut prédire ses réactions", a mis en garde le porte-parole du MSD.

La présidentielle de juin a été remportée par le président sortant Pierre Nkurunziza, seul candidat en lice. Son parti CNDD-FDD, issu de la rébellion hutue du pays, a ensuite remporté les législatives et les sénatoriales.

Les attaques à la grenade et les assassinats ciblés se sont multipliés ces derniers mois.

Source: AFP