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vendredi 9 avril 2010

Le Gouvernement absent de la commémoration de l'assassinat de Manirumva


Une année après l’assassinat d’Ernest Manirumva, la société civile réclame que la vérité éclate au grand jour. S’exprimant lors d’une conférence conjointe à l’occasion de la commémoration du premier anniversaire de l’assassinat d’Ernest Manirumva ancien vice président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME), 7 organisations de la société civile se sont dit « toujours mobilisées pour obtenir que l’enquête sur l’assassinat soit menée à terme et fasse éclater la vérité, et toute la vérité ».

« Nous avons suivi avec attention les travaux des commissions d’enquête successives désignées pour faire la lumière, mais force est de constater que en dépit des assurances données par le gouvernement, nous ne connaissons toujours ni les exécutants, ni les commanditaires ni le mobile de cet assassinat », indique une déclaration conjointe lue par le Délégué général du FORSC, forum pour le renforcement de la société civile, Pacifique Nininahazwe.



Des Rendez-Vous Manqués



Ces organisations à savoir l’APRODH, OLUCOME, FORSC, OAG, ITEKA, CAFOB et COSYBU déplorent des rendez-vous manqués. Une année après l’assassinat, toujours pas de rapport reposant sur une enquête complète, celle ne dévoilant qu’une partie de la vérité serait une manière d’entretenir encore le mensonge et l’impunité qui a été le poison du Burundi, fait savoir le panel.



« La troisième commission d’enquête avait promis de remettre un rapport le 10 février. Deux mois après cette échéance, aucun rapport n’a été présenté », constate les organisations qui disent espérer que ce retard est mis à profit pour explorer toutes les pistes et identifier tous ceux qui « ont pris part à la conception et à l’exécution de ce crime abominable».



Le panel de sept organisations demande, en attendant, que soit mis en place un mécanisme de protection des témoins en vue de les encourager à faire des déclarations sans craindre pour leur sécurité. Les organisations de la société civile soulignent également la nécessité de garantir la sécurité des défenseurs des droits de l’homme.



Contre Toute Récupération à des Fins Politiques



Les organisations mettent en garde. Que les politiciens ne récupèrent pas ce cas pour utiliser le nom d’Ernest Manirumva pour des intérêts politiciens à la veille des élections.



« Quel que soit la sincérité de chacun de servir le pays par le combat pour la Justice, il faut se garder, par respect pour sa mémoire, d’utiliser le nom d’Ernest Manirumva à d’autres fins et notamment pour servir d’argument dans la compétition électorale », avertit le communiqué conjoint. Cette cause est l’affaire de tous, elle ne peut être confisquée, estime les organisations pionnières dans la campagne « Justice pour Ernest Manirumva » lancée deux mois après son assassinat.



Un parterre de journalistes et d’invités, sauf le gouvernement



Un nombre impressionnant de journalistes et des invités représentant les organisations locales et internationales avaient répondu présent à ce rendez-vous commémoratif. Le grand absent aura été le gouvernement dont aucun représentant n’a été remarqué que ce soit dans la salle du Novotel où s’est déroulée la conférence conjointe, ou à Mpanda pour le dépôt des gerbes et recueillement, un peu avant la conférence. Le FORSC dit pourtant avoir invité des représentants du gouvernement. Une messe était prévue dans la soirée de vendredi 9 avril à la cathédrale Régina Mundi à Bujumbura, en mémoire de ce militant anti-corruption.



Ernest Manirumva a été assassiné la nuit du 9 avril à son domicile à Bujumbura.

Déclaration des organisations de la société civile à l’occasion de la commémoration de l'assassinat d'Ernest MANIRUMVA


SOCIETE CIVILE DU BURUNDI
APRODH, CAFOB, COSYBU, FORSC, ITEKA, OAG, OLUCOME
9 Avril 2009 – 9 Avril 2010

Un jour nous saurons la vérité

Campagne « Justice pour Ernest Manirumva »



Voici un an aujourd’hui que disparaissait notre compagnon et ami Ernest Manirumva, assassiné dans des conditions dont l’horreur nous fera à jamais frémir.

Sa famille, vers laquelle se dirigent nos pensées, attend toujours de connaître la vérité. Nous, société civile, nous, organisations de citoyens burundais œuvrant pour la paix, la justice et le développement au bénéfice de toute la communauté nationale, sommes toujours mobilisés pour obtenir que l’enquête sur cet assassinat soit menée à terme et fasse éclater la vérité et TOUTE la vérité.

Au cours de cette longue et douloureuse, nous n’avons pas ménagé nos efforts dans ce sens. Nous avons notamment suivi avec attention les travaux des commissions d’enquête successives désignées pour faire la lumière, mais force est de constater que, en dépit des assurances données par le gouvernement, nous ne connaissons toujours ni les exécutants, ni les commanditaires ni le mobile de cet assassinat.

La troisième commission d’enquête avait promis de remettre un rapport le 10 février. Deux mois après cette échéance, aucun rapport n’a été présenté. Nous espérons que ce retard est mis à profit pour explorer toutes les pistes et identifier tous ceux qui ont pris part à la conception et à l’exécution de ce crime abominable, quel que soit leur rang et leur niveau de responsabilité.

En effet, un rapport ne dévoilant qu’une partie de la vérité, reposant sur une enquête incomplète serait une manière d’entretenir encore le mensonge et l’impunité qui a été le poison de notre pays.

Un rapport crédible par contre devra répondre à un certain nombre de questionnements en rapport avec l’assassinat d’Ernest MANIRUMVA et soulevés par diverses sources.

Il est notamment question de certains assassinats qui semblent en lien avec cette affaire. Il y a lieu de rappeler celui du capitaine Pacifique Ndikuriyo qui serait mort pour avoir refusé de participer à cet ignoble attentat.

De même ont été évoqués, avec un luxe de précisions, les assassinats d’un certain nombre de personnes ayant pris part, à leur corps défendant, à la mise en œuvre de l’assassinat. Il est aisé de vérifier si ces personnes ont effectivement trouvé la mort et dans quelles conditions. Il est également possible de vérifier leur activité dans la nuit du 8 ou 9 avril. Si ces allégations sont mensongères, une enquête sérieuse permettra de les faire taire. En l’absence d’enquête, le mystère ne peut que renforcer les soupçons. Si elles sont avérées au contraire, il sera possible de progresser vers les responsables et d’établir les liens entre eux permettant d’éclairer sur leur mobile.

Ernest Manirumva détenait des informations sensibles sur des malversations, des détournements et peut-être sur des trafics d’armes. Là encore, seule une enquête explorant toutes les pistes est la meilleure manière de trier le bon grain de l’ivraie et de distinguer la vérité des calomnies.

En attendant, nous exigeons que soit mis en place un mécanisme de protection des témoins pouvant les encourager à faire des déclarations sans crainte pour leur sécurité. Et nous profitons de cette occasion pour appeler ceux qui détiendraient une information à la faire connaître. Le silence ne protège que les assassins et met en danger la vie de ceux qui détiennent dans le secret des parcelles de la vérité.

Nous appelons également les autorités judiciaires à examiner le sérieux des charges qui pèsent sur des personnes détenues depuis plusieurs mois sans qu’aucun indice crédible, jusqu’à preuve du contraire, n’établisse leur culpabilité. La Justice pour Ernest Manirumva ne peut s’accommoder de voir des personnes privées injustement de leur liberté.

Nous attirons également l’attention sur la nécessité de garantir la sécurité des défenseurs des droits de l’homme et des chercheurs de vérité. Il sied de rappeler que dans cette affaire, ceux qui se sont exprimé sans crainte, confiants dans notre justice, nos institutions et notre démocratie, ont rencontré pourtant des difficultés et fait l’objet de menaces. Quelle qu’en soit l’origine, il est du devoir des forces garantes de la sécurité des citoyens de les protéger. Chacun doit avoir conscience que notre pays fait l’objet d’une attention internationale, que seuls ceux qui entretiennent l’impunité et la violence, compromettent nos progrès vers la paix et portent atteinte à l’image du pays.

Chacun doit avoir conscience également qu’un jour ou l’autre, la vérité sera connue. Nous saurons la vérité. Tout le temps qui nous sépare de ce jour sape les fondements de la confiance, de la paix et de la justice. L’exigence de Justice pour Ernest Manirumva va bien au-delà de son seul cas. C’est l’avenir de l’Etat de Droit au Burundi qui est en jeu. Cette cause appartient donc à tous les citoyens.

C’est pourquoi, nous trouverions choquant que cette affaire fasse l’objet d’une récupération politique. Quelle que soit la sincérité du désir de chacun de servir le pays à travers ce combat pour la Justice, il faut se garder, par respect pour sa mémoire, d’utiliser le nom d’Ernest Manirumva à d’autres fins et notamment pour servir d’argument dans la compétition électorale. Cette cause est l’affaire de tous, elle ne peut être confisquée.

Au moment de conclure, nos pensées vont à nouveau vers le souvenir d’Ernest Manirumva, vers sa famille éprouvée par le deuil et la douleur et vers tous ceux qui souffrent encore rien que pour avoir voulu contribuer à la recherche de la vérité. Cette pensée, comme l’espoir de voir le Burundi progresser vers des temps de justice et de paix, nous permettent de vous assurer que nous n’abandonnerons pas ce combat tant qu’il n’aura pas abouti.

***


Rappel:

La société civile s’est immédiatement mobilisée pour obtenir la vérité sur l’assassinat d’Ernest MANIRUMVA.

-une lettre ouverte a été adressée le 14 Avril 2009 au Président de la République. Elle a été publiée le 16 Avril 2009 au cours d’une conférence de presse organisée à cet effet.

-une marche pacifique a été demandée, autorisée avant d’être reportée sine die par le Maire de la Ville de Bujumbura le 29 mai 2009.

-Deux mois plus tard, constatant la défaillance des deux 1ères commissions mises en place, une campagne baptisée « Justice pour Ernest MANIRUMVA » a été lancée avec une série d’activités à la date du neuf de chaque mois.

-Depuis, le 9 de chaque mois, une messe est célébrée à la mémoire d’Ernest Manirumva.

-Chaque manifestation publique de la société civile débute par une minute de silence.

Source:FORSC

jeudi 8 avril 2010

Signature d'un décret portant convocation du corps électoral au Burundi

Le décret portant convocation des électeurs à l'élection des conseils communaux, à l'élection présidentielle, législative et sénatoriale a été rendu public mardi à quelques semaines du début des secondes consultations populaires post-conflit prévues entre les mois de mai et septembre prochains.

L'article 7 du décret stipule que tous les citoyens burundais remplissant les conditions requises par la loi résident au Burundi sont appelés à participer à l'élection des conseils communaux qui se tiendra le 21 mai 2010. Les partis politiques ainsi que les candidats indépendants remplissant les conditions fixées par la loi qui le souhaitent sont appelés à déposer leurs dossiers de candidatures du 7 au 16 avril 2010, selon le même décret du chef de l'Etat burundais, Pierre Nkurunziza.

Chaque commune du pays constitue une circonscription électorale et le choix des conseillers communaux aura lieu au suffrage universel direct sur base des listes bloquées et au scrutin secret conformément aux dispositions de l'article 55 du code électoral.

Le nombre de conseillers communaux par commune est de 15 personnes et chaque liste bloquée comprend au moins 15 candidats et au plus 30 candidats.

Au chapitre de l'élection présidentielle, tous les citoyens remplissant les les conditions requises par la loi, résidant au Burundi ou à l'étranger, sont appelés à participer à l'élection du président de la république qui se tiendra le 28 mai 2010, poursuit le texte du décret.

Les partis politiques ainsi que les indépendants remplissant les conditions fixées par la loi qui le souhaitent sont appelés à dépose leurs dossiers de candidature du 15 au 24 mai 2010.

L'élection du président de la république aura lieu, par ailleurs, au suffrage universel direct et au scrutin secret.

L'article 15 du décret précise en outre que l'élection du président de la république a lieu au scrutin uninominal à deux tours. Il est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés et si celle-ci n'est pas obtenue au premier tour, il est procédé à l'organisation, dans un délai de 15 jours, à un second tour entre les deux candidats qui ont recueilli le plus grand nombre de suffrages. Et élu le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés.

Concernant l'élection des députés, tous les citoyens remplissant les conditions requises sont également appelés à participer à l'élection des députés qui se tiendra le 23 juillet 2010.

Les partis politiques ainsi que les candidats indépendants remplissant les conditions fixées par la loi qui le souhaitent sont appelés à déposer leurs candidatures du 9 au 23 juin 2010.

L'élection des députés aura lieu au suffrage universel direct sur base des listes bloquées à la représentation proportionnelle et au scrutin secret. Eu égard aux résultats du recensement général de la population de 2008, les sièges à pourvoir par circonscription électorale sont répartis comme suit :

Bubanza : 4; Bujumbura : 7; Bururi : 7; Cankuzo : 3; Cibitoke : 6; Gitega : 9; Karusi : 6; Kayanza : 7; Kirundo : 8; Makamba : 5; Muramvya : 4; Muyinga : 8; Mwaro : 3; Ngozi : 8; Rutana : 4; Ruyigi : 5; Bujumbura-Mairie :6

Total : 100 sièges

Au sujet de l'élection des sénateurs, tous les membres des conseils communaux élus en date du 21 mai 2010 sont appelés à participer à l'élection sénatoriale qui se tiendra le 28 juillet 2010.

Les partis politiques ainsi que les candidats indépendants remplissant les conditions fixées par la loi qui le souhaitent sont appelés à déposer leurs candidatures du 14 au 28 juin 2010.

L'élection des sénateurs aura lieu au suffrage universel indirect sur base de listes bloquées et les membres des conseils communaux de chaque circonscription éliront deux sénateurs provenant des communautés ethniques différentes au cours de deux scrutins distincts sur base des candidatures présentées par les partis politiques ou à titre indépendant.

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Le calendrier pour les élections de 2010 au Burundi



► 5 avril - 11 avril : Affichage des listes des électeurs dans tous les bureaux de vote

► 7 avril - 16 avril : Enregistrement des candidats aux élections communales

► 15 avril - 24 avril : Correction des erreurs sur les listes des électeurs

► 30 avril - 12 mai : Distribution des cartes d'électeurs aux inscrits

► 5 mai - 18 mai : Campagne pour les élections communales

► 15 mai - 24 mai : Enregistrement des candidats à l’élection présidentielle

► 21 mai : Elections communales (suffrage direct)

► 9 juin - 23 juin : Enregistrement des candidats Députés

► 12 juin - 25 juin : Campagne pour l’élection présidentielle

► 14 juin - 28 juin : Enregistrement des candidats Sénateurs

► 28 juin : Election présidentielle - 1er tour (suffrage direct)

► 7 juillet - 20 juillet : Campagne pour l’élection des Députés

► 12 juillet - 25 juillet : Campagne pour l’élection des Sénateurs

► 23 juillet : Election des Députés (suffrage direct)

► 26 juillet 2010 : Election présidentielle - 2è tour (suffrage direct)

► 28 juillet 2010 : Election des Sénateurs (suffrage indirect, par les conseillers communaux)

► 28 août : Investiture du président élu

► 7 septembre : Elections collinaires (suffrage direct)


Source:COSOME

Des organisations internationales réclament justice dans l'affaire Manirumva

Burundi : Justice doit être rendue pour le meurtre d’un militant


Un an après le meurtre à l’arme blanche d’Ernest Manirumva, un militant anti-corruption, la vérité n’a toujours pas été établie

(Bujumbura, le 8 avril 2010) - Le président du Burundi doit prendre des mesures pour que justice soit rendue dans l'affaire du meurtre d'un militant anti-corruption, ont demandé aujourd'hui Amnesty International, le Projet EHAHRDP (East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project) et Human Rights Watch. Le président burundais, Pierre Nkurunziza, doit demander au procureur général d'accélérer l'enquête et les poursuites dans cette affaire et de garantir la protection des témoins, ont ajouté ces organisations. Le militant en question, Ernest Manirumva, a été poignardé à mort il y a un an, le 9 avril 2009.

Un an après le meurtre, l'enquête n'a pas encore été achevée. Neuf suspects, parmi lesquels plusieurs policiers, ont été placés en détention provisoire. Toutefois, aucune date de procès n'a encore été fixée. Une commission d'enquête judiciaire a fait des efforts, depuis sa constitution en octobre 2009, pour établir la responsabilité du meurtre. Cependant, selon certaines organisations de la société civile, cette commission n'a pas exploré toutes les pistes possibles et n'a pas achevé son travail. Enfin, le Burundi ne disposant pas de programme de protection des témoins, certains d'entre eux n'osent pas se manifester.

« Le gouvernement du Burundi devrait s'engager ouvertement à agir pour que justice soit rendue dans cette affaire délicate », a indiqué Véronique Aubert, directrice adjointe du programme Afrique d'Amnesty International. « Le président Nkurunziza doit demander au procureur général de mener au plus vite une enquête approfondie, de garantir la protection des témoins et de traduire les coupables en justice, y compris ceux qui occuperaient des postes élevés au sein des forces de sécurité. »

Manirumva était vice-président de l'Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME), une organisation de la société civile burundaise, et vice-président d'un organisme officiel de règlementation des marchés publics. Il a été retrouvé mort poignardé devant chez lui. Un dossier de classement vide, maculé de sang, a été trouvé sur son lit et des traces d'effraction dans un bureau où il travaillait comme consultant au ministère de l'Agriculture laissent penser que les meurtriers de Manirumva cherchaient des documents sensibles qu'il avait en sa possession. Peu avant sa mort, d'après ses collègues et ses amis, Manirumva enquêtait sur des affaires de corruption au sein de la police et de tentatives d'achat illégal d'armes à feu en provenance de Malaisie par la police.

« Si les autorités burundaises sont véritablement engagées dans la lutte contre la corruption, elles doivent dès que possible identifier et traduire en justice les coupables de ce meurtre, qui semble être lié au travail de Manirumva contre la corruption », a expliqué Hassan Shire Sheikh, directeur exécutif du Projet EHAHRDP. « Les autorités ont l'obligation d'apporter la preuve que les militants de la société civile peuvent librement critiquer le gouvernement sans risquer leur vie. »

Certains représentants du gouvernement ont également tenté d'étouffer les appels à la justice lancés par la société civile. À deux reprises en 2009, des organisations burundaises se sont vu interdire, par des représentants du gouvernement, d'organiser une marche manifestation dans la capitale, Bujumbura, visant à demander la justice dans l'affaire Manirumva. Lorsque, fin 2009, des organisations de la société civile ont fait des déclarations laissant entendre que la commission d'enquête du gouvernement n'explorait pas toutes les pistes, le ministre de l'Intérieur, Edouard Nduwimana, les a convoquées dans son bureau et les a accusées d'« s'ingérer dans le travail du système judiciaire ».

Certains membres des organisations qui ont publiquement dénoncé le meurtre et les défaillances des enquêtes judiciaires sur cette affaire ont eux-mêmes reçu des menaces. Deux d'entre eux, Pierre Claver Mbonimpa, président de l'Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH), et Gabriel Rufyiri, président de l'OLUCOME, ont été informés en mars 2010 que des agents de l'État planifiaient de tuer l'un d'eux en maquillant l'assassinat en accident de voiture. À la mi-mars, Mbonimpa a déclaré avoir été suivi dans le quartier Carama à Bujumbura par une jeep bleue du Service national de renseignement (SNR). (Contacté par Human Rights Watch, le directeur adjoint du SNR a assuré que ses services ne possédaient pas de jeep bleue.) Mbonimpa affirme également avoir reçu des menaces par téléphone. L'un de ses interlocuteurs lui aurait dit : « Si tu continues de travailler sur l'affaire Ernest Manirumva, tu finiras comme lui. »

De même, en novembre 2009, Pacifique Nininahazwe, délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile (FORSC), qui menait la campagne « Justice pour Ernest Manirumva », a été averti qu'un complot d'assassinat se tramait contre lui. Son organisation a ensuite été frappée d'interdiction par une ordonnance du ministère de l'Intérieur, qui a invoqué de soi-disant problèmes techniques au niveau des documents d'enregistrement du forum datant de 2006. Bien que le ministre ait ensuite « suspendu » cette ordonnance, le FORSC reste dans un vide juridique.

« Au lieu de menacer les organisations de la société civile et de leur mettre des bâtons dans les roues, les autorités burundaises feraient mieux de s'allier à ces dernières pour explorer toutes les pistes susceptibles de conduire à l'identification des assassins de Manirumva », a déclaré Georgette Gagnon, directrice de la division Afrique à Human Rights Watch. « Le président burundais doit faire tout son possible pour faciliter l'avancement de l'enquête et soutenir l'appel à la justice lancé par la société civile pour ce meurtre barbare. »

Les organisations ont appelé le président Nkurunziza et le gouvernement du Burundi à :

· mettre en place un dispositif de protection des témoins qui permette à ces derniers de faire leurs déclarations en toute sécurité et en toute confidentialité, en particulier pour ceux qui sont susceptibles de détenir des informations impliquant des membres des forces de sécurité;

· faire en sorte que le travail de la commission soit mené à son terme rapidement et en toute équité, et que toutes les personnes dont les preuves montrent la responsabilité criminelle dans cette affaire soient identifiées et inculpées, y compris celles qui ont commandité le meurtre;

· faire en sorte que les suspects actuellement placés en détention soient rapidement jugés tout en s'assurant que la recherche de preuves contre d'éventuels autres responsables se poursuive avant, pendant et après ces procès;

· soutenir les actions de la société civile telles que la campagne «Justice pour Ernest Manirumva» en autorisant les défilés et les rassemblements, et en cessant d‘intimider les groupes de la société civile;

· enquêter sur les affaires de menaces reçues par des activistes de la société civile qui demandent que justice soit rendue dans le cas de l'assassinat de Manirumva, et traduire en justice les auteurs de ces menaces.

Contexte

Le gouvernement burundais a pris certaines mesures pour retrouver les meurtriers de Manirumva. Une commission judiciaire a été établie le 22 avril 2009 afin d'ouvrir une enquête, mais celle-ci a entrepris peu d'actions. Après que les organisations de la société civile aient dénoncé l'inaction de la commission et le lien étroit existant entre son président et le chef du Service national de renseignement, un service qui, selon certains témoins, aurait joué un rôle dans l'assassinat de Manirumva, le procureur général a dissout la commission. En octobre 2009, il l'a remplacée par une commission dont les membres se sont montrés plus actifs et qui semblaient, aux yeux des groupes de la société civile, avoir des rapports moins douteux avec les membres des forces de sécurité.

Le gouvernement a accepté l'offre d'assistance technique proposée par le Bureau fédéral d'enquête américain (FBI) dans cette enquête. Si la première commission juridique a fait de l'obstruction, la deuxième s'est montrée plus coopérative et a permis aux agents du FBI d'interroger les suspects et de relever leurs empreintes et leur ADN. Les résultats de l'aide médico-légale apportée par le FBI n'ont pas encore été publiés.

Neuf suspects ont été placés en détention et inculpés. Cependant, au moins trois individus qui auraient pu fournir des informations sur l'affaire ont été tués ou ont disparu. Le 15 avril 2009, un agent du Service national de renseignement a pris la fuite pour le Canada avec un visa obtenu sous le faux prétexte qu'il devait participer à une conférence aux États-Unis pour le compte d'une entreprise nationale de production de café. Trois semaines après le meurtre de Manirumva, le 30 avril, un capitaine de la police, Pacifique Ndikuriyo, a été tué par balle à Bujumbura. En mars 2010, un policier nommé Ezéchiel Coyishakiye a disparu d'un hôpital psychiatrique où il était retenu sous garde armée, après avoir été arrêté dans le cadre d'une autre affaire criminelle. La police affirme ne pas savoir où il se trouve. La commission d'enquête étudie actuellement des témoignages selon lesquels ces trois individus auraient pu être directement impliqués dans le meurtre ou avoir su qu'il allait se produire.

Le procureur a donné l'ordre à la commission d'enquête de lui remettre un rapport sur ses conclusions dès qu'elle aura réuni suffisamment de preuves pour permettre d'entamer des poursuites. À ce jour, toutefois, la commission n'a encore produit aucun rapport.

Source: Human Rights watch

Actualité burundaise du 8 avril 2010

Sécurité :

1. Une personne a été tuée dans la nuit du 07 avril à la 14ème avenue de la commune urbaine de Kinama. L’administrateur Emile NDAYARINZE indique que cette personne a été tuée par des voleurs, ces derniers ont également blessé une autre personne. Il invite la population à faire des rondes nocturnes car les policiers ne peuvent pas être partout en même temps ; (Rema FM, RPA, Bonesha FM)

2. Un véhicule de marque Corolla qui transportait des marchants Rwandais est tombé dans une embuscade dans la localité de Cewe sur la colline Kimisagara de la commune Kabarore. De l’argent non encore déterminé a été volé, aucun mort n’a été enregistré ; (RPA, Rema FM)

- Politique :
1. Trente trois députés Burundais demandent une séance plénière sur le dossier de la vente illicite de l’avion présidentiel, Falcon 50. Dans une correspondance, ces députés interpellent le président de la chambre basse du parlement à fixer les débats dans la semaine du 12 au 16 avril 2010. Les signataires précisent qu’ils ont écrit cette correspondance parce que les autres voies légales étaient épuisées. Le député Léonard NYANGOMA atteste que ce dossier est d’une importance capitale pour le peuple burundais ; (RPA, Bonesha FM)

2. Madame l’ambassadeur des Etats-Unis au Burundi appelle les leaders des partis politiques à une très grande responsabilité dans la gestion des élections et des résultats. Elle l’a dit ce 08 avril dans un atelier sur le rôle des leaders des partis politiques dans une transition pacifique et dans la gestion des changements. Cet atelier va se poursuivre tout le mois d’avril à l’intention des politiques à travers tout le pays ; (Radio Nationale, Rema FM)

3.Les partis politiques réclament des financements prévus par la constitution. Cette réclamation a été faite au cours de la réunion du forum des partis politiques oeuvrant au Burundi ce 08 avril. Aimé NKURUNZIZA, chef de cabinet au ministère de l’intérieur, précise que ledit ministère cherche du financement pour ces partis politiques. Il a indiqué que tous les partis politiques recevront la même part ;
- Gouvernance :
1.La corruption est une réalité au Burundi, les secteurs les plus touchés sont la police, le fisc et la justice. Le politologue Julien NIMUBONA précise que la corruption détourne les biens des citoyens au profit d’un groupe de personnes et prive ainsi l’Etat de sa capacité de répondre aux demandes de la population. Ce politologue présentait les résultats de son étude sur les malversations économiques et financières dans un colloque organisé par l’OAG ; (Radio nationale, RPA, Bonesha FM, Isanganiro)
2. Plus de trois cent six milliards de francs burundais ont été détournés au cours des six dernières années et seul trois milliards ont été restitués. Cette affirmation est de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME). Dans une conférence de presse ce 08 avril, Gabriel RUFYIRI, président de l’OLUCOME, a attesté que les instruments juridiques de lutte contre la corruption mis en place par le gouvernement se sont révélés inefficaces. Il exhorte l’Etat à recouvrer cet argent. Signalons que l’OLUCOME présentait les travaux réalisés au cours de sept ans de son existence ; (RPA, Bonesha FM, Isanganiro)
- Education : Les enseignants du primaire et du secondaire dans le secteur public sont en grève depuis un mois. L’Observatoire de l’Action Gouvernementale (OAG) déplore la situation dans laquelle sont plongés les élèves. Gertrude KAZOVIYO demande l’implication des deux vice présidents de la République voire celle du chef de l’Etat dans les pourparlers entre les enseignants et le gouvernements afin qu’il n’y ait pas d’année blanche. Elle indique que le Burundi est en train d’être catégorisé dans les pays où le niveau de l’enseignement est bas. (Bonesha FM, Isanganiro)


- Coopération : Fin ce 08 avril de la visite du chef de l’Etat burundais au Burkina faso. Le président Pierre NKURUNZIZA a indiqué qu’après la crise, le Burundi s’engage résolument vers la paix et le développement ;
- Politique : Election indirecte partielle pour remplacer le sénateur Jean Marie RUGIRA, membre du CNDD-FDD. Ce sénateur de la circonscription de Bubanza est parti à l’étranger. 125 élus communaux vont élire un nouveau sénateur ;
- Humanitaire : 30 tonnes et 250 kilogrammes de vivres ont été collectés par la population de la province de Rutana en faveur de la population de Kirundo. Cette collecte a été effectuée par les confessions religieuses.


- Sécurité : Un commerçant a été tué ce 07 avril par des bandits armés dans la commune Tangara en province de Ngozi. Il venait de vendre ses articles et tout l’argent lui a été volé. Les meurtriers restent introuvables ;

- Politique :
1. La liste provisoire des électeurs sera connue d’ici la fin de cette semaine. Le commissaire chargé de la communication à la CENI indique que les premières listes sortent cet après midi. Prosper NTAHORWAMIYE précise qu’au fur et à mesure de leur disponibilité, ces listes seront envoyées dans différentes provinces ;

2. Retard dans la diffusion du rapport des consultations nationales sur les mécanismes de justice de transition au Burundi. Les consultations nationales se sont déroulées de juin à décembre 2009, le rapport aurait dû être présenté au gouvernement le 30 mars 2010. Le comité tripartite de pilotage en charge des consultations précise que ce retard est dû aux consultations de la diaspora burundaises non encore achevées. Ce rapport sera publié le 30 avril 2010 ;

- Droits de l’homme : 23 Bangladais ont été arrêtés le 31 mars accusés d’être entrés irrégulièrement sur le sol burundais. Pierre Chanel NTARABAGANYI, porte-parole du ministère de la sécurité publique, indique que vingt ont été refoulés et les trois restants devraient partir ce 08 avril. Après interrogatoire, ces Bangladais ont avoué être passés par le Burundi pour rejoindre l’Afrique du Sud ;

- Justice : Beaucoup de prisonniers de la province de Gitega croupissent en prison sans avoir comparu devant les juridictions. Ces détenus regrettent de ne pas bénéficier de la grâce présidentielle alors que les dossiers de certains auraient dû être clôturés.

- Travail : Une vingtaine de personnes qui ont travaillé pour le compte du Centre de Développement Familial de Ngozi (CDF) réclament huit millions de francs burundais d’arriérés. Le responsable de ce centre indique que la question a été soumise au ministère de la solidarité nationale ;
- Sécurité : La criminalité refait surface dans les communes de la province de Bururi. A Rutovu, une personne a été blessée par balle, en commune Matana, des bandits armés ont volé cinq cent mille francs burundais et à Rumonge, plusieurs articles ont été pillés dans une boutique ;

- Infanticide : Un nouveau-né a été retrouvé mort dans une fosse septique en commune de Buganda de la province Cibitoke. Cet enfant a été jeté dans cette fosse par sa mère, âgé de 16 ans. Elle affirme avoir commis cet acte ignoble parce que l’homme qui l’a engrossé ne l’a pas reconnu. Cette fille a été arrêtée par la police ;

- Travail- Corruption : 146 travailleurs qui ont été licenciés du projet Tanganyika Business Company, qui cultive la canne à sucre dans la Rukoko , ont assiégé la brigade de Gihanga (province de Bubanza) ce 08 avril. Ils demandent qu’ils soient réintégrés et que l’argent qu’ils ont donné pour être engagés leur soit remis ;

- Justice : Le niveau de formation et l’expérience qui ne correspondent pas aux juridictions auxquelles les magistrats assis sont affectés ainsi que la façon dont ces affectations se font, font que les juges ne soient pas indépendants vis-à-vis du ministère public. Cela a été attesté par le bâtonnier Me Isidore RUFYIKIRI. Il précise que cette entorse s’observe surtout pour des procès à connotation politique ou d’autres crimes qui intéressent l’exécutif. Il rappelle que les juges doivent maîtriser le droit et rester indépendants.

- Intempérie : Une pluie mêlée de grêle qui s’est abattue sur la colline Kungara en province de Bubanza a endommagé l’école primaire de Gishinge. Quinze maisons se sont également écroulées et les champs ont été endommagés. La population interpelle les bienfaiteurs à leur venir en aide. Trois personnes seraient également mortes emportées par une rivière qui a débordé ;

- Santé : Au cours de la campagne de distribution des moustiquaires, des bousculades de femmes enceintes ou portant des bébés sont enregistrées en province de Cibitoke. La Croix Rouge Burundi tranquillise, celles qui n’auront pas de moustiquaire en auront dans un autre tour.


- Sécurité alimentaire : Les Burundais de la province de Kirundo qui avaient fui la disette reviennent petit à petit. Le conseiller principal du gouverneur de Kirundo affirme qu’il y a espoir de maîtriser cette insécurité alimentaire au cours de cette saison culturale ;

- Politique : La représentante de l’ONG Human Rights Watch au Burundi continue ses manœuvres d’incriminer les hauts cadres de la police et de l’armée dans des cas de meurtre. Ce 05 avril, Neela GOSHAL a appelé sur téléphone un haut gradé des forces de défense et de sécurité pour lui dire que des agents de sécurité ont filé Pierre Claver MBONIMPA, président de l’APRODH, le 19 mars voulant attenter à sa vie. Elle aurait fait signer à Pierre Claver MBONIMPA et Gabriel RUFYIRI, président de l’OLUCOME, un communiqué dans lequel ces hommes affirment être menacés ;

- Environnement : Il se tient depuis ce 05 avril en province de Muyinga un atelier de formation à l’intention de 14 fonteniers communaux pour améliorer leur aménagement des sources. Cette formation de deux semaines a été organisée par la direction générale de l’hydraulique et des énergies rurales. L’ingénieur Augustin NAHIGOMBEYE précise que les travaux pratiques seront privilégiés ;

- Sécurité : Une personne a été tuée par balle en commune urbaine de Buyenzi. L’administration indique que deux personnes avec qui étaient la victime ont pris le large après sa mort.

Le chantier inachevé de l’éducation primaire et secondaire !


Au cours de cette semaine, les journalistes du Pool PACAM produisant le magazine radiodiffusé et les articles de la presse écrite du programme hebdomadaire « Mbariza ntore », lancent leur douzième production.

Le thème de la semaine concerne le secteur de l’enseignement primaire et secondaire et plus particulièrement les conséquences de la réforme relative à la gratuité de la scolarité de base. De nombreux problèmes qui surgissent dans ce secteur appellent des solutions concrètes et rapides.

Pour en savoir plus, les journalistes du réseau PACAM ont contacté différents groupes de la société burundaise concernés par le système éducatif. Les parents, les enseignants, des responsables du secteur au sein du ministère ainsi que des élèves ont exprimé leurs points de vue sur la situation très préoccupante de l’école primaire et secondaire au Burundi.

Les personnes interrogées par les journalistes reconnaissent toutes que la qualité de l’enseignement n’est plus ce qu’elle était dans le passé. Elles estiment que depuis plusieurs années, le secteur de l’enseignement est mal organisé. Elles signalent qu’aujourd’hui, par exemple, les effectifs des élèves ont augmenté suite à la mesure présidentielle de gratuité scolaire. Mais le recrutement de nouveaux enseignants n’a pas suivi.

Par conséquent, déclarent tous les interlocuteurs, les salles de classe sont surpeuplées. A telle enseigne qu’un banc peut être partagé par 3 à 4 écoliers et une classe compter jusqu’à 120 élèves. Les maîtres ne parviennent plus à identifier les difficultés éprouvées par chaque élève et à assurer un suivi pour chacun.

Malheureusement, soulignent les personnes interrogées, les maîtres sont même contraints à accorder des notes à des élèves qui ne les méritent pas afin que ceux-ci avancent de classe malgré leur faible niveau. Sinon l’engorgement créé par de trop nombreux redoublants créerait une paralysie de tout le système de l’éducation primaire et secondaire et même de l’enseignement supérieur.

La surpopulation des salles de classe constitue la source majeure des disfonctionnements scolaires.

Une enseignante de Kayanza, interrogée par les journalistes du Pool PACAM indique que les effectifs relevés dans les salles de classe constituent une des causes de la détérioration de la qualité de l’enseignement au Burundi. « Dans les différents localités du pays, 3 ou même 4 élèves partagent un seul banc d’école et un seul livre. Cela favorise la tricherie et l’enseignant ne parvient plus à identifier les élèves de faible niveau afin de les aider à mieux comprendre la matière enseignée. Plus ils sont nombreux, plus ils sont distraits », ajoute l’enseignante qui déplore « que la multiplication des salles de cours ne soit pas accompagnée par le recrutement de nouveaux enseignants et par la fourniture du matériel didactique suffisant. »

Pour le cas du matériel didactique, un enseignant de l’école primaire de Rusengo, en commune Gashikanwa de la province Ngozi, signale que les autorités de ce pays n’honorent pas toujours leurs engagements. « Nous attendons depuis très longtemps des livres d’anglais et de kiswahili qui ont été promis par des autorités et seules les classes de la 1ère et de la 2ème année en disposent », déclare-t-il.

Pour sa part, le directeur de l’enseignement provincial à Ngozi, M. Constantin Niyonzima, indique « que la qualité de l’enseignement au Burundi est affectée par les grèves à répétition qui réduisent sensiblement la durée des cours. En outre, il déplore que « le problème des grèves ne fait qu’empirer la situation. Car les écoles du primaire construites manquent cruellement de pupitres et de livres. »

Pour les écoles secondaires, M.Niyonzima signale un manque d’enseignants qualifiés et de laboratoires permettant aux élèves de faire des travaux pratiques. Pour Roger Gateretse, président du comité des parents au lycée du Saint Esprit à Bujumbura, « même les enseignants ne sont pas tous bien formés et certains ne peuvent même pas dispenser correctement les cours », déclare-t-il.

« A titre d’exemple, poursuit-il, la plupart des étudiants terminent l’université sans pouvoir s’exprimer correctement ni en français ni en anglais. Mais cela n’empêche pas qu’ils soient affectés dans l’enseignement après avoir eu leur diplôme de licence. On trouve même des enseignants qui ont un niveau académique inférieur à la licence surtout dans les collèges communaux », martèle M. Gateretse.

Madame Fredianne Nizigiyimana du syndicat STEB confirme la carence d’enseignants compétents, évoquée par Roger Gateretse. Pour elle, « on oriente dans les sections préparant les futurs enseignants, des élèves qui ont un niveau trop faible.Dans les salles de classe, ils sont très nombreux, ajoute-t-elle. Pire encore, ils suivent des programmes qui ne sont pas adaptés aux réalités du moment. »

Pour une enseignante de la commune urbaine de Cibitoke qui donne cours depuis 1974, « les programmes d’aujourd’hui contribuent aussi à baisser le niveau des élèves parce qu’ils ne sont plus adaptés à la situation actuelle. Ensuite, ajoute-t-elle, on a introduit à l’école primaire plusieurs langues – le kirundi, le français, l’anglais et le kiswahili - que l’enfant doit apprendre en même temps alors que son cerveau n’est pas du tout à la hauteur. »

L’enseignante de la commune urbaine de Cibitoke rappelle également « le cas des salles de classes surpeuplées et le manque du matériel didactique, notamment les livres et les pupitres. A notre époque, souligne-t-elle, aucune classe ne pouvait compter plus de 36 élèves et 2 élèves partageaient un seul pupitre. Comme on était peu nombreux, cela permettait à nos enseignants de nous évaluer facilement. », précise-t-elle.

Cette enseignante indique en guise de conclusion que « les enseignants ne sont pas motivés non plus parce qu’ils touchent un salaire de misère. En 1974, indique-t-elle, je touchais 4.916Fbu et je parvenais à nouer les deux bouts du moi et à construire une maison. Par contre, aujourd’hui, certes le salaire a augmenté en termes de chiffres. Cependant, il ne me permets pas de couvrir les besoins essentiels d’une famille » conclue-t-elle.

Des réformes scolaires qu’il convient de saluer malgré tout

« La mesure de gratuité scolaire au niveau primaire prise par le président de la République lors de son investiture en 2005 est salutaire », affirme Mme Frédiane Nizigiyimana du Syndicat des Travailleurs de l’education au Burundi (STEB). Elle rappelle que cette mesure a permis tout de même à beaucoup d’enfants qui ne parvenaient pas à payer le minerval d’accéder à l’enseignement.

En 2004, par exemple, selon les données statistiques du ministère de l’éducation nationale, la province de Ngozi avait un taux brut de scolarisation au primaire inférieur à 60&percnt. Aujourd’hui, ce taux a sensiblement augmenté.

Néanmoins, Mme Nizigiyimana estime « que l’objectif du président Pierre Nkurunziza n’a pas réussi totalement puisqu’on n’a pas pensé aux mesures d’accompagnement. Par exemple, poursuit-elle, les effectifs des écoliers ont sensiblement augmenté mais ceux des enseignants ou le nombre des livres par classe n’ont pas suivi la même progression. »

Pour Mme Frédiane Nizigiyimana, « les élèves ne peuvent plus se familiariser avec la matière apprise et l’enseignant ne parvient plus à s’occuper de tous ses écoliers en raison du nombre excessif d’élèves par classe. » Même un élève de Kayanza interrogé par les journalistes du Pool PACAM a émis le souhait « qu’un jour le gouvernement organise des cours du soir.

Un autre parent d’élève de Kayanza salue la mesure présidentielle, mais la nuance en tout petit peu. « Les frais de scolarité sont pris en charge par le gouvernement en partie, indique-t-elle. Car nous devons acheter des cahiers, des uniformes et payer d’autres frais occasionnés par certaines interventions urgentes.»

Des solutions pour rétablir un enseignement de qualité.

La chargée des programmes au Centre de Formation et de Perfectionnement Professionnel (CFPP Nyakabiga), Mme Renilde Ndayisenga, suggère au gouvernement d’accorder un budget consistant aux écoles de métiers afin « qu’elles repêchent plusieurs élèves qui ne sont pas en mesure de poursuivre l’enseignement général héorique. Elle recommande également « de réadapter les programmes dispensés dans son établissement pour permettre à ses lauréats de s’adapter facilement aux conditions de travail lorsqu’ils sont embauchés dans une entreprise après leur scolarité. »

Convaincue que les écoles de métiers sont indispensables, Mme Ndayisenga sugère à l’Etat burundais de « débloquer un budget destiné à la construction d’autres locaux au sein du CFPP-Nyakabiga afin que ce centre puisse ouvrir une section A2. Aujourd’hui, ce centre délivre uniquement les diplômes A3 professionnel, conclue-t-elle.»

Pour M. Roger Gateretse, « l’intégration du Burundi à la Communauté Est-Africaine, exige que les pouvoirs publics s’engagent à préparer les jeunes générations et s’assurent que chaque langue enseignée, par exemple, soit bien assimilée avant d’en entamer une autre. » Il propose en outre « le recrutement de gens compétents même parmi les retraités. Pour ces derniers, il y aurait moyen de les recruter avec un statut spécial qui permettrait notamment que leurs honoraires soient proportionnels aux heures prestées. La multiplication d’exercices d’application en classe, ajoute-t-il, et celle d’exercices concrets en laboratoires pour les travaux pratiques à l’école secondaire constituent aussi un autre atout majeur pour rétablir la qualité de l’enseignement au Burundi. »

Pour Mme Frédiane Nizigiyimana, « il faudrait que les pouvoirs publics fassent comprendre à la Banque mondiale que le secteur de l’enseignement doit couvrir une part considérable de la masse salariale du Burundi puisqu’il y a beaucoup d’enfants à scolariser. Sinon, estime-t-elle, les enseignants déjà recrutés sont débordés et ce sont les enfants qui en paieront les conséquences. »

L’enseignant de Gashikanwa déjà évoqué plus haut estime, pour sa part, « que le rétablissement de la qualité de l’enseignement proviendra aussi de la revalorisation de l’enseignant surtout en lui attribuant un salaire lui permettant de joindre les deux bouts du mois. »

Par ailleurs, « les programmes des sections pédagogiques doivent être réadaptés, estime-t-elle, parce que personne ne peut dispenser des matières qu’il ne maîtrise pas », souligne-t-elle. Pour le cas des langues enseignées à l’école primaire, notamment, Mme Nizigiyimana rappelle que « les études des psychopédagogues proposent un décalage dans l’apprentissage des langues. Par exemple, entamer la première langue étrangère au niveau de la 3ème année primaire, la seconde en 7ème et la troisième en 10ème année. »

En guise de conclusion, les parents, les enseignants et les responsables du ministère de l’enseignement primaire et secondaire sont unanimes pour confirmer que la qualité de l’enseignement risque de se détériorer à grande vitesse au Burundi. En raison notamment de la mauvaise planification des réformes scolaires observée dans ce secteur et au manque de coordination des mesures d’accompagnement de la mesure de gratuité de la scolarité primaire, une réforme fondamentale et bénéfique pourtant mais que les pouvoirs publics ont lancée sans avoir effectué une étude préalable de faisabilité de cette mesure qui aurait pu être appliquée par paliers progressifs.

mercredi 7 avril 2010

Les médias menacent de quitter le PACAM, la synergie en prendra un coup.

Au lendemain de la décision du ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana, de suspendre la diffusion des émissions radios produites en synergie autour des programmes/projets de société des différents partis politiques en vue d’une bonne préparation des prochaines élections, les professionnels des médias sont amers. Ils menacent de claquer la porte du PACAM pour retrouver leur autonomie éditoriale et déballer librement les projets de société tout en restant éminemment professionnels. « Le PACAM est piloté par un Européen en l’occurrence un cadre de l’Ambassade de France au Burundi ; en s’immisçant trop dans le travail des médias, le ministre de l’Intérieur a dépassé les limites, nous attendons que le ministre en Charge de la Communication et la Présidente du Conseil National de la Communication (CNC) réagissent à cette entorse sans quoi nous les prendrons aussi pour les complices et nous quitterons automatiquement le PACAM pour retrouver notre liberté éditoriale», explique Corneille Nibaruta, président de l’Association burundaise des radiodiffuseurs. Mais selon le ministre de la Communication, Vénérand Bakevyumusaya, les médias ont le droit de plancher sur les projets de société des partis politiques sans que cela s’apparente à la moindre campagne électorale comme le craint son collègue de l’Intérieur. Le PACAM avait été mis sur pied grâce à l’appui financier des bailleurs de fonds. Ce sont ces derniers qui en assurent aussi la coordination. Compte tenu du climat de suspicion ambiant, le pouvoir CNDD-FDD a horreur d’une liberté de parole brutalement accordée aux partis d’opposition. Il tient à ce que les partis participent dans le choix de questions à poser. « C’est impossible et anti-professionnel », rétorque le Président de l’ABR. D’où, alors, les bâtons dans les roues aux médias, largement assimilés à l’opposition (à l’exception notable de la radio nationale et de Rema-FM inféodées au parti présidentiel). Mais le blocage ne saurait pas durer encore longtemps car plusieurs responsables des médias sont prêts à agir hors PACAM. La Radio Publique Africaine a déjà annoncé la couleur en invitant les partis qui désirent faire connaître leur projets de société à se faire enregistrer pour participer aux débats y relatifs et exclusivement estampillés « RPA ».

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La grève des enseignants a encore de beaux jours devant elle



Après plus d’un mois d’arrêt de travail, les enseignants du primaire et du secondaire boudent toujours le chemin de l’école. Alors que tous les espoirs des élèves et des parents étaient placés à l’issue des négociations entre les leaders syndicaux et les délégués du Gouvernement, voilà que les syndicats annoncent que rien n’évolue de ce côté. Les syndicats des enseignants CONAPES, STEB, SLEB et SYNAPEP, en négociation depuis dix jours avec le gouvernement, ont en effet sorti, le 5 avril, un communiqué de presse dans lequel ils estiment qu'aucune avancée significative n’est enregistré dans le cadre des négociations avec la partie gouvernementale. Ils demandent désormais la présence d’autres observateurs pour servir de témoins, capables d’éclairer l’opinion sur la volonté des uns et des autres de sortir de la crise. Les responsables syndicaux demandent aussi aux parents de prendre leurs responsabilités et de suivre l’évolution de la situation pour constater qui, de la partie syndicale ou gouvernementale, serait en train de faire capoter les discussions et, du coup, de boucher la voie de l’avenir des élèves. Les quatre syndicats « demandent à la communauté nationale et internationale de s’impliquer activement pour faciliter la sortie de la crise, sinon cette question d’envergure nationale peut avoir des implications ayant des effets sur la pesanteur de la paix et de la sécurité sociale ». Pendant ce temps d’autres syndicats fantoches, mis sur pied par le Gouvernement pour diluer la véritable action syndicale, menacent de se liguer en centrale syndicale capable de contrecarrer l’action des deux plus grandes centrales. Pour rappel, ces vrais faux syndicats sont respectivement nommés Syndicat des Enseignants des Ecoles Primaires du Burundi De leur part, deux nouveaux syndicats (SEEPBU) et le Syndicat Indépendant du Personnel de l’Enseignement Secondaire du Burundi (SYPESBU). Dans une conférence de presse qu’ils ont organisée le week-end dernier, les leaders de ces ersatz syndicaux s’insurgent contre un appel à la grève générale récemment lancé par la confédération syndicale du Burundi et la Centrale syndicale du Burundi, deux importantes fédérations des syndicats des travailleurs au Burundi.

SOurce: SurviT-Banguka

mardi 6 avril 2010

Actualité burundaise du 06 avril 2010

● Sécurité.

- Deux policiers de la commune Makamba au sud du pays sont détenus dans les cachots de la police pour avoir été surpris avec des cartes du parti MSD. Le commissaire de la police au sud du pays trouve qu’il est anormal que les corps de sécurité se mêlent de la politique alors que la Constitution l’interdit. Il dit que les pv de l’interrogatoire de ces policiers sera transmis aux échelons supérieurs pour la prise de décision suivant la loi. Beaucoup d’autres policiers et soldats seraient détenus pour les mêmes raisons dans des cachots de camps militaires et policiers. (Isanganiro)

- Un enfant de 11 ans a été grièvement blessé à Rumonge au sud du pays par grenade appartenant à son père pendant qu’il jouait avec cette arme à l’insu de ce dernier qui croyait l’avoir bien gardé. Cet enfant est actuellement à l’hôpital de Rumonge où il suit des traitements tandis que son père se trouve entre les mains de la police pour question d’enquêtes. Notons que ce n’est pas la première fois que cet homme est arrêté par la police suite à la détention illégale d’arme. (Isanganiro)

● Politique

- Le Burundi a célébré ce mardi le 6 avril le 16ème anniversaire de la mort du président Cyprien Ntaryamira. Ces cérémonies ont eu lieu d’abord à la cathédrale Regina Mundi où Mgr Ngoyagoye, archevêque de Bujumbura a signalé que diriger est un don de Dieu et a fait un clin d’oeil aux dirigeants de toujours mériter le choix que le peuple leur accorde. Les cérémonies officielles ont eu lieu sur les tombes des martyrs de la Démocratie où est enterré aussi le président Ndadaye. Le président de la République Pierre Nkurunziza et les autres hauts dignitaires du pays étaient au rendez-vous. A la fin de ces cérémonies, le parti Sahwanya Frodebu a offert un vin aux invités, dont des représentants des autres partis politiques, des représentants des corps diplomatiques accrédités à Bujumbura et autres, dans les enceintes de la permanence de ce même parti. Selon le président du parti Cndd le député Léonard Nyangoma, le gouvernement du Burundi n’a rien fait pour inciter la communauté internationale à faire des enquêtes crédibles pour connaître la vérité sur la mort de Ntaryamira le 6 avril 1994. (Rpa/Isanganiro/Bonesha)

- Le président du parti Frodebu dit qu’il n’a pas été en mesure de suivre le versement de l’assurance par les responsables de l’avion qui a coûté la vie du président Ntaryamira suite aux guerres qui faisaient rages dans le pays. Selon Léonce Ngendakumana, il était difficile de travailler avec le gouvernement rwandais suite au génocide qui a vite éclatée juste après la mort des deux présidents. Il dit également que même les avantages accordés aux familles des anciens présidents de la République ne viennent pas régulièrement pour soutenir la famille du président Ntaryamira. (Bonesha)

- Les partis politiques burundais continuent à dénoncer l’attitude du ministre de l’intérieur Edouard Nduwimana de refuser la diffusion de leurs programmes sur les ondes des radios locales, à la veille des élections. Selon Nsanze Térence, l’interdiction de la diffusion des programmes est une décision purement politique du parti au pouvoir qui veut limiter la liberté d’expression des autres partis sur des médiums publics et privés qui avaient tendu le micro à tout le monde. Il demande au ministre Nduwimana de revoir sa décision. (Rpa)

- L’administrateur de Gihosha vient d’être limogé par son conseil communal pour avoir mal géré les avoirs de sa commune. Vincent Bacanamwo affirme de son côté que cela est pur mensonge. Il trouve que sa destitution est politiquement motivée, raison pour laquelle il n’a même pas fourni beaucoup d’efforts pour résister. Il dit d’ailleurs que la période de diriger une commune est pratiquement terminée raison pour laquelle il a décidé de ne pas perdre le temps à engager des bras de fer avec le conseil communal. (Bonesha)

● Mal gouvernance.

Le gouvernement aurait perdu plus de 500 millions de francs burundais suite à une magouille de la société Amsar qui devrait réhabiliter la route nationale (RN 5) Bujumbura-Cibitoke. Cette entreprise qui avait accepté d’utiliser uniquement une somme gravitant au tour de 150 millions de nos francs, a reçu en plus 4 fois la somme qu’elle devrait recevoir. Ce sont les conclusions du Parquet général de la Cour anticorruption qui vient de publier un rapport sur cette situation. Les études avaient souligné que cette route devrait être réhabilitée à 40 km de Bujumbura où elle était menacée par des cours d’eaux qui avaient dépassé leurs rives. Certains fonctionnaires de l’office des routes et ceux du fond routier sont pointés du doigt par ce rapport pour avoir facilité à l’Amsar pour voler le gouvernement une somme avoisinant les 500 millions de francs. Le rapport de l’inspection de l’Etat dit que la société Amsar a demandé une somme excédant celle qu’elle attendait de la part du Gouvernement selon le coût de ce qu’il avait fait. (Bonesha).

- Un ougandais accusé d’avoir collaboré avec le pouvoir du Cndd-Fdd dans la vente de l’avion présidentielle risque de gagner le marché de fournir les bulletins de vote pour les prochaines élections au Burundi. Selon les sources du Pnud qui a donné ce marché, les choses sont différentes car ils ne savent pas qu’il y a un conflit entre le pays et cet homme d’affaire ougandais. L’opinion voudrait voir cet homme poursuivi par la justice plutôt que de lui octroyé un marché de fourniture à un pays qu’il a déjà spolié. (Rpa)

● Société

- Un enseignant vient d’être surpris en train de violer son élève à Cibitoke au nord ouest du Burundi. Cet enseignant a essayé de corrompre par une somme de 500.000 francs burundais la famille de sa victime. Celle-ci étant pauvre, elle avait accepté de prendre cet argent pour garder le secret. Cependant la sœur de la victime qui l’avait pris à l’hôpital a averti les associations de défense des droits de l’homme qui ont à leur tour saisie la justice. Cependant le violeur est encore en liberté, selon le représentant de la ligue Iteka en commune de Bukinanyana. Cet activiste de la société civile burundaise dit que d’autres cas sont en cour d’investigation et seront portés à la connaissance du public les jours à venir. (Isanganiro)

lundi 5 avril 2010

Actualité burundaise du 05 avril 2010

- Sécurité :

1. Un détenu de la prison centrale de Mpimba a été tué par balle et un policier blessé ce 04 avril dans la nuit. Ce prisonnier avait escaladé le mur voulant s’évader, les policiers lui ont tiré dessus. Beaucoup de coups de feu ont été entendus à cette prison, les policiers empêchaient les détenus à s’évader. Le directeur de la prison de Mpimba indique que les évasions sont devenues courantes dans cette maison d’arrêt ; (Radio Nationale, RPA, Bonesha FM, Isanganiro)

2. Sécurité : Quatre personnes, toutes d’une même famille, ont été blessées par des éclats de grenade lancée par des malfaiteurs dans la nuit du 04 avril sur la colline Muvumu en commune et province de Kayanza. La raison de cet acte n’est pas encore connue mais quatre suspects ont déjà été appréhendés par la police pour enquête ; (Rema FM, Radio Nationale, Isanganiro)

3. Une personne a été blessée ce 04 avril sur la colline Munyinya de la commune Bugabira (province de Kirundo). Cet homme a failli être tué par son garçon suite à un conflit foncier. (Rema FM, Radio Nationale)

- Politique : Des anomalies sur le chronogramme des élections de 2010 sont relevées par le parti UPD Zigamibanga. Dans un point de presse de ce 05 avril, Chauvineau MUGWENGEZO, porte-parole de ce parti, a relevé notamment l’exclusion des observateurs des partis politiques lors du dépouillement et procès verbaux des résultats des élections, le décret de convocation des électeurs et le délais de dépôt des candidatures de tout le scrutin et la proclamation tardive des résultats définitifs pour les élections présidentielles. Les deux semaines d’attente pour la diffusion des résultats peuvent être une période de manipulation selon le porte-parole de l’UPD. Il a affirmé que ces anomalies sont relevées pour le bon fonctionnement des élections de 2010. Chauvineau MUGWENGEZO a interpellé la CENI à revoir ce chronogramme ; (RPA, Bonesha FM)
- Politique- Médias : La décision du ministre de l’intérieur est antidémocratique, estiment certains partis politiques. Le ministre Edouard NDUWIMANA a interdit la diffusion des projets de société des partis politiques par les médias. Ces diffusions avaient été organisées en collaboration avec le Plan d’Action Commun d’Appui aux Médias (PACAM). Le ministre Edouard NDUWIMANA estime que ce sont des propagandes ;
1. Onésime KABAYABAYA, porte-parole du parti ADR, demande au ministre de l’intérieur de revoir sa décision. Ce comportement du ministre de l’intérieur dénote que son parti, CNDD-FDD, n’est pas prêt pour des compétitions ouvertes, dit-il ;
2. Le parti RADEBU indique que présenter les projets de société des partis politiques, ne constitue pas une campagne électorale car ces partis sont déjà enregistrés au ministère. Jean de Dieu MUTABAZI, président de ce parti, explique que les partis politiques doivent continuer à présenter leurs projets de société à la population ;
3. En plus d’être contre la démocratie au Burundi, cette décision du ministre va à l’encontre de la liberté de la presse. Cela a été affirmé par le président du parti PTD, Paul NKUNZIMANA. Les partis MSD et Palipe Agakiza ont eux aussi abordé dans le même sens. Selon ces partis, le parti au pouvoir voudrait museler les autres formations politiques ;
4. Néanmoins, le ministère de l’intérieur affirme n’avoir pas interdit la diffusion des projets de société. Aimé NKURUNZIZA, chef de cabinet au ministère de l’intérieur, précise que ces diffusions doivent commencer le 05 mai ; (RPA, Bonesha FM)

- Education :

1. Quatrième semaine de la grève des enseignants des syndicats CONAPES, SLEB, STEB et SYNAPEP. Les négociations entre les enseignants et les représentants du gouvernement n’ont pas encore abouti. D’après certaines sources, ces deux parties ne s’accordent pas sur la prolongation de l’année scolaire que les syndicats demandent et la rémunération du mois de mars que le gouvernement ne veut pas accorder. Les enseignants précisent que si on ne leur paie pas ce mois, ils vont continuer le programme sans se soucier du temps perdu, c'est-à-dire ne pas faire passer les examens du 2ème trimestre ; (Radio Nationale, Bonesha FM)

2. Les nouveaux syndicats des enseignants, CEPBU et SYPESBU, interpellent leurs membres à se désolidariser des confédérations COSYBU et CSB surtout dans la grève en cours. Dans une conférence de presse de ce 05 avril, Victor NDABANIWE, président du CEPBU, a demandé que leurs syndicats soient concertés avant la prise de toute décision si non ils menacent de créer leur propre confédération. Les représentants de ces syndicats ont demandé au gouvernement d’accorder à leurs partisans les salaires des mois d’octobre et mars puisqu’ils n’ont pas fait de grève ; (Radio Nationale, RPA)
- Santé : Lancement ce 05 avril d’une campagne de distribution des moustiquaires imprégnés dans les provinces Muramvya, Cibitoke, Bubanza et dans les communes Mutimbuzi et Mubimbi en province de Bujumbura rural. En province Bubanza, les cérémonies se sont déroulées dans le secteur Murengeza en commune Mpanda où elles ont été présidées par le 2ème vice président de la République , Gabriel NTISEZERANA. Cette campagne a été organisée par le ministère de la santé publique en collaboration avec la Croix Rouge. (Radio Nationale, Rema FM)


- Santé : Le personnel médical et paramédical du centre nouvelle espérance de Buyenzi a entamé un mouvement de grève ce 05 avril. Ce personnel qui s’occupe de la prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH/Sida réclame des augmentations salariales. Cette réclamation tient du fait que les salaires et les indemnités du personnel du secteur public ont été augmentés ;
- Politique : Tenue ce 05 avril de la 3ème réunion du comité d’orientation du recensement général de la population et de l’habitation 2008. Le 1er vice président de la République , Dr Yves SAHINGUVU, qui a ouvert cette réunion a indiqué qu’il est question de connaître l’Etat d’avancement des travaux du recensement général de la population et d’échanger sur les moyens à mettre en œuvre pour bien mener les différents rapports prévus. Les chiffres fixés par cette réunion, après signature par le président de la République , serviront à déterminer le nombre de sièges par province ;
- Agriculture : La récolte s’annonce bonne en province de Kirundo grâce à une bonne pluviométrie. Les prix des produits commencent même à chuter sur les marchés ;

- Economie : La Banque de la ZEP é été officiellement rapatriée à Bujumbura après quelques années de fermeture suite à la crise qu’a connu le Burundi. Quatre ans après, les activités de cette banque ne sont pas visibles qu’avant. Seul 30% du personnel se trouve au Burundi et la ZEP n’octroi de l’argent qu’aux personnes ayant un portefeuille de cinq cent mile dollars américain au moins. Plus d’un se posent la question sur sa pleine opérationnalité. Cependant, le directeur d’administration de la ZEP a affirmé que cette banque est revenue bel et bien au Burundi depuis l’année 2007.


- Sécurité : Un policier nommé Jean SABUKUNZE a été appréhendé ce 04 avril par la population. Il portait une tenue civile, faite de haillons, et un pistolet. Ce policier a demandé aux personnes rencontrées près de la présidence de lui indiquer le bistrot dénommé Maximine. Appréhendé par ces personnes, ce policiers a indiqué être du service national de renseignement, chargé de la garde de Jacques KENESE, président du parti FNL Iragi rya Gahutu Rémy. Alerté, le commissaire municipal de la police a embarqué ce policier après avoir confisqué son pistolet ;

- Justice : Presque deux cent détenus de la prison de Rumonge (Province de Bururi) pourraient être relâchés grâce à la mesure présidentielle. Les détenus ayant atteint 60 ans interpellent le gouvernement d’assurer leur transport jusque dans leurs provinces respectives. Les responsables de la prison de Gitega, quant à eux, indiquent avoir commencé l’élaboration des listes des détenus qui bénéficieront de cette grâce ;

- Politique : La société ougandaise Picfare dirigé par un homme cité dans l’achat illicite de l’avion présidentiel, Falcon 50, il y a quatre ans pourrait jouer un rôle central dans le processus électoral au Burundi. Cette société aurait déjà livré les listings électoraux et serait en passe de gagner le marché de la production des cartes d’électeurs. De quoi inquiéter plus d’un si l’ont tient compte des antécédents du patron de la société Picfare ;

- Gouvernance : Le projet de loi octroyant des avantages aux officiers généraux crée la consternation du personnel des écoles techniques du Centre de Formation et de Perfectionnement Professionnel (CFPP) de Kirundo, Bururi et Nyakabiga. Ce personnel, en grève depuis deux semaines, demande des avantages estimés à plus de cinq milliards par an que le gouvernement veut octroyer à 72 généraux alors que 125 agents du CFPP réclament seulement 71 millions de francs burundais par an ;

- Droits de l’homme : Le commissaire provincial adjoint de la sécurité intérieure en province de Bujumbura dément les informations selon lesquelles, il a voulu protégé Daniel KABURA accusé de viol sur une fille mineur. Ce commissaire indique avoir adressé une correspondance au chef de poste de police à Magara parce que Daniel KABURA affirmait être menacé par ses voisins ;
- Salubrité : Bientôt des toilettes publiques mobiles seront implantées à travers toute la ville de Bujumbura. cette annonce a été faite par le Maire de la ville de Bujumbura, Evrard GISWASWA, qui précise qu’un contrat a déjà été signé avec la société BGC qui va exécuter ce travail. Cette société va également s’occuper de l’entretien et la gestion de ces toilettes publiques

- Conflits fonciers : Sit-in ce 05 avril de certains déplacés du site de Kabezi en province de Bujumbura devant la présidence de la République. Ces déplacés demandent que la mesure d’expulsion prise à leur encontre soit annulée. Ces familles avaient adressé une correspondance au président de la République ;

- Transport : Les transporteurs de la province de Karuzi n’ont pas appliqué une nouvelle mesure prise la semaine passée par le gouverneur de cette province. Cette mesure revoyait à la baisse le prix du ticket de transport Gitega – Karuzi et de Karuzi à Muyinga ;

- Violences faites aux femmes : Trois femmes ont subi des coups et blessures de la part de leurs maris les 03 et 04 avril dans différentes communes de la province de Bururi. En moyenne, 40 cas de violences faites aux femmes sont recensés dans cette province ;

- Société : Le directeur général des routes affirme que la route passant devant le chantier de la permanence du part CNDD-FDD va être ouverte ce 06 avril. Cette route est fermée depuis deux semaines. Innocent NIBIZI a également indiqué que la question des ponts est en cours de route afin d’éviter leur écroulement. Toutefois, il souligne que l’entretien du pont de Nyabagera n’est pas dans le budget de l’office des routes mais plutôt de celui du ministère de l’environnement ;

- Politique : Ce 06 avril, le Burundi commémore la mort du président Cyprien NTARYAMIRA. Me fabien SEGATWA indique qu’une enquête des Nations Unies sur la mort de ce président devrait être commanditée. Il estime que c’est la seule enquête qui serait acceptée par toutes les parties concernées.


- Sécurité routière : Une personne est morte dans un accident de voiture ce 04 avril dans la ville de Ngozi. Elle a été percutée par un bus qui assure la liaison Bujumbura Kampala. Cette voiture roulait à vive allure ;

- Sport : Après tout un mois d’interruption du championnat national, il a repris le week-end du 03 et 04 avril. L’équipe Vital’o occupe la 1ère place suivie de Inter Star.


- Politique :

1. Les auteurs des altercations qui s’observent ces derniers temps entre les militants de certains partis politiques sur terrain doivent être sanctionnés individuellement conformément à la loi et considérés comme des fauteurs de troubles. Tels sont les propos du chef de cabinet au ministère de l’Intérieur. Aimé NKURUNZIZA estime qu’un parti politique ne peut cautionner de tels actes ;

2. Les listes des candidats inscrits aux rôles d’électeurs ne sont toujours pas prêtes. Le commissaire chargé de la communication au sein de la CENI signale que l’on est en train de corriger les lacunes trouvées avant de les acheminer dans les provinces. Prosper NTAHORWAMIYE rassure que la période allant du 05 au 11 avril qu’ils se sont fixés n’est pas encore dépassée ;

- Commerce : Les vendeuses autour du marché central de Bujumbura grognent. Certaines femmes pour la plupart exerçant le commerce de légumes et fruits autour du marché central de Bujumbura dénoncent l’attribution des stands au lieu dénommé le GRENIER du Burundi, sur des bases des critères subjectifs. Ces femmes demandent à la Mairie de les laisser continuer leurs petits commerces à l’extérieur du marché central de Bujumbura en attendant que l’on leur attribue des stands comme leurs collègues. Les vendeuses bénéficiaires de ces stands saluent la mesure prise par la Mairie ;

- Humanitaire : L’Association des Miséricordieux pour l’Assistance des Vulnérables du VIH/SIDA à Kayanza, AMAVES Abagirampuwe, s’occupant des orphelins du SIDA a octroyé ce 5 avril à ces derniers une aide composée des habits, savons et couvertures. La valeur de cette aide est estimée à 118 millions de francs burundais.

dimanche 4 avril 2010

Burundi : l’administration bat campagne pour le parti au pouvoir

Tout est bon pour le parti au pouvoir au Burundi pour gagner des voix lors des prochaines élections : l’administ ration ménage les vendeuses de fruits et légumes, les conducteurs de taxi-vélos et de motos… et embauche à tour de bras les militants déçus. Mais les gens sont sans illusion…
Courtoisie à l’endroit des groupes hier maltraités, embauches massives dans la fonction publique sans passer d’examens… L’administration burundaise ne ménage pas ses efforts, depuis trois mois, pour s’assurer que le parti au pouvoir, le CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie), gagnera les élections qui débuteront fin mai.
Il s’agit de se réconcilier avec des militants très critiques en fin de législature pour ne pas perdre ces électeurs. Le gouvernement, qui a peur d’une dispersion des voix, essaie de remobiliser les troupes. Il fait ainsi la cour à des catégories de gens influentes prêtes à voter pour le changement.
Des policiers, qui n’hésitaient pas hier à fouetter, pour les disperser, les vendeuses de fruits et légumes à même les trottoirs de la capitale, ne lèvent plus leur chicotte. Certains d’entre eux, rencontrés au sud de la capitale, affirment qu’ils ont reçu la consigne de traiter les gens sans acrimonie. "Ils sont devenus courtois, ces gens-là", constate une marchande de tomates. Constat partagé par un conducteur de taxi-vélo qui arrive désormais jusqu’au marché central : "Il n’y a pas longtemps, j’aurai été tabassé et mon engin confisqué."

Embauches à tout va
L’approche des élections a ainsi apparemment réconcilié ces groupes organisés et l’administration qui n’hésite pas à les rassembler pour les plonger dans l’ambiance de la campagne électorale. De nombreuses vendeuses de fruits et légumes, des jeunes qui extraient sable et pierres des rivières traversant la capitale, des conducteurs de taxis-vélos et de motos, des chauffeurs de camions… ont été, par exemple, conviés le 26 mars à une manifestation organisée par le maire de la ville de Bujumbura, égayée par des chansons préenregistrées appelant à voter pour le parti au pouvoir.
L’administration remobilise aussi en donnant de l’emploi à des militants qui ne passent pas préalablement les examens d’embauche comme c’est la règle. On le constate notamment dans des départements du ministère des Transports et télécommunications, de la Communication, de la Fonction publique... La qualité du travail, surtout dans les médias publics, laisse ainsi à désirer, tandis que le personnel devient pléthorique dans de nombreux services. "On devra à un moment donné réduire les effectifs ou on fermera boutique", se plaint par exemple un agent des Services aéronautiques.

Préoccupations quotidiennes
Mais, tous ces groupes attendent surtout des réponses précises à leurs préoccupations quotidiennes. "J’étais venue entendre le maire de la ville parler de l’avancement de la construction des stands pour marchands de fruits et légumes, il n’en a pas été question et je m’en vais déçue", s’énerve une vieille maman. Le directeur général de la société de gestion du marché central, Cyprien Horugavye, assure pourtant que les travaux d’aménagement de ces stands ont déjà commencé. Un chauffeur de camion de transport urbain, qui attend désespérément du changement concret, fait lui aussi grise mine : "On a imposé que l’on gare nos camions loin de la ville, loin des clients, difficile pour l’instant de nous calmer."
Des conducteurs de taxi-vélos et taxi-motos ne se font pas non plus d’illusions sur l’amélioration de leur sort. Ils pensent que la séduction ne durera que le temps de la campagne électorale. "C’est toujours le même scénario, on vote pour eux et après ce sont les brutalités qu’on nous inflige et on revient à nous après 5 ans, en faisant les yeux doux", analyse un chauffeur de taxi-moto.
Difficile pour l’administration de contenter en trois mois tous les déçus du régime. Nombre de vendeuses de fruits et légumes interrogées autour du marché central de Bujumbura sont ainsi décidées, quoi qu’il en soit, à voter pour le changement.

Source: Syfia grands Lacs/Burundi