Le journal d'analyses qui vous permet d'acceder à l'actualité burundaise de manière objective et professionnelle.

Rechercher dans ce blog

dimanche 4 avril 2010

Burundi : l’administration bat campagne pour le parti au pouvoir

Tout est bon pour le parti au pouvoir au Burundi pour gagner des voix lors des prochaines élections : l’administ ration ménage les vendeuses de fruits et légumes, les conducteurs de taxi-vélos et de motos… et embauche à tour de bras les militants déçus. Mais les gens sont sans illusion…
Courtoisie à l’endroit des groupes hier maltraités, embauches massives dans la fonction publique sans passer d’examens… L’administration burundaise ne ménage pas ses efforts, depuis trois mois, pour s’assurer que le parti au pouvoir, le CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie), gagnera les élections qui débuteront fin mai.
Il s’agit de se réconcilier avec des militants très critiques en fin de législature pour ne pas perdre ces électeurs. Le gouvernement, qui a peur d’une dispersion des voix, essaie de remobiliser les troupes. Il fait ainsi la cour à des catégories de gens influentes prêtes à voter pour le changement.
Des policiers, qui n’hésitaient pas hier à fouetter, pour les disperser, les vendeuses de fruits et légumes à même les trottoirs de la capitale, ne lèvent plus leur chicotte. Certains d’entre eux, rencontrés au sud de la capitale, affirment qu’ils ont reçu la consigne de traiter les gens sans acrimonie. "Ils sont devenus courtois, ces gens-là", constate une marchande de tomates. Constat partagé par un conducteur de taxi-vélo qui arrive désormais jusqu’au marché central : "Il n’y a pas longtemps, j’aurai été tabassé et mon engin confisqué."

Embauches à tout va
L’approche des élections a ainsi apparemment réconcilié ces groupes organisés et l’administration qui n’hésite pas à les rassembler pour les plonger dans l’ambiance de la campagne électorale. De nombreuses vendeuses de fruits et légumes, des jeunes qui extraient sable et pierres des rivières traversant la capitale, des conducteurs de taxis-vélos et de motos, des chauffeurs de camions… ont été, par exemple, conviés le 26 mars à une manifestation organisée par le maire de la ville de Bujumbura, égayée par des chansons préenregistrées appelant à voter pour le parti au pouvoir.
L’administration remobilise aussi en donnant de l’emploi à des militants qui ne passent pas préalablement les examens d’embauche comme c’est la règle. On le constate notamment dans des départements du ministère des Transports et télécommunications, de la Communication, de la Fonction publique... La qualité du travail, surtout dans les médias publics, laisse ainsi à désirer, tandis que le personnel devient pléthorique dans de nombreux services. "On devra à un moment donné réduire les effectifs ou on fermera boutique", se plaint par exemple un agent des Services aéronautiques.

Préoccupations quotidiennes
Mais, tous ces groupes attendent surtout des réponses précises à leurs préoccupations quotidiennes. "J’étais venue entendre le maire de la ville parler de l’avancement de la construction des stands pour marchands de fruits et légumes, il n’en a pas été question et je m’en vais déçue", s’énerve une vieille maman. Le directeur général de la société de gestion du marché central, Cyprien Horugavye, assure pourtant que les travaux d’aménagement de ces stands ont déjà commencé. Un chauffeur de camion de transport urbain, qui attend désespérément du changement concret, fait lui aussi grise mine : "On a imposé que l’on gare nos camions loin de la ville, loin des clients, difficile pour l’instant de nous calmer."
Des conducteurs de taxi-vélos et taxi-motos ne se font pas non plus d’illusions sur l’amélioration de leur sort. Ils pensent que la séduction ne durera que le temps de la campagne électorale. "C’est toujours le même scénario, on vote pour eux et après ce sont les brutalités qu’on nous inflige et on revient à nous après 5 ans, en faisant les yeux doux", analyse un chauffeur de taxi-moto.
Difficile pour l’administration de contenter en trois mois tous les déçus du régime. Nombre de vendeuses de fruits et légumes interrogées autour du marché central de Bujumbura sont ainsi décidées, quoi qu’il en soit, à voter pour le changement.

Source: Syfia grands Lacs/Burundi

Aucun commentaire: