La police burundaise a perquisitionné lundi le siège d'un parti d'opposition, le Mouvement pour la paix et le développement (MSD), dont le président a fui en exil, a-t-on appris auprès de cette formation.
La perquisition a débuté vers 09H00 (07H00 GMT) et a duré près de deux heures à Bujumbura, a constaté un journaliste sur place. Le mandat de perquisition, signé du procureur, portait comme motif "atteinte à la sûreté intérieure" de l'Etat.
Six militants ont été interpellés, et les policiers ont exhibé notamment deux grenades, une paire de bottines militaires, et des jumelles qu'ils ont affirmé avoir saisies sur place.
Le porte-parole du MSD, François Nyamoya, a accusé la police d'avoir amené ces armes avec elle et a dénoncé un "pur montage".
"Il aurait été totalement stupide de notre part de garder des armes dans notre permanence alors que nous sommes l'objet du harcèlement du pouvoir", a réagi M. Nyamoya.
Aucun responsable de la police n'a souhaité s'exprimer.
"Le pouvoir cherche à museler les partis membres de l'Alliance démocratique pour le changement" (ADC, coalition de l'opposition), a accusé le porte-parole du MSD.
Il a par ailleurs confirmé la "fuite" à l'étranger du président du parti, l'ancien journaliste Alexis Sinduhije, depuis deux semaines environ.
"Lui aussi a été obligé de quitter le pays discrètement car il a fait l'objet d'une tentative d'assassinat il y a environ deux semaines", a affirmé M. Nyamoya.
M. Sinduhije aurait traversé clandestinement la frontière de la RDC, avant de passer par le Kenya puis de s'envoler vers l'Europe, selon des sources policières.
Ce sont désormais trois leaders de l'opposition qui sont entrés dans la clandestinité depuis les élections communales du 24 avril, remportées très largement par le parti au pouvoir et entachées de "fraudes massives" selon l'opposition.
Le chef des Forces nationales de libération (FNL, dernier mouvement armé hutu devenu parti politique courant 2009), Agathon Rwasa est entré en clandestinité peu après ce scrutin.
Jeudi, le ministre de l'Intérieur a entériné sa "destitution", intervenue lors d'un récent congrès d'une frange dissidente de ce parti soutenue par le pouvoir.
Il a ensuite été suivi par Léonard Nyangoma, le chef historique de la rébellion au Burundi et président d'un autre parti d'opposition (CNDD), qui a fui il y a un mois, alors qu'il allait être arrêté par la police.
"Ce qui se passe est extrêmement dangereux et inquiétant. Le pouvoir est en train de créer la frustration et le mécontentement dans le camp de l'opposition et personne ne peut prédire ses réactions", a mis en garde le porte-parole du MSD.
La présidentielle de juin a été remportée par le président sortant Pierre Nkurunziza, seul candidat en lice. Son parti CNDD-FDD, issu de la rébellion hutue du pays, a ensuite remporté les législatives et les sénatoriales.
Les attaques à la grenade et les assassinats ciblés se sont multipliés ces derniers mois.
Source: AFP
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