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lundi 12 octobre 2009

BURUNDI : UNE GOUVERNANCE FORTEMENT MARQUEE PAR LE SPECTRE DES ELECTIONS DE 2010.

Le premier semestre 2009 a permis au Burundi de conclure un processus de paix entamé depuis plus d’une dizaine d’années et dont les épisodes auront été aussi nombreux que laborieux. Cette dernière phase n’a pas dérogé aux précédentes. C’est l’implication extérieure, en particulier des pays de l’Initiative Régionale et de l’Afrique du Sud, qui a été décisive. Quoique laborieuse, la conclusion de ce processus n’en constitue pas moins une étape décisive dans le processus de retour d’une paix durable au Burundi. En dépit de cette avancée, porteuse d’espoirs de retour de la sécurité, le pays reste secoué par une insécurité persistante, marquée par des assassinats ciblés, des embuscades, un banditisme armé et des assassinats individuels, généralement liés aux conflits fonciers. Au cours du premier semestre 2009, plus de 257 personnes ont été assassinées et plus de 235 autres ont été blessées au cours d’attaques diverses sur les routes et dans les ménages. Ces attaques sont à plus de 70% perpétrées avec des armes à feu et des grenades. Sur le chapitre de la gouvernance politique, le premier semestre 2009, est dans la continuité des semestres qui l’ont précédé avec une fébrilité particulière liée aux positionnements politiques pré-électoraux. Depuis sa victoire aux élections en 2005, le parti CNDD-FDD se trouve dans une sorte de dilemme cornélien consistant, d’une part, à l’obligation de se conformer à la loi et aux principes démocratiques et d’autre part à la tentation de s’ériger en parti Etat, ignorant les règles et les principes démocratiques. Cette tendance semble s’exacerber à l’approche des élections et à la frilosité qui les accompagne. La tendance est de verrouiller les espaces démocratiques, afin de permettre au seul parti au pouvoir de mener seul une campagne électorale précoce. C’est dans ce contexte qu’on peut placer la mise en place sinueuse de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), que le pouvoir voulait à sa dévotion, et dont la proposition des membres a été bloquée par le Sénat. Ce blocage a été bénéfique et a permis l’ouverture de consultations qui ont finalement abouti à la mise en place d’une commission électorale consensuelle. Cependant, les tensions restent vives et pourraient s’aggraver au fur et à mesure que les échéances électorales approchent. La violence politique, déjà manifeste, pourrait aussi s’accentuer. L’économie du pays reste largement tributaire de l’aide extérieure. Le Burundi a bénéficié de 92% d’allégement de sa dette de la part des institutions de Bretton Woods et du Club de Paris, lorsqu’il a atteint le point d’achèvement dans le cadre de l’initiative PPTE. Cependant, l’éventualité d’inversion de la courbe de paupérisation reste lointaine. La possibilité pour la population de bénéficier des dividendes de ces mesures reste hypothétique, faute d’une vision claire dans ce domaine et dans bien d’autres. La Gouvernance sociale a été caractérisée par une grogne récurrente et des grèves répétitives des fonctionnaires dans les secteurs de l’éducation et de la santé. En dépit de quelques efforts, le Gouvernement semblait privilégier l’affaiblissement des partenaires et le recours aux menaces. Dans le secteur de l’éducation de nombreuses écoles ont été construites mais les effectifs d’enseignants restent en dessous des besoins.

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