Le chef de la mission diplomatique néerlandaise au Burundi compte aller constater par lui-même l'état de l'insécurité dans ce pays. "Nous ne savons pas exactement d'où vient cette violence et nous voulons être très clairs dans notre message au gouvernement et au président qu'ils doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir une escalade".
Depuis le début du mois de mai, on dénombrerait au Burundi 85 morts, dont des enfants. Devant l'absence d'informations officielles quant à la véritable étendue et cause des assassinats dont font état les médias et les ONG, Cees Roels, chargé d'affaires des Pays-Bas au Burundi, a l'intention d'aller voir lui-même dans la province de Bujumbura rural, où sévissent les violences.
Principal bailleur de fonds pour les programmes de professionnalisation de l'armée et de la police burundaises, le Royaume des Pays-Bas estime disposer de moyens de pression propres à encourager des réformes.
La Haye s'est engagée à contribuer à la réforme en profondeur du secteur de sécurité burundais sur une période de 8 ans. La première tranche de deux ans vient d'être achevée.
Protéger les populations
Cees Roels: "Nous parlons beaucoup avec la police et l'armée d'une nouvelle approche au problème de l'instabilité, et des leçons que nous avons apprises en Afghanistan, à savoir qu'il ne s'agit pas pour l'armée d'éliminer l'ennemi, mais de soutenir et protéger les populations."
Selon le chargé d'affaires, ses discussions avec les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure sont très "ouvertes, critiques et pas toujours diplomatiques" à cet égard. Les Pays-Bas estiment que le Burundi ne pourra s'engager sur la voie du développement que lorsque la sécurité aura été rétablie sur tout le territoire.
Le gouvernement burundais, de son côté, attribue les actes de violence à des bandits armés manipulés par l'opposition et a promis de rétablir le calme dans les deux mois. Le porte-parole Philippe Nzobonariba, en réponse à la "vive préoccupation" exprimée par la communauté internationale à propos d'exécutions extrajudiciaires attribuées à des agents des services de sécurité du Burundi, affirme au micro de Radio Nederland que les questions d'impunité sont en voie d'être réglées :
"Les enquêtes se poursuivent, peut-être que les signataires de la lettre s'impatientent sur les résultats, mais la volonté du gouvernent d'enquêter est là et beaucoup de cas qu'ils allèguent ont eu une suite puisque je vous dis que les coupables ont été punis et que les autres sont encore recherchés."
Suspendre l'aide
Le parti d'opposition Frodebu souhaiterait que les Pays-Bas aillent plus loin et suspendent carrément leur aide, question de forcer le gouvernement à lancer le dialogue politique que continue de réclamer en vain l'opposition.
"L'urgence aujourd'hui, explique Frédéric Bamvuginyumvira, c'est dans le dialogue, il faut rencontrer toutes les forces nationales autour d'une table pour débattre des questions de fond, y compris la question de sécurité. Il faut que pendant qu'on dialogue, la question de formation de ces corps soit un peu suspendue jusqu'à ce que l'on obtienne cet accord."
Les Pays-Bas pourraient-ils user de cette arme ? Pas dans l'immédiat, bien que leur engagement demeure conditionnel à l'aval du Parlement néerlandais. Ce dernier veille au grain, face à d'importantes coupures budgétaires entamées dans tous les secteurs. Par le passé, des parlementaires se sont demandé pourquoi les deniers publics servaient à soutenir un pays dont les forces de sécurité se rendaient coupables d'exécutions extra judiciaires. Cela, les diplomates néerlandais ne le cachent pas, explique Frederique Quispel, responsable du programme de développement du secteur de sécurité à la mission des Pays-Bas au Burundi :
"Nous le disons très clairement : aux Pays-Bas, nous avons un parlement qui décide de nos activités. Si ce dernier continue à entendre des nouvelles faisant état de meurtres ou d'autres histoires comme la corruption, le robinet d'aide sera fermé, et cela ne sera que normal. J'ai personnellement l'impression que ça marche. Cela se remarque notamment par le changement des mentalités au sein du gouvernement."
Les diplomates savent qu'ils ont souvent à faire à d'anciens rebelles qui ont passé parfois 7 à 8 ans dans la jungle. Ils savent que l'on ne crée pas une armée et un corps de police disciplinés et respectueux des droits de l'homme du jour au lendemain. Mais la patience a ses limites.
Source: RNW
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire