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mercredi 18 novembre 2009

Quand un Ministre de l’Intérieur s’en prend à la société civile au lieu d’un Gouverneur de province présumé "assassin"

Un citoyen battu à mort sur ordre du gouverneur de Kayanza Cennel Nduwimana", (Burundi Tribune), "Le gouverneur de Kayanza Nduwimana accusé de meurtre : la société civile burundaise demande la déchéance de ses fonctions" (LDGL), "Un homme qui avait été battu pour avoir refusé de donner un pot-de-vin au Gouverneur de la province de Kayanza est décédé de suite de ses blessures" (Binub), "Le gouverneur de Kayanza fait tuer un citoyen par ses gardes" (Burundi News)… voilà en quelques sortes, les titres qui sont parus ces derniers jours dans divers media électroniques Burundais. Les éditoriaux des média locaux à Bujumbura ont fait le même écho. Dire que ces titres sont révoltants ne découle que de l’euphémisme.

Un mois après l’acte ignoble, Mr. Nduwimana est toujours Gouverneur de province, touche un salaire payé par les contribuables de Kayanza et bénéficie de divers indemnités et privilèges reconnus pour une autorité de son rang par l’Etat Burundais: un "Etat de droit". Un Etat de droit où le Ministre de l’Intérieur est le supérieur hiérarchique de Mr. Nduwimana. Un Etat de droit où une des responsabilités du Gouverneur Nduwimana, et par conséquent son supérieur hiérarchique Ministre de l’Intérieur, était de protéger, d’assurer et de garantir le droit à la vie de Mr. Salvator Sabiriho. Dans n’importe quelle autre hiérarchie au monde, on s’attendrait à ce que le Ministre châtie son subalterne qui a faillit à sa mission, pour au moins se désolidariser de l’incompétence, spécialement quand l’incompétence dont il s’agit est le crime le plus horrible, un assassinat par torture! La dernière nouvelle est que la sécurité rapprochée du Gouverneur Nduwimana a été renforcée à plus de 300%. Allez-y comprendre quelque chose!

"Nous ne pouvons faire autrement que de saisir les plus hautes autorités du pays pour qu’elles prennent les mesures qui s’imposent, en l’occurrence exiger la démission de ce gouverneur qui abuse de l’autorité de l’Etat qui lui a été déléguée dans l’intérêt des citoyens, afin qu’il réponde de ses actes devant la Justice et si le président de la république continue à faire sourde oreille face à de tels crimes, nous le prendrons pour un complice et le moment venu, il devra aussi en répondre", a martelé Pacifique Nininahazwe, Délégué General du FORSC (Forum pour le Renforcement de la Societe Civile) selon Bujumbura News. Le discours prononcé par Mr. Nininahazwe à Kayanza le jour des funérailles de feu Sabiriho ayant été prononcée en Kirundi, cet extrait en Francais résume les raisons de l’acharnement du Ministre de l’Intérieur contre la société civile. Au lieu d’user de ses prérogatives envers le présumé coupable Gouverneur, le Ministre de l’Intérieur change de cible et s’en prend à la société civile pour avoir commis un crime de lèse majesté en dénonçant la barbarie du gouverneur Nduwimana et en osant demander au Chef de l’Exécutif Burundais de se prononcer sur le cas. Le Ministre trouverait le Délégué General du FORSC coupable d’avoir insinué que qui ne dit mot consent et/ou que silence pourrait être complice! Oui, la famille Sabiriho attend toujours ses condoléances Mr. le Ministre, sans parler de justice. Faudrait-il mentionner en passant qu’entre le gouverneur de province et le Président de la République, il n’ya qu’un seul degré de séparation: le Ministre de l’Intérieur!

Ce qui s’est passé à Kayanza devrait outrager chaque Burundais. L’arrogance du Gouverneur de Kayanza qui a osé demander sur la Télévision Renaissance que sa victime aille le rencontrer dans son bureau (était-ce pour être torturé une nième fois ?) s’il avait quelque chose à réclamer est enrageant. Un Etat de droit était la raison pour laquelle tant de Burundais ont laissé leurs vies sur le champ d’honneur. Respecter les droits fondamentaux (dont le plus fondamental est le droit a la vie) est le minimum que l’on attend des pouvoirs publics pour s’acquitter de la dette que nous devons à ces braves disparus. Un Etat de droit suppose un minimum de justice pour tous ses habitants. Triste, si on n’en prend pas garde, ce qui est arrivé au paisible citoyen feu Sabiriho, pourrait arriver à… (votre nom ici).

Combien vrai est ce commentaire d’un lecteur du site Abarundi.org qui nous rappelle que, "la vraie justice protège les petits en les rentrant dans leurs droits qui sont généralement bafoués par les puissants. "La société civile n’est la que pour se soucier de ces "petits" , pour rappeler que ces "petits" doivent jouir des mêmes droits que les "puissants", pour dénoncer les abus du pouvoir et pour rappeler aux "puissants" que de leur puissance conférée par les "petits", ils leurs doivent en retour la protection et la "sécurité humaine" dans toutes ses attributions. Quand la société civile accomplit sa tache avec bravoure, ce sont les félicitations et les encouragements qui sont dus et non les intimidations.

Source:burunditransparence

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