Au moins 75 malfaiteurs présumés ont été lynchés à mort par la foule en 2009 au Burundi, souvent avec la "complicité" des autorités, selon un nouveau rapport de Human Rights Watch (HRW), qui appelle le gouvernement à mettre fin à l'"impunité".
"Au Burundi, les attaques perpétrées par des foules contre de présumés malfaiteurs, souvent avec la complicité des autorités, ont conduit à au moins 75 meurtres en 2009", indique ce rapport de HRW, rédigé avec l'Association burundais pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH).
Selon ce document de 105 pages, intitulé "La ‘justice’ populaire au Burundi : complicité des autorités et impunité", "les autorités ont parfois été impliquées dans des meurtres par lynchage et des passages à tabac de présumés malfaiteurs (...)".
Elles ont également "facilité ces actes en mettant sur pied des comités de sécurité (...) qui opèrent en marge de la loi", explique le texte.
"Rares sont les cas de violence populaire qui ont donné lieu à des enquêtes ou des arrestations, et aucune de ces affaires n'avait encore abouti à une condamnation en février 2010", assure HRW, qui cite néanmoins des cas où des représentants de l'autorité ont cherché à s'interposer "au péril de leur vie".
Plus d'un quart des cas de "justice populaire" recensés dans ce document ont eu lieu dans la province de Ruyigi (est), avec 19 des 75 cas de lynchage enregistrés en 2009.
Pour HRW et l'APRODH, "le manque de confiance dans la police et dans l'appareil judiciaire, tous deux minés par la corruption, l'incompétence et le manque de moyens" sont parmi "les facteurs qui expliquent ce phénomène de "justice sociale".
"Les Burundais qui sont victimes d'un délit n'attendent aucune protection de la part de la police et aucune justice de la part des tribunaux", a estimé Pierre Claver Mbonimpa, le président de l'APRODH, en assurant qu'ils préfèrent donc "recourir à la force pour se protéger".
Il a appelé le gouvernement à prendre "des mesures urgentes".
Le Burundi, petit pays d'Afrique centrale qui sort de 13 ans de guerre civile, compte organiser à partir de mai une série de cinq scrutins dont une élection présidentielle et des législatives.
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