Une émission politique, populaire, diffusée par la RPA (Radio publique africaine) est interdite d'antenne pendant quatre jours par les autorités burundaises. En signe de protestation, la RPA a décidé d'assurer un service minimum. La radio, liée au Mouvement pour la solidarité et la démocratie, parti de l'opposition, est depuis longtemps la cible du pouvoir.
Les auditeurs de la station privée RPA, Radio publique africaine, sont privés depuis ce mardi du célèbre indicatif de l’émission Kabizi (Celui qui sait). Une sanction prise par le Conseil national de la communication (CNC), l’organe de régulation des médias au Burundi. « Nous avons décidé que cette émission serait suspendue pendant quatre jours de diffusion, à partir de ce mardi 26 avril », a déclaré le président du CNC, Pierre Bambasi.
Émission phare de la RPA, Kabizi ouvre les antennes de cette station aux auditeurs pendant une heure chaque matin avec un invité qui répond en direct aux questions posées par téléphone. Cette émission, qui permet régulièrement aux leaders politiques burundais en exil de s’exprimer, irrite énormément le pouvoir. En novembre dernier, Kabizi avait déjà été la cible du CNC.
Le CNC explique qu’il a décidé de suspendre l’émission parce qu'un auditeur a porté des accusations graves à l’endroit du chef de l’État sur les antennes de la radio. Cet homme, qui s’est présenté comme un ancien combattant rebelle, a assuré que Pierre Nkurunziza, le président burundais, avait tué un bébé en sa présence durant la guerre civile.
« Le CNC n’a pas les pouvoirs de suspendre ou d’interdire une émission d’une radio. C’est un abus de pouvoir », pour le directeur de la RPA, Eric Manirakiza. La RPA a décidé en signe de protestation d’assurer un service minimum pendant les quatre jours que vont durer la sanction. La station diffuse de la musique engagée et à l’heure du journal, les auditeurs ont droit à un message : « En signe de protestation, face à la décision arbitraire du CNC…. »
À propos de la RPA
La Radio publique africaine (RPA) a diffusé pour la première fois le 3 mai 2001. L'objectif de son fondateur, Alexis Sinduhije, est d'être la radio des sans voix mais aussi de rassembler les communautés hutu et tutsi. La rédaction est mixte.
Dès le mois d'août 2002, la RPA est fermée par l'Agence de régulation et de contrôle des télécommunications pour non paiement de taxes. À l'époque, toutes les radios indépendantes burundaises protestent contre le montant élevé des droits de diffusion (3 000 $).
En février 2003, la maison de Alexis Sinduhije est mitraillée et le gardien tué. En septembre 2003, par solidarité avec une autre radio que les autorités ont suspendue, RPA décide de boycotter tous les évènements et activités du gouvernement. La RPA est elle-même interdite de diffusion.
Elle le sera à plusieurs reprises dans les années suivantes. Des journalistes et des employés de la radio ont été arrêtés et emprisonnés à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. L'acharnement des autorités à l'encontre de la radio a été dénoncé plusieurs fois par Reporters sans frontières.
Alexis Sinduhije a reçu le Prix international de la liberté de la presse du Comité pour la protection des journalistes en 2004. Reconverti dans la politique, il est aujourd'hui président du Mouvement pour la solidarité et la démocratie.
Source: RFI
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