mardi 25 mai 2010
Burundi : l'opposition demande l'annulation du scrutin, entaché de "fraudes"
L'opposition burundaise a demandé mardi l'annulation des élections communales de lundi, accusant le parti au pouvoir CNDD-FDD du président Pierre Nkurunziza, donné largement en tête, d'avoir orchestré des "fraudes massives".
"Les partis d'opposition rejettent en bloc les résultats provisoires qui ont été proclamés (mardi) par la Ceni (commission électorale) en raison de fraudes massives orchestrées par le parti au pouvoir et qui ont entaché ce scrutin", selon la déclaration signée par huit partis.
Ces derniers demandent à la Ceni d'annuler le scrutin et d'en organiser un nouveau, couplé avec l'élection présidentielle prévue le 28 juin.
"Les gens inscrits pour cette élection étaient au nombre de 3,5 millions mais ceux qui se sont présentés au vote hier approchent les 4 millions", ont dénoncé les partis d'opposition.
Mardi, la vice-président de la Ceni Marguerite Bukuru a confirmé une très forte participation des électeurs, "aux environs de 92 pc".
L'Union européenne, qui a dépêché sur place la principale mission d'observation électorale au Burundi avec 110 membres, a pour sa part prévu de se prononcer jeudi sur la régularité du scrutin.
La contestation du déroulement de ces élections locales par l'opposition burundaise risque de tendre la situation dans ce petit pays d'Afrique centrale qui entamait lundi un marathon électoral censé consolider une paix fragile au sortir d'une guerre civile meurtrière (1993-2006).
Les principaux partis d'opposition au pouvoir figurent parmi les signataires de cette déclaration commune : les les Forces nationales de libération (FNL), le Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD), le Front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU), le Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD) ou encore l'Union pour la paix et le développement (UPD).
Mardi, le parti du président Pierre Nkurunziza arrivait largement en tête dans 57 des 70 communes dont les résultats avaient été dépouillés, sur un total de 129 communes, avec plus de 70% des voix en moyenne, selon des résultats officiels collectés par les médias burundais et confirmés par la commission électorale.
Présenté comme le principal rival du parti au pouvoir, les FNL obtenaient entre 15 et 20% des suffrages, selon ces résultats partiels.
Ce scrutin, sécurisé par l'armée et la police, a donné le coup d'envoi d'un marathon électoral de plusieurs mois avec notamment l'élection présidentielle le 28 juin, pour laquelle M. Nkurunziza est candidat à sa propre succession, et des législatives le 23 juillet.
Les ex-rebellions issues de la majorité hutu du pays, le Conseil national pour la défense de la démocratie - Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) et les FNL, sont considérées comme les deux principales forces politiques du pays.
Le Burundi a basculé dans une guerre civile particulièrement brutale (300.000 morts) en 1993, après l'assassinat par l'armée, alors dominée par la minorité tutsi, du premier président démocratiquement élu, le hutu Melchior Ndadaye.
La population du Burundi -- 8,5 millions d'habitants -- est d'origine hutu à 85%, les Tutsi représentant une minorité. Le système électoral mis en place depuis la fin de la guerre civile prévoit une certaine pondération des résultats en fonction de l'origine communautaire des candidats, dans le but d'éviter de nouvelles tensions.
Le chef des FNL menace de boycotter la suite des élections
Le chef de l'ex-rébellion des FNL Agathon Rwasa a menacé mardi de se retirer du processus électoral en raison des "fraudes massives" dénoncées par l'opposition lors des élections locales de lundi.
"Nous n'acceptons pas ces résultats et la Ceni (commission électorale) doit tenir compte de ce rejet. Sinon, nous n'allons pas accepter de nous ridiculiser en participant à la suite des élections", a déclaré M. Rwasa, qui fait figure de principal adversaire au président Pierre Nkurunziza pour la présidentielle du 28 juin.
"Ils (le parti au pouvoir) n'auront qu'à y aller seuls, puisqu'ils veulent instaurer un monopartisme de fait avec cette mascarade", a-t-il dénoncé.
Les FNL ont signé mardi, avec sept autres parti d'opposition, une déclaration commune dénonçant les "fraudes massives orchestrées par le parti au pouvoir" lors du scrutin de lundi.
Ces huit partis réclament l'annulation du scrutin et demandent à la Commission électorale nationale indépendante la tenue de nouvelles élections communales couplées avec l'élection présidentielle.
Les FNL, créées en 1980, étaient la dernière rébellion encore en activité au Burundi il y a peu et sont devenues un parti politique le 21 avril 2009.
Selon des résultats officiels partiels des élections communales de lundi, elles arrivent en seconde position, très loin derrière le CNDD-FDD du président Nkurunziza crédité dans de nombreuse communes de plus de 70% des voix.
"Je suis plus que déçu par les résultats. Ils divergent de ce que l'on savait sur le terrain et les écarts (de voix) annoncés ne sont pas possibles", a estimé M. Rwasa.
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