Les bureaux de la plupart des hauts cadres de l’Etat (chefs de cabinet, directeurs généraux, directeurs) sont devenus « déserts » depuis le lancement de la campagne pour les communales le 05 mai 2010, ont témoigné, sous couvert d’anonymat, des agents trouvés sur les lieux de travail ces derniers jours par un reporter de la coalition de la société civile pour le monitoring électoral (COSOME) en mairie de Bujumbura.
Les gens qui viennent solliciter des services rentrent bredouilles, ont-ils encore relevé, ajoutant que les documents demandés à des fins administratives restent coincés dans des « signataires » faute de responsable habileté pour les traiter.
« Nous aussi, surtout au cours de l’après midi, nous nous sentons obligés d’emboîter le pas à nos chefs pour fermer les bureaux et rentrer à la maison », a indiqué un agent prestant au ministère des Finances, en précisant que lui et ses collègues se sentent en difficulté de travailler efficacement sans hiérarchie pouvant donner des directives.
Au même ministère, un conseiller évoluant depuis quelques années dans un département déplore que cette situation est préjudiciable au trésor public dans la mesure où « un contingent de fonctionnaires » sera rémunéré en fin de mois pour des journées non prestées.
Sur le plan de la sécurité des personnes, un cadre d’un établissement d’assurance se dit indigné de l’ « irresponsabilité » de certains leaders politiques qui mettent en danger la vie de leurs militants en les embarquant dans des camions normalement assurés pour le transport des biens.
Au-delà de quatre personnes, a-t-il rappelé, les autres passagers à bord de tels véhicules courent le risque de ne pas être couverts par le système d’assurance en cas d’accidents.
Des consommateurs de services dans le secteur de transport déplorent les « spéculations » consécutives à cette situation de campagne en précisant que les prix des bus et autres motos qui empruntent les axes menant à l’intérieur du pays ont connu une ascension fulgurante à cause de « la loi de l’offre qui est inférieure à de la demande ».
Ces moyens de déplacement pour le transport ordinaire vers les axes de l’intérieur du pays « se raréfient », déplorent-ils parce que le gros des bus et motos ont conclu temporairement des « contrats » avec des partis politiques.
Pour un opérateur économique évoluant dans le secteur des « papeteries », le fait qu’on assiste à la « paralysie du système administratif » matérialisé par ces « bureaux déserts » est une forte entrave aux opportunités d’affaires.
Sur le plan économique encore, les gens hésitent à opérer des décaissements ou d’importer pour faire de nouveaux stocks à cause de l’incertitude post-électorale.
Un fonctionnaire qui milite dans une organisation de la société civile locale a déploré, pour sa part, l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat par l’un ou l’autre cadre de parti politique en campagne. Les plus pudiques des fonctionnaires vont jusqu’à camoufler les plaques des véhicules de l’Etat avec des banderoles ou autres moyens déloyaux, selon toujours les témoignages glanés dans l’opinion à Bujumbura.
Toutefois, ont nuancé certains autres citoyens approchés, il n’y a pas que l’impact négatif à cette campagne des secondes élections générales post-conflit au Burundi.
On peut également relever une note positive comme le déroulement de la campagne sans violences électorales notoires.
D’autres observateurs attentifs aux questions politiques nationales notent avec satisfaction qu’à l’allure où vont les choses, les élections qu’on espère « apaisées, transparentes et démocratiques » vont constituer un bon investissement pour asseoir une paix et une stabilité durables dans le pays qui tente d’oublier les affres de plus d’une décennie de guerre civile destructrice des biens et des personnes.
Cela passe obligatoirement par l’implication sincère et patriotique de tous les acteurs politiques nationaux, ceux de la société civile, des médias et de la communauté internationale qui n’a cessé, par ailleurs, d’être au chevet du Burundi pendant la dure et longue période de guerre civile.
Il y a lieu de saluer, au passage, la "synergie des médias" burundais qui ne ménage aucun effort pour informer l’opinion en temps réel de l’évolution du processus électoral depuis le lancement de la campagne des municipales.
Les 15 radios engagées dans la synergie des médias ont aujourd’hui encore les moyens nécessaires pour rééditer l’exploit de 2005 et déjouer toutes les velléités de tricheries électorales, espère-t-on du côté de l’opinion.
Source: COSOME
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