L’un des défis majeurs que les futurs élus seront appelés à relever au Burundi est le chômage des jeunes. De nombreux lauréats d’Universités sont aujourd’hui sans emploi mais selon le professeur Prime Nyamoya, ce fléau n’est pas une fatalité. « Quand vous montez dans la colline, que constatez-vous ? Beaucoup de jeunes sont là, toute la journée, à ne rien faire ou à boire. Et si vous allez aux abords du marché central de Bujumbura, vous trouverez là encore de nombreux jeunes, sortis des universités, battant le pavé dans l’espoir de trouver un quelconque petit travail », fait-il remarquer.
Dans son analyse des causes principales du chômage, cet ancien ADG de la plus ancienne banque commerciale du Burundi (BCB) déplore le faible niveau de croissance économique. « L’économie burundaise n’a pas connu de croissance depuis 1959. Et bien sûr, la situation a été sensiblement aggravée par la crise de 1993. La production du café, principale culture d’exportation, a chuté, passant de 14 kilos en 1959 à 2 kilos par habitant en 2010. Et alors qu’en 1979, le produit intérieur brut du Burundi dépassait celui du Rwanda, il lui est aujourd’hui bien inférieur : 120 dollars contre 360 dollars. Le Burundi se situe désormais parmi les quatre pays les plus pauvres du monde, et 60% de son budget annuel provient de l’aide étrangère », poursuit-il. Un tel effondrement de l’économie n’est évidemment pas favorable à l’emploi.
En outre, il déplore que la politique d’emploi ne figure pas dans les priorités du gouvernement. Ainsi, les 90 millions de dollars de la Banque mondiale distribués sous forme de pécule aux démobilisés auraient pu servir pour créer des entreprises et pour verser des salaires aux démobilisés. Malgré la gravité de la situation, le professeur Nyamoya ne désespère pas. Le pays dispose des zones exploitables : 300.000 hectares de marais à valoriser, sans oublier la modernisation de l’agriculture et de l’élevage. « Beaucoup de pays, riches aujourd’hui, n’étaient-ils pas pauvres naguère, comme le Japon, la Suède, la Suisse, la Corée du Sud ? » s’interroge-t-il.
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