L'inconduite notoire de certains prêtres, qui vivent en concubinage, prennent les femmes de leurs paroissiens et même violent des hommes, heurte de plus en plus les fidèles. Choqués par l'impunité dont ils bénéficient, n'osant pas se plaindre, certains abandonnent l'Église catholique. Témoignages au nord du Burundi.
"Moi et ma femme, nous avons complètement perdu le courage d’aller à l’Église catholique qui nous a fait grandir. Le comportement actuel des prêtres nous a fort déçus", explique amer, Samuel, un ancien fidèle de Ngozi, au nord du Burundi, qui a intégré l’Église protestante il y a six mois, après avoir été violé par un prêtre.
Bien qu'ils se soient engagés au célibat, des prêtres ont plutôt tendance à vivre comme les autres Burundais. Certains ont des femmes et des enfants à l’extérieur de leurs communautés religieuses, construisent des villas ; d'autres convoitent les femmes d’autrui ou ont des relations homosexuelles. Ces comportements ne sont pas vraiment nouveaux, mais aujourd'hui ces abus, qui entachent toute l'Église, se font au grand jour et les fidèles réagissent.
R. s'est converti à la religion musulmane après s'être séparé de sa femme, surprise dans son propre lit avec un prêtre. D'autres fidèles dépriment et se livrent à la boisson, comme cet habitant du quartier Kigarama, dont l'épouse sort avec un prêtre et le néglige. Certains vont jusqu’à douter de la valeur des sacrements donnés par de ces prêtres déviants. "Je vois mal comment un tel homme peut me donner une bénédiction nuptiale alors que lui-même a une femme sans être béni, estime un paroissien de Ngozi. Soit ils nous trompent sciemment, soit ils savent que les enseignements qu'ils prodiguent sont faux." L’impunité dont semblent bénéficier ces prêtres qui s'écartent gravement des règles de l'Église, renforce le malaise des fidèles.
Des hommes riches et puissants
"Nous punissons les prêtres qui dévient du droit chemin en les chassant de la famille", déclarait en mars dernier à la BBC, Monseigneur Evariste Ngoyagoye, du diocèse de Bujumbura. Pourtant, ce n'est pas toujours le cas dans la pratique. S. a été violé par un prêtre homosexuel qui l’avait enivré. Il est allé s'en plaindre à l'évêché, mais des subalternes ont insisté pour que l’affaire se règle à l’amiable. Ils ont simplement exigé du coupable de se prosterner devant le simple chrétien pour lui demander pardon, et ont donné 50 $ à la victime pour garder le secret. Ce prêtre est toujours en service alors que ces méfaits sont connus de presque tous.
Pour les Burundais, ces hommes de Dieu ont reçu une bonne formation. Ils sont riches : ils sont logés, nourris et ont au moins une motocyclette sinon une voiture, dont le carburant leur est payé. Les chrétiens leur doivent des égards comme ils en doivent à l’Église, pensent les fidèles. Aussi rares sont ceux et surtout celles, qui osent leur résister et se plaindre quand bien même ils abusent d'eux. Pourtant, ces hommes d'Église ne bénéficient d'aucune immunité face à la loi. Certaines femmes voient même comme un honneur le fait de coucher avec un prêtre. Une maman a découvert en interrogeant sa fille qu’elle avait couché avec un prêtre. Elle en est restée bouche bée, mais ne pouvait engager un procès avec ces gens de Dieu, "intellectuels" et riches. De nombreux fidèles abusés n’osent pas affronter ces hommes devant une juridiction par crainte d'une malédiction.
Cette conduite sans scrupules est devenue un sujet de discussion courant et les maris sont de plus en plus méfiants, tenant à l'œil leurs femmes ou filles. Valentin, d'une paroisse de Kayanza n'hésite pas à dire : "Si vous voyez un prêtre causer avec votre femme ou votre fille, veillez bien sur elle !"
Source: Syfia Grands-Lacs/Burundi
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